CNRS Le Journal n°233 juin 2009
CNRS Le Journal n°233 juin 2009
  • Prix facial : gratuit

  • Parution : n°233 de juin 2009

  • Périodicité : trimestriel

  • Editeur : CNRS

  • Format : (215 x 280) mm

  • Nombre de pages : 44

  • Taille du fichier PDF : 5,4 Mo

  • Dans ce numéro : La bioéthique en débat

  • Prix de vente (PDF) : gratuit

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4 © J. Chatin/CNRS Photothèque ÉCLATS Deux physiciens français à l’honneur Alain Aspect et Thomas Ebbesen sont les lauréats 2009 des deux prestigieux prix seniors en électronique et optique quantique de la Société européenne de physique. Décernés tous les deux ans, ces prix récompensent des scientifiques du plus haut niveau, l’un pour des recherches fondamentales, l’autre pour des recherches appliquées. Directeur de recherche CNRS, Alain Aspect, également médaillé d’or du CNRS en 2005, s’est vu remettre le prix pour ses travaux fondamentaux en optique quantique et atomique, qui ont ouvert la voie à la révolution moderne du traitement de l’information, de la cryptographie et du calcul quantique. Thomas Ebbesen, professeur à l’université de Strasbourg et directeur de l’Institut de science et d’ingénierie supramoléculaire 1, a, quant à lui, reçu le prix pour ses recherches sur les propriétés optiques des métaux nanostructurés, au carrefour des nanosciences et de la photonique. Les deux lauréats recevront leurs prix le 16 juin prochain lors du congrès World of Photonics, à Munich. 1. Institut CNRS/Université de Strasbourg-I. GUY MÉTIVIER À LA TÊTE DES MATHÉMATIQUES AU CNRS Guy Métivier, 59 ans, a été nommé chargé de mission auprès du directeur général du CNRS, pour la mise en place de l’Institut des sciences mathématiques et leurs interactions (INSMI). Ce professeur des universités de classe exceptionnelle, ancien élève de l’École normale supérieure de Saint-Cloud, Prix Lequeux, puis Prix Servant de l’Académie des sciences, est actuellement directeur de l’Institut de mathématiques de Bordeaux. Il travaille entre autres sur la propagation des ondes non linéaires, sur les ondes de choc, sur les modèles en mécanique des fluides. Le journal du CNRS n°233 juin 2009 © A. Degiron ➔ L’ÉVÉNEMENT Serge Haroche, Médaille d’or 2009 Le physicien Serge Haroche, chercheur au laboratoire Kastler Brossel (LKB) 1, professeur au Collège de France, est le lauréat 2009 de la médaille d’or du CNRS, la plus haute récompense scientifique française. Ce spécialiste de physique atomique et d’optique quantique rejoint ainsi la longue liste d’éminents physiciens du palmarès, notamment Alfred Kastler et Jean Brossel (en 1964 et 1984), qui ont donné leurs noms à son laboratoire, ainsi que Claude Cohen-Tannoudji (en 1996), également Prix Nobel 1997, qui fut son directeur de thèse. Titulaire de 14 prix scientifiques nationaux et internationaux, auteur de plus de 180 publications, le lauréat s’est déclaré « très sensible à cet honneur et à l’opportunité que lui donne le CNRS de promouvoir la recherche fondamentale ». Il souligne également que ses « travaux sont le résultat du travail de toute une équipe ». Serge Haroche a en particulier développé un nouveau domaine, l’électrodynamique quantique en cavité, qui consiste à étudier les interactions entre un atome unique et quelques photons contenus dans une « boîte » ou cavité. La physique de ce système microscopique défie notre intuition classique et ne peut se comprendre que dans le cadre de la théorie quantique. Dès sa thèse, le chercheur s’était d’ailleurs penché sur le concept de « l’atome habillé », décrivant comment un atome interagissant avec un nuage de photons voit ses propriétés fortement altérées par ce couplage. « Ces considérations ont jalonné toute ma carrière », explique Serge Haroche, qui ajoute : « dans mes recherches plus récentes, l’atome est pour ainsi dire « habillé de façon beaucoup plus légère » qu’à mes débuts. Un seul photon ou même une cavité vide suffisent à modifier profondément son comportement ». Ses travaux ont permis de vérifier expérimentalement certains postulats de la physique quantique, en s’inspirant des expériences de pensée imaginées par Albert Einstein et Niels Bohr, qu’il a réussi à réaliser grâce aux progrès récents de la technologie. Les recherches de Serge Haroche pourraient avoir des retombées dans le domaine du traitement quantique de l’information, très riche d’applications potentielles en informatique. Selon Bertrand Girard, directeur scientifique (Institut de physique du CNRS), le lauréat, « chercheur internationalement reconnu », se distingue par « une profondeur de pensée hors du commun et une compréhension exceptionnelle de phénomènes extrêmement complexes ». La cérémonie de remise de la médaille d’or aura lieu en décembre prochain à Paris.C.Z. 1. Laboratoire CNRS/ENS/Université Paris-VI. ©C.Lebedinsky/CNRS Photothèque
©X. Pierre Bruno Laurioux Directeur scientifique Institut des sciences humaines et sociales (INSHS) Pierre Demeulenaere Directeur scientifique adjoint INSHS Bioéthique : des normes à repenser Avec la révision des lois de 2004, les questions de bioéthique se sont installées au centre du débat politique et citoyen en France. Cette actualité brûlante est l’une des conséquences des avancées considérables et rapides que ne cessent d’enregistrer, depuis des décennies, les sciences du vivant et de la santé. Devenue insuffisante pour encadrer des recherches toujours plus audacieuses, l’éthique strictement médicale (telle qu’exprimée par exemple dans le Serment d’Hippocrate ou dans le Code de Nuremberg) s’est élargie en « bioéthique », concept apparu aux États-Unis dans les années 1970. Si les questions que pose la bioéthique figurent désormais parmi les principales « questions de société », elles restent cependant très difficiles à résoudre, comme le montre l’ « Enquête » de ce numéro du Journal du CNRS. Au-delà des cas concrets qu’induisent les pratiques de recherche biomédicales ou ce qu’il est convenu d’appeler l’évolution des mœurs, ces questions renvoient en effet à la conception que l’on peut se faire de la nature humaine. Longtemps, celle-ci a été conçue comme une donnée stable et associée à des attributs clairs. Déjà présente chez le philosophe grec de l’Antiquité Aristote, cette fixité de la nature humaine est devenue un dogme de la théologie chrétienne du Moyen Âge avant de fournir le fondement doctrinal de la pensée des droits de l’homme, conçus comme des droits naturels. DR édito edito ÉDITO Or, deux grands évènements dans l’ordre de la connaissance ont conduit à rompre avec cette idée simple d’une nature humaine fixe. À partir de Descartes, l’homme s’est défini en manipulateur technologique de la matière, ambition transformatrice qui s’est étendue au fonctionnement de l’esprit depuis les découvertes importantes en neurobiologie. La deuxième rupture a été introduite par le darwinisme, qui situait l’espèce humaine comme un moment particulier d’une évolution plus générale, et qui analysait ses traits caractéristiques comme résultant d’une histoire sélective, en transition entre un passé et un futur possible. On peut désormais envisager, sur certains aspects, des modifications de la nature humaine. L’idée de clonage paraît en l’espèce particulièrement spectaculaire, puisqu’elle semble suggérer la possibilité d’entièrement manipuler le vivant – ce qui crée de grands espoirs parmi les malades mais suscite en même temps la crainte de voir ces techniques sophistiquées utilisées à des fins autres que thérapeutiques. Il est donc nécessaire de refondre les normes susceptibles d’encadrer de nouvelles pratiques, afin de définir ce que sont les interventions légitimes sur le vivant. Mais sur quelle base ? La grande source normative des sociétés contemporaines, le principe du consentement individuel – fondé lui-même sur une conception de l’homme naturellement libre, rationnel et capable de déterminer ses choix – fait souvent défaut dès lors qu’il est question d’une modification de la nature humaine, qui peut avoir des incidences sur des individus n’ayant pu exprimer leur choix. S’il est possible à une femme de soixante ans d’avoir des enfants, que penser de l’enfant qui naîtra ainsi, contre les normes « naturelles » mais aussi « habituelles » ? On ne peut évidemment lui demander à l’avance son consentement ! Entre le refus des « dérives » au regard des normes de base de la vie sociale et la confiance dans les « progrès » qui peuvent être réalisés par un dépassement de ces normes, le débat est rude. L’apport des sciences humaines et sociales est ici fondamental : elles nous permettent de penser, comprendre et expliquer l’émergence, l’évolution et la logique de normes aussi indispensables que problématiques. Le journal du CNRS n°233 juin 2009 5



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