CNRS Le Journal n°234-235 jui/aoû 2009
CNRS Le Journal n°234-235 jui/aoû 2009
  • Prix facial : gratuit

  • Parution : n°234-235 de jui/aoû 2009

  • Périodicité : trimestriel

  • Editeur : CNRS

  • Format : (215 x 280) mm

  • Nombre de pages : 44

  • Taille du fichier PDF : 4,7 Mo

  • Dans ce numéro : Un été sur le terrain

  • Prix de vente (PDF) : gratuit

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36 HORIZON Ils ont choisi la France et le CNRS Pablo Gluschankof Un coup de foudre pour la levure Le journal du CNRS n°234-235 juillet-août 2009 Quand j’écoute un tango, je suis ému, naturellement. Mais une chanson de Brel touche aussi mon cœur. Je me sens très en prise avec la culture française et surtout avec Marseille, une ville éclectique qui cultive farouchement sa différence. Or, ce qui me plaît dans le travail comme dans la vie en général, c’est la rencontre avec la différence. » Tout cela dit « avé » l’accent. L’accent argentin s’entend. Car Pablo Gluschankof ne s’est pas départi de ce phrasé latino qui fait le charme des « enfants de Borgès » quand ils manient la langue de Molière. Ce marseillais d’adoption est président et directeur scientifique d’Amikana.Biologics, une spin-off du CNRS née en décembre 2007, spécialisée dans le diagnostic des maladies virales. Et c’est la métropole phocéenne qui l’accueille pour l’heure au sein de l’Unité de recherche sur les maladies infectieuses et tropicales émergentes (Urmite) 1 de la faculté de médecine. Ses premiers pas sur le sol tricolore, se souvient ce biochimiste de 52 ans aux faux airs de Paulo Coelho, remontent à 1982. Après avoir commencé une licence de chimie à Buenos Aires, sa ville natale, au milieu des années 1970 (« Une époque où être jeune dans mon pays était dangereux… ») , puis un master à l’Université de Jérusalem, le voilà qui s’installe à Paris pour sa thèse, avant d’entrer au CNRS en 1985. Direction, ensuite, Stanford University, en Californie. « J’y suis tombé fou amoureux de la levure Saccharomyces cerevisiae, un organisme unicellulaire qui ressemble à une cellule humaine. Il est facile de modifier l’information génétique qu’elle porte pour lui faire fabriquer, entre autres, des protéines d’intérêt thérapeutique qu’elle ne produit pas « naturellement ». » De retour en Europe, Pablo Gluschankof, installé au sein de l’Urmite, recourt à cette « levure, usine à protéines » pour s’intéresser aux mécanismes régissant le bourgeonnement (donc la réplication) du virus du Sida, puis à la résistance de cette engeance aux médicaments antirétroviraux. « En 2003, explique-t-il, j’ai pris pour cible la protéase (un enzyme participant à la synthèse de certaines protéines virales à l’intérieur d’une cellule infectée) du VIH. Et j’ai imaginé une technologie qui permet de déterminer si telle ou telle souche virale est résistante ou non aux médicaments à base d’inhibiteurs de la protéase. Ce procédé consiste à placer des protéines virales dans la levure Saccharomyces cerevisiae, de manière à ce qu’elles se comportent exactement comme dans une cellule humaine infectée et induisent un événement cellulaire de lecture facile, comme leur vie ou leur mort », le tout sans avoir à manipuler des cellules infectées dans un laboratoire du type L3 2. Bingo ! Un brevet est déposé en juin 2004 par le CNRS et l’université Aix-Marseille-II. Désireux BRÈVE de « crever la bulle qui entoure le chercheur », Pablo Gluschankof se laisse peu à peu séduire par l’idée d’endosser les habits de chef d’entreprise. Passée par divers incubateurs et déjà lauréate de plusieurs prix, Amikana.Biologics développe aujourd’hui un kit de diagnostic reposant sur le principe imaginé par son créateur. Objectif : aider les médecins à « prescrire le bon traitement au bon moment » en proposant un test qui détermine d’une manière rapide, fiable et peu coûteuse le caractère résistant ou non des souches du VIH ou du virus de l’hépatiteC. L’homme de la pampa, devenu marseillais de cœur, a suivi une formation en management à HEC en 2006. Il s’attelle également à la conception d’autres produits et plateformes de service ciblant l’amélioration des traitements antiviraux qui seront proposés aux services hospitaliers et à l’industrie pharmaceutique. Le timing idéal ? « Inexistant, puisque idéal, et dépendant de levées de fonds », réplique-t-il. La réalité souhaitée ? Une commercialisation du kit fin 2012. Philippe Testard-Vaillant 1. Unité CNRS/Université Aix-Marseille-II. 2. Laboratoire de confinement pour la manipulation des agents biologiques hautement pathogènes à l’échelon individuel et faiblement pathogènes à l’échelon collectif. CONTACT ➔ Pablo Gluschankof Unité de recherche sur les maladies infectieuses et tropicales émergentes (Urmite), Marseille pablo.gluschankof@univmed.fr Le CNRS se lie à la Bibliotheca Alexandrina Catherine Bréchignac, présidente du CNRS, et le D r Ismail Serageldin, directeur de la Bibliotheca Alexandrina, en Égypte, ont signé le 15 juin dernier une convention cadre pour l’étude et la sauvegarde de la mémoire patrimoniale du Proche et du Moyen-Orient. Cet accord permettra aux chercheurs des deux établissements de travailler ensemble sur plusieurs thèmes tels que la conservation, la fabrication et l’histoire des supports épigraphiques, la numismatique, le patrimoine musical © E. Perrin/CNRS Photothèque de l’Orient… Ce partenariat se concrétisera aussi par la conception de bases de données documentaires en ligne, l’échange de personnels et de matériels ou encore la valorisation commune des résultats des recherches. Cette convention fait suite à la mission effectuée en février dernier en Égypte par Catherine Bréchignac, qui a également permis la mise en chantier de « l’Année de la recherche et de la technologie française en Égypte » pour 2010. > www2.cnrs.fr/presse/communique/1624.htm
GRAND ÉQUIPEMENT Spiral 2 tisse sa toile internationale Pour construire son nouvel accélérateur de particules, le Ganil s’est associé à plusieurs laboratoires à travers le monde, en créant des laboratoires européens (les LEA) et internationaux associés (les LIA). © APRIM Très bientôt, les spécialistes de la physique nucléaire auront de nouveaux objets d’étude à leur programme : des noyaux « exotiques » n’appartenant pas à la liste des quelque 300 éléments stables présents dans notre Univers. Ces derniers devraient être produits en abondance dès 2012 grâce à un nouvel instrument, baptisé Système de production d’ions radioactifs accélérés en ligne 2 (Spiral 2), installé sur le site du Grand accélérateur national d’ions lourds (Ganil) 1, à Caen. La direction des sciences de la matière (DSM) du CEA et l’Institut national de physique nucléaire et de physique des particules (IN2P3) du CNRS pilotent ce grand chantier. Sydney Gales, directeur scientifique adjoint de l’IN2P3 et directeur du Ganil, avec l’aide du chef de projet du CEA Marcel Jacquemet et du coordonateur scientifique de Spiral 2 du CNRS Marek Lewitowicz, s’est mis en quête de partenaires, en Europe et sur les autres continents. Avec succès ! Des équipes polonaises et italiennes ont déjà créé des Laboratoires européens associés (LEA), et le Japon et l’Inde ont confirmé la naissance de Laboratoires internationaux associés (LIA) 2. Des Memoranda of understanding (MoU) ont aussi été signés avec des laboratoires américains. « Nous avons également des accords similaires avec des Allemands, Russes, Roumains et Bulgares, et nous sommes en discussion avec l’Espagne, le Royaume Uni et la République tchèque. Il ne manque sur notre mappemonde des partenariats que l’Amérique du Sud », insiste Sydney Gales. La création de structures comme les LEA et les LIA est assez inattendue dans le cadre de la naissance d’un grand équipement. De fait, plutôt que de se lancer à la recherche de partenaires prêts à s’engager dans l’ensemble du projet, Sydney Gales a préféré opter pour une série de partenariats ciblés, bilatéraux, portant à chaque fois sur un aspect de Spiral 2. Au final, seul le « cœur dur » du nouvel instrument – la sécurité et la sûreté des installations – restera sous la tutelle du CNRS et du CEA. Quant aux autres activités, elles seront prises en charge via les LEA et les LIA. Ainsi, le LEA Copigal, créé en novembre dernier entre l’IN2P3 du CNRS, le Ganil, le CEA et le Consortium des institutions polonaises de recherche dans le domaine de la physique nucléaire (Copin), s’engage dans des activités ciblées autour de trois domaines : développement de détecteurs, étude expérimentale utilisant des faisceaux radioactifs et stables, et recherches dans le champ de la théorie du noyau. Dans cette construction en étoile, chaque laboratoire associé s’engage donc sur une partie du financement, au moins pendant quatre ans, la durée de vie prévue pour les LEA et LIA. Audelà, l’objectif est de réunir l’ensemble de ces partenaires dans un consortium à l’horizon 2012- 2013, quand Spiral 2 démarrera. « Le Ganil a utilisé la palette des outils de partenariat européens et internationaux fournis par le CNRS pour tisser un réseau mondial autour de Spiral 2 », confirme Francesca Grassia, de la direction des affaires européennes du CNRS. « C’est une première. En effet, le réseau en étoile tissé autour de Spiral 2 vise la construction et l’animation d’un grand instrument de recherche, et non pas seulement la collaboration scientifique de laboratoires dans un temps limité et sur un axe donné, ce qui est d’ordinaire le rôle des LEA et des LIA », poursuit-elle. Cette organisation pourrait faire UN GÉNÉRATEUR DE NOYAUX EXOTIQUES HORIZON 37 50 mètres de long et 10 mètres de large… Spiral 2, dans son tunnel situé à 8 mètres de profondeur, sera un petit accélérateur de particules. Mais grâce à lui, les physiciens du Ganil pourront disposer de très nombreux faisceaux de noyaux exotiques, créés par fission de l’uranium. L’enjeu est de taille, car ces noyaux exotiques n’existent plus : ils se sont formés à la naissance de l’Univers, mais leur existence a été brève. Dès que l’Univers s’est refroidi, ils se sont recomposés pour donner naissance aux éléments stables, ceux que nous connaissons aujourd’hui. Leur étude permettra sans doute de reconstituer le chemin de formation des éléments lourds de notre Univers. Et sans doute, aussi, d’explorer une nouvelle physique nucléaire, inconnue. V.L. des émules, et être imitée pour construire et financer d’autres grands instruments européens d’utilité commune. Virginie Lepetit 1. Lire Le journal du CNRS, n°189, octobre 2005. 2. LEA et LIA sont des laboratoires « sans murs » qui formalisent et structurent la collaboration étroite de deux équipes. Ces partenariats de quatre ans peuvent être renouvelés une fois. Installé au Ganil, à Caen, le futur accélérateur de particules Spiral 2 permettra de produire de très nombreux noyaux exotiques. CONTACTS ➔ Sydney Gales IN2P3 du CNRS gales@in2p3.fr ➔ Francesca Grassia Direction des affaires européennes du CNRS francesca.grassia@cnrs-dir.fr ➔ Faiçal Azaiez LEA Colliga (France-Italie) azaiez@ipno.in2p3.fr ➔ Marek Lewitowicz LEA Copigal (France-Pologne) lewitowicz@ganil.fr ➔ Patricia Roussel-Chomaz LIA FJ-NSP (France-Japon) patricia@ganil.fr Le journal du CNRS n°234-235 juillet-août 2009



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