CNRS Le Journal n°236 septembre 2009
CNRS Le Journal n°236 septembre 2009
  • Prix facial : gratuit

  • Parution : n°236 de septembre 2009

  • Périodicité : trimestriel

  • Editeur : CNRS

  • Format : (215 x 280) mm

  • Nombre de pages : 44

  • Taille du fichier PDF : 3,0 Mo

  • Dans ce numéro : Qui sont vraiment les jeunes ?

  • Prix de vente (PDF) : gratuit

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30 ©C. Lebedinsky/CNRS Photothèque/INSU © CNRS Photothèque/Fonds Historique ; A.Cheziere/CNRS Photothèque 8 8 À gauche : un laboratoire de chimie dans les locaux de Meudon, à la fin des années 1930. À droite : le même type de laboratoire, plus de soixante-dix ans plus tard… 9 Dans la France occupée du début des années 1940, cette chambre sans écho fut réalisée par le CRSIM, centre de recherches scientifiques industrielles et maritimes de Marseille, grâce à 400 couvertures cédées par les services de santé de la ville. 10 Restes d’australopithèque découverts en Afrique en 1968 par les chercheurs du Centre de recherches anthropologiques du musée de l’Homme. 11 Haroun Tazieff, le célèbre volcanologue, ancien directeur de recherche au CNRS, prélevant un échantillon de lave dans une coulée de l’Etna. 12 Radiotélescope du site du laboratoire d’astronomie de Bordeaux, qui a été rénové et transformé. Ses données sont à présent mises à disposition du public via une interface web. 12 ZOOM > physico-chimique, avec le chimiste André Job et le physiologiste André Mayer. « Cette volonté de rassembler différentes disciplines marque clairement le début du projet de Perrin », insiste Denis Guthleben. Bien vite, le savant songe à ce que la même démarche pourrait donner à l’échelle du pays… « Il sait qu’elle permettrait une meilleure répartition des moyens et d’en finir avec le financement au coup par coup », ajoute l’historien. En quelques années, Perrin mobilise les « troupes ». Sa « pétition pour la recherche française », qui porte la signature de plus de quatrevingts savants, dont huit Prix Nobel 2, lui permet en avril 1933 de convaincre le ministre de l’Éducation nationale d’établir un Conseil supérieur de la recherche scientifique. Cette instance, sorte de « Parlement de la science » qui représente toutes les disciplines « qui ont joué un rôle […] dans l’évolution de l’Humanité » 3, est la première brique du futur CNRS. La deuxième, créée en 1935, sera la CNRS, Caisse nationale de la recherche scientifique, organisme purement financier chargé d’harmoniser les actions des différentes institutions préexistantes de soutien à la recherche. « L’année suivante, Jean Perrin, devenu sous-secrétaire d’État à la Recherche, crée un Service central de la recherche scientifique qui a le pouvoir de fonder des laboratoires », reprend Denis REPÈRES 19 octobre 1939 Création du CNRS par décret gouvernemental. Dans l’immédiat, il se concentre sur l’effort de guerre. 13 Jean Perrin. © CNRS/Palais de la Découverte 1940 Après la défaite, le CNRS est soumis au régime de Vichy et contraint d’appliquer les mesures anti-juives. © CNRS-Institut Curie 14 1944 À la Libération, Frédéric Joliot-Curie prend la tête du CNRS qu’il veut réorienter vers la recherche fondamentale. Guthleben. Désormais, tout est là pour former le CNRS : une assemblée où débattre démocratiquement des questions scientifiques, une caisse de financement, et un organe gouvernemental d’exécution des décisions. Reste à les rassembler… « Cela n’arrivera qu’en 1939 : avec la déclaration de guerre à l’Allemagne, la nécessité d’unir les forces scientifiques françaises devient impérieuse. » Il faut dire que depuis la défaite de 1918, l’Allemagne a fait fructifier les travaux de ses chercheurs en matière d’armement. Tandis qu’en France, la recherche appliquée ne dispose que d’un Office national des recherches scien- Frédéric et Irène Joliot-Curie. 1958 Avec l’arrivée au pouvoir du général de Gaulle, la recherche est érigée en priorité nationale et le budget du CNRS est doublé en deux ans. 1966 Création des laboratoires associés, ancêtres des unités mixtes de recherche (UMR). Celles-ci connaîtront un immense succès et représentent aujourd’hui la grande majorité des laboratoires du CNRS. 15 © D.Fautret/CNRS 1975 Lancement du premier programme interdisciplinaire de recherches et création du département des Sciences pour l’ingénieur. Signature du premier contrat du CNRS, en tant qu’organisme, avec un gros industriel, Rhône-Poulenc.
© CNRS/CRSIM 9 © CNRS/CRAMH 10 tifiques et des inventions (ONRSI), principalement financé par les recettes du Salon des arts ménagers, et qui s’apparente plutôt à un concours Lépine géant. « Comme l’écrira un journaliste de l’époque, la mobilisation des laboratoires français équivaut à la constitution d’un nouveau régiment », commente l’historien. « Au lieu de les envoyer se faire décimer au front comme en 1914-18… » Le CNRS est créé le 19 octobre 1939. Ses chercheurs ne disposeront hélas que de neuf mois avant la débâcle pour contribuer à l’effort de guerre, en effectuant par exemple la désaimantation des navires français afin qu’ils cessent d’activer les mines magnétiques allemandes à leur passage. Après les heures sombres de l’Occupation, le CNRS sera réorganisé et vivra un très fort développement, surtout dans les années 1960. Jean Perrin reconnaîtrait-il les traits de son « enfant » aujourd’hui ? « Oui, car il a conservé sa mission première : coordonner, faire, et faire faire la recherche. Il a aussi gardé son ambition de s’intéresser à toutes les sciences en stimulant les recherches de pointe, ainsi que son esprit de liberté, souligné l’an dernier par Jean Weissenbach, médaillé d’or du CNRS », 1982 La loi d’orientation et de programmation de la recherche prévoit, entre autres, d’offrir aux chercheurs le statut de la fonction publique qu’ils obtiendront en 1984. 1999 La loi sur l’innovation encourage les chercheurs à créer leur propre entreprise. De nombreuses start-up voient le jour. 2009 Le CNRS dispose d’un budget de plus de 3,3 milliards d’euros. 16 François Mitterrand. © CNRS Photothèque/Fonds Historique © J.P. Couderc/Roger-Viollet analyse Denis Guthleben. « En revanche, le CNRS a bien sûr énormément changé par sa forme et sa taille. » Il est en effet passé d’un millier de personnes et d’une quarantaine de laboratoires essentiellement situés à Paris et Meudon en 1945, à environ 30 000 personnes et 1 100 laboratoires dans toute la France en 2009 ! « Du coup, cela le fait souvent passer pour un organisme trop gros, ingérable, alors que depuis soixante-dix ans il n’a jamais cessé de s’adapter à son contexte et aux attentes placées en lui. Il a subi des échecs, sans aucun doute. Mais ses réalisations, les progrès qu’il a permis et sa contribution à la science durant cette période ont été absolument immenses », conclut Denis Guthleben. Charline Zeitoun 1. Kaiser-Wilhelm-Gesellschaft zur Förderung der Wissenschaften (Société Kaiser-Wilhelm pour le développement des sciences). 2. Parmi eux, citons Henri Bergson (littérature, 1927), Marie Curie (physique, 1903 ; chimie, 1911), Louis de Broglie (physique, 1929). 3. Il s’agit de : mathématiques, mécanique, statistique et astronomie ; physique ; chimie ; biologie ; sciences naturelles ; histoire et philologie ; philosophie et sciences sociales. Christiane Desroches- Noblecourt. 17 CONTACT ➔ Denis Guthleben Comité pour l’histoire du CNRS, Paris denis.guthleben@cnrs-dir.fr © CNRS Photothèque/Fonds Historique/OROP Jean-Marie Lehn. Georges Charpak. 11 © CNRS/CFR © F. Souloy/GAMMA/Eyedea Presse ZOOM 31 13 Jean Perrin, Prix Nobel de physique qui s’est battu pour organiser la recherche française, est considéré comme le « père » fondateur du CNRS. 14 Fréderic Joliot-Curie, ici avec sa femme Irène en 1935, année de leur prix Nobel de chimie. Il fut l’un des tout premiers boursiers de la Caisse nationale de la recherche scientifique, prémisse du futur CNRS dont le chercheur a pris la direction en 1944. 15 Visite du général de Gaulle au laboratoire Aimé Cotton, pilier de la recherche française en physique atomique, mars 1965. Histoire du CNRS de 1939 à nos jours Par Denis Guthleben, Éditions Armand Colin, septembre 2009 À LIRE 16 Après son élection en 1981, François Mitterrand tient sa promesse : les chercheurs deviennent fonctionnaires en 1984. 17 Christiane Desroches-Noblecourt, égyptologue, fut la première femme lauréate de la médaille d’or du CNRS, en 1975. Le chimiste Jean-Marie Lehn (au milieu), récompensé en 1981, obtient le prix Nobel six ans plus tard. Georges Charpak (à droite), ancien élève de Frédéric Joliot-Curie, fut lauréat du prix Nobel de physique en 1992. ➔ Retrouvez toutes les manifestations sur www.cnrs.fr/70ans Le journal du CNRS n°236 septembre 2009



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