30 ©C.Durand/CCJ/CNRS L’ENQUÊTE Fouilles de la cathédrale de la ville de Riez, dans les Alpes. Il s’agit d’un des plus anciens bâtiments chrétiens de France, construit au V e siècle de notre ère. > – type d’argile, nature des dégraissants… – et peuvent nous renseigner sur leur lieu de fabrication. Grâce à ce type d’analyse, on peut retrouver les circuits d’importation et en déduire les liens commerciaux avec les populations voisines. L’archéologie des dernières décennies, plus que jamais pluridisciplinaire, a vu ainsi émerger de nouveaux métiers », ajoute Sophie de Beaune. Autre raison pour laquelle les archéologues sont si souvent les bienvenus à l’étranger : ils participent à la formation des chercheurs locaux. « Il y a par exemple beaucoup de fouilles menées par des chercheurs français en Russie et en Ukraine durant lesquelles des jeunes de ces pays s’initient à de nouvelles techniques et méthodes d’analyse. Il en va de même en Afrique de l’Est, le long de la vallée du Rift, où la France est présente depuis très longtemps. Récemment, un archéologue éthiopien, formé par Yves Coppens, a découvert un petit australopithèque à quelques kilomètres seulement de la fameuse Lucy, découverte par son professeur, plus de trente ans auparavant. » Peu à peu, au gré des missions des chercheurs en sciences humaines, on découvre la diversité qui caractérise les sociétés humaines actuelles et passées. Diversité qui bien souvent défie nos croyances les plus enracinées et enrichit la connaissance que nous avons de nous-mêmes. Sebastián Escalón 1. Laboratoire CNRS/Universités Paris-III et IV. Le journal du CNRS n°234-235 juillet-août 2009 ➔ OÙ Riez, Alpes-de-Haute-Provence ➔ QUAND du 13 Juillet au 30 août CONTACTS ➔ Sophie de Beaune sophie.de-beaune@cnrs-dir.fr ➔ Jean-François Gossiaux jean-francois.gossiaux@cnrs-dir.fr ➔ CONTACTS Philippe Borgard, borgard@mmsh.univ-aix.fr, Caroline Michel d’Annoville,c.dannoville@laposte.net ➔ POUR EN SAVOIR PLUS http:Ilsites.univ-provence.fr/ccj/ARCHÉOLOGIE EN TURQUIE ARCHÉOLOGIE EN FRANCE Un bain d’histoire dans les Alpes L’un des tout premiers bâtiments chrétiens de France : c’est ni plus ni moins ce que sont en train de dégager des archéologues du Centre Camille Jullian 1, d’Aix-en-Provence. Nous sommes à Riez, petite ville des Alpes-de-Haute-Provence, qui à l’époque romaine, était une capitale de l’empire. Une capitale néanmoins assez modeste car enclavée dans une région montagneuse plutôt excentrée des routes principales. Elle disposait Une cité entre Orient et Occident Sous leurs pieds, treize siècles d’histoire. Une équipe de chercheurs français, avec leurs collaborateurs canadiens et turcs, fouillent les restes de la ville de Xanthos, au Sud de la Turquie. Cette cité, tiraillée depuis sa naissance entre l’Orient et l’Occident, a été fondée par la civilisation lycienne 1 au VI e siècle avant notre ère. Puis, elle a connu tour à tour la domination perse (notamment à l’époque du roi Xerxès), grecque, romaine et finalement, byzantine. Son histoire s’arrête au VII e siècle, stoppée net par un tremblement de terre. Les premières fouilles, réalisées par la France dans les années 1950, avaient permis de mettre au jour une partie très ancienne du site, la ville lycienne. Mais celles-ci s’étaient arrêtées en 1962. Depuis 1996, les archéologues sont de retour afin de révéler toute la richesse et la splendeur du site, qui figure sur la liste du patrimoine mondial de l’Unesco. La campagne en cours, menée par Jacques de Courtils, chercheur à l’université Bordeaux-III, cherche à dégager le centre ville romain de Xanthos. Elle s’intéresse aussi à un secteur particulier en bordure de la ville, où des vestiges lyciens ont été découverts récemment. S’agit-il d’une nécropole antique encore inexplorée, comme le croient les archéologues ? Pour la Turquie, dont le patrimoine archéologique est colossal, ces campagnes de fouilles viennent à point : elles lui permettent de retrouver tout un pan de son histoire qui, sans l’engagement humain et matériel de la France et du CNRS, demeurerait enfoui sous la terre anatolienne. S.E. 1. Habitants de la Lycie, au Sud de la Turquie actuelle, les Lyciens restent assez méconnus. Les plus anciennes traces matérielles de leur existence remontent au VII e siècle avant J.-C. et ne se voient qu’à Xanthos. ➔ OÙ Site archéologique de Xanthos, Turquie ➔ QUAND De juin à août ➔ CONTACT Jacques de Courtils, jdes-courtils@wanadoo.fr ➔ POUR EN SAVOIR PLUS www-ausonius.u-bordeaux3.fr/archeopole/tout de même, au II e siècle de notre ère, de bâtiments publics importants, parmi lesquels des thermes monumentaux dont la façade s’étendait sur 80 mètres de long. Ces bains romains intéressent tout particulièrement les chercheurs. En effet, c’est sur les ruines de ce bâtiment qu’a été aménagé au V e siècle l’un des premiers groupes épiscopaux de France, constitué d’une cathédrale et de son baptistère. Une équipe de chercheurs emmenée par Philippe Borgard et Caroline Michel d’Annoville participe à la restauration de ces bâtiments paléochrétiens. L’idée, à terme, est de construire un jardin archéologique qui mette en valeur cette pièce importante de notre patrimoine antique. S.E. 1. Laboratoire CNRS/Université Aix-Marseille-I. Nécropole Nord-Est de Xanthos, au Sud de la Turquie fondée par les Lyciens au VI e siècle avant notre ère. © Mission de Xanthos |