CNRS Le Journal n°234-235 jui/aoû 2009
CNRS Le Journal n°234-235 jui/aoû 2009
  • Prix facial : gratuit

  • Parution : n°234-235 de jui/aoû 2009

  • Périodicité : trimestriel

  • Editeur : CNRS

  • Format : (215 x 280) mm

  • Nombre de pages : 44

  • Taille du fichier PDF : 4,7 Mo

  • Dans ce numéro : Un été sur le terrain

  • Prix de vente (PDF) : gratuit

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24 © Courtesy of Jeremy Young/The Natural History Museum, London L’ENQUÊTE MISSION TARA OCÉAN Comment les coccolithophoridés, algues unicellulaires entourées d’un squelette calcaire, vont-elles réagir à l’acidification des océans ? Tara Océan apportera peut-être des réponses… ➔ OÙ Dans tous les océans du monde ➔ QUAND De septembre 2009 à 2012 ➔ CONTACT Éric Karsenti, eric.karsenti@embl.de ➔ POUR EN SAVOIR PLUS http:Iloceans.taraexpeditions.org Un tour du monde pour la vie marine « De Lorient, la goélette Tara s’apprête à partir et à gagner la Méditerranée, puis le golfe Arabo-persique, l’océan Indien… Un voyage de trois ans qui débutera en septembre prochain. Son retour est prévu fin 2012. D’ici là, elle aura parcouru la plupart des mers et océans du globe », résume le biologiste Éric Karsenti, chercheur CNRS détaché à l’European Molecular Biology Laboratory d’Heidelberg, en Allemagne, et codirecteur de l’expédition Tara Océan. « Ce périple, qui correspond à près de deux fois le tour de la Terre, passe par des zones très variées du point de vue de leur richesse biologique, de leur biodiversité, de l’impact de l’homme sur l’environnement… En outre, il devrait permettre de toujours naviguer dans le sens des vents portants, ce qui limitera la consommation d’énergies fossiles. » Objectif du voyage : explorer le monde des micro-organismes marins qui composent le plancton, afin de mieux appréhender cet écosystème, méconnu dans sa diversité comme dans son fonctionnement. Des instruments embarqués à bord Le journal du CNRS n°234-235 juillet-août 2009 permettront, tout en faisant route, de collecter, depuis la surface jusqu’à 1000 mètres de profondeur, une foule de données physico-chimiques et biologiques – température, salinité, pH et densité de la biomasse dans l’eau de mer, flux de carbone de la surface vers le fond des océans – et, surtout, de récolter les organismes planctoniques. Protistes (un groupe d’organismes unicellulaires), virus, bactéries, microalgues, microcrustacés, larves d’organismes divers seront conditionnés à bord puis envoyés, lors des escales, aux laboratoires impliqués dans la mission. « Faute de place, Tara ne pourra embarquer que cinq scientifiques, mais ce projet implique un grand nombre de chercheurs à terre, dans le monde entier, et notamment des collègues du CNRS : océanographes, biologistes, généticiens, physiciens… », précise Éric Karsenti. Les dispositifs d’imagerie installés à bord permettront de leur fournir rapidement les premières images des organismes récoltés, avec sans doute, à la clé, la découverte de nombreuses espèces nouvelles. L’objectif est aussi de mieux comprendre les interactions entre océans et climat, et de prédire leur évolution. « Les mers et les océans produisent la moitié de l’oxygène que nous respirons et absorbent 50% des émissions globales de dioxyde de carbone dans l’atmosphère, dont la moitié est d’origine humaine. Ces propriétés sont dues notamment aux organismes planctoniques. Mais les chercheurs manquent de données expérimentales pour comprendre et quantifier le fonctionnement de cette « pompe à carbone biologique », et la manière dont elle réagit aux changements climatiques. Or l’une des grandes interrogations, pour qui tente de prévoir l’évolution du climat, est de savoir comment les écosystèmes planctoniques s’adapteront au réchauffement climatique et à la pollution. » « Toutes les informations obtenues, avec leur position GPS, iront alimenter une base de données intégrée publique, la Bio-Bank, poursuit-il. Elle constituera une référence pour les recherches futures sur l’impact des changements climatiques sur les écosystèmes marins et la « pompe à carbone » océanique. Elle permettra aussi de construire, au fil de la progression du voilier, une « carte fonctionnelle » des océans. Celle-ci sera mise en ligne sur Internet, et permettra une restitution très large des résultats, qui contribuera aussi à sensibiliser le public. » Bon vent donc et bonne « pêche » à la mission Tara Océan. M.L. Avec ses 36 mètres de long, Tara est relativement petite, pour un navire océanographique. La goélette très manœuvrable peut ainsi s’adapter à des conditions de prélèvement difficiles. Tara peut aussi naviguer dans des conditions extrêmes, comme ici dans les glaces de l’Arctique, lors de l’expédition Tara Arctic. © F.Latreille/taraexpeditions.org © F.Latreille/taraexpeditions.org
Cette quête de connaissances est indispensable, puisque « la biodiversité nous est tout simplement vitale. La technologie est, pour l’instant, incapable de remplacer tous les « services » que nous rendent les écosystèmes de la planète », rappelle Bernard Delay. On peut citer l’approvisionnement en eau potable, l’apport de protéines, à travers la chasse, la pêche ou via la pérennisation de nos systèmes agricoles. « Rappelons par exemple que la plupart des plantes cultivées ont besoin de pollinisateurs pour se reproduire. Nous savons également que l’équilibre des sols agricoles dépend de la bonne santé des communautés d’invertébrés et de micro-organismes qui y vivent. En outre, des écosystèmes en bonne santé sont capables de tempérer l’impact des catastrophes naturelles. Le tsunami de décembre 2004 est ainsi venu cruellement rappeler l’importance des mangroves dans la protection du littoral. Enfin, les espèces vivantes constituent un réservoir immense de substances chimiques, dont beaucoup peuvent avoir des vertus thérapeutiques. » Cette manne est aujourd’hui en péril. Avec un taux de disparition d’espèces de 50 à 500 fois supérieur à celui correspondant à une biodiversité stable, la Terre est, vraisemblablement, en pleine « crise d’extinction ». Une crise largement provoquée par l’homme, à coups de destruction des habitats, de surexploitation de la faune et de la flore, d’introduction de prédateurs ou de compétiteurs dans les écosystèmes et de pollutions diverses. Sur vingt-quatre © B.Senut > Le tamisage des sédiments récoltés sur les sites permet de trouver des restes biologiques de petite taille : gastéropodes, graines, fragments de dents… > PALÉONTOLOGIE EN AFRIQUE PALÉONTOLOGIE EN ZAMBIE Safari sur la Pangée À la poursuite de gisements de fossiles, Jean-Sébastien Steyer, du Centre de recherche sur la paléobiodiversité et les paléoenvironnements 1, et ses collègues étrangers ont parcouru le Maroc, l’Algérie, le Niger et la Tanzanie. Aujourd’hui, les scientifiques s’apprêtent à poursuivre leur exploration dans la savane zambienne. « Notre objectif est d’explorer de nouveaux gisements, pour identifier la faune qui vivait au Permien il y a 250 millions d’années, dans différentes régions de la Pangée 2 », explique le paléontologue. En effet, le peuplement de ce continent immense et unique que comptait la Terre à l’époque est surtout connu grâce à deux bassins, Permen Russie et Karoo en Afrique du Sud, qui ont livré des faunes similaires. Il était donc considéré comme homogène, jusqu’à ce que de récentes fouilles dans des sites intermédiaires montrent qu’il n’en est rien. Peut-être dans le bassin de Permde nouveaux fossiles attendent-ils l’équipe qui espère aussi découvrir ce qui conditionnait la biodiversité à cette époque. M.L. 1. Centre CNRS/Museum nat. hist. nat./Université Paris-VI. 2. Continent unique existant à la fin du Paléozoïque (550 à 250 millions d’années) et qui s’est ensuite séparé il y a 200 millions d’années en Laurasie au Nord et Gondwana au Sud. Le Permien constitue la dernière des six périodes du Paléozoïque. ➔ OÙ Ouest du Kenya et Est de l’Ouganda ➔ QUAND Six semaines, en juillet-août ➔ CONTACT Brigitte Senut, bsenut@mnhn.fr ➔ POUR EN SAVOIR PLUS www2.mnhn.fr/hdt203/recherche.htm ➔ OÙ Vallée de Luangwa, Zambie ➔ QUAND Tout le mois de juillet ➔ CONTACT J.-S. Steyer, steyer@mnhn.fr ➔ POUR EN SAVOIR PLUS www.editions-belin.com/ewb_pages/f/fichearticle-la-terre-avant-les-dinosaures-12482.php À la poursuite des primates disparus C’est la piste des grands singes fossiles – ces ancêtres de l’homme actuel et leurs cousins, au Kenya et en Ouganda –, que la paléontologue Brigitte Senut, du Centre de recherche sur la paléobiodiversité et les paléoenvironnements 1, et son équipe vont remonter cet été 2. « Les sites qui nous intéressent sont très complémentaires. De plus, ils ne sont éloignés que d’une centaine de kilomètres, sur une série sédimentaire quasi continue très riche en restes fossiles. Autant en profiter ! », sourit-elle. Au Kenya, les sédiments s’échelonnent de 5,5 à 16 millions d’années. Ils ont déjà livré les restes d’un hominidé de 6 millions d’années. Dans le Karamoja, en Ouganda, les dépôts sont datés entre 17,5 et 20 millions d’années. C’est là qu’en 2008, l’équipe a découvert de nouveaux sites de grands singes fossiles. « Il est fondamental de nous intéresser à ces derniers, afin de mieux comprendre ce qui a favorisé l’émergence des premiers hominidés et l’expression de la bipédie chez eux. Mais si nous décrivons, bien sûr, les caractères morphologiques de ces primates, précise la paléontologue, nous étudions aussi leur environnement, qui nous fournit des clés pour comprendre leur évolution. » M.L. 1. Centre CNRS/Museum nat. hist. nat./Université Paris-VI. 2. Mission financée par le GDRI « Origine des grands singes modernes et des hominidés – Rôle des paléoenvironnements néogènes africains » et par le ministère des Affaires étrangères et européennes (commission consultative des recherches archéologiques à l’étranger). L’ENQUÊTE 25 Pour les paléontologues, la quête de fossiles passe d’abord par la recherche d’affleurements. Ici, lors d’une précédente expédition en Tanzanie, la chasse a été fructueuse. Au premier plan, un os d’amphibien apparaît. Fragment de mandibule d’Ugandapithecus major, retrouvé en Ouganda. Ce grand singe vivait il y a environ 19 millions d’années. Le journal du CNRS n°234-235 juillet-août 2009 © Steyer, 2008 © B.Senut



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