CNRS Le Journal n°233 juin 2009
CNRS Le Journal n°233 juin 2009
  • Prix facial : gratuit

  • Parution : n°233 de juin 2009

  • Périodicité : trimestriel

  • Editeur : CNRS

  • Format : (215 x 280) mm

  • Nombre de pages : 44

  • Taille du fichier PDF : 5,4 Mo

  • Dans ce numéro : La bioéthique en débat

  • Prix de vente (PDF) : gratuit

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32 INSITU EUROPE Les enjeux des élections européennes À l’occasion des élections européennes, le Cevipof, centre de recherches politiques de Sciences Po et du CNRS, organise le 18 juin, onze jours après le scrutin, une grande journée d’étude afin de faire un état des lieux de ce que représentent aujourd’hui ces élections et de la place que les Européens leur accordent. Motivations et réflexions de Pascal Perrineau 1, son organisateur. Au-delà du simple fait d’actualité, quelles motivations vous ont poussé à organiser une journée de réflexion, d’échanges et de débats consacrée aux élections européennes, qui se dérouleront du 4 au 7 juin 2009 2, et à l’analyse des résultats ? Pascal Perrineau : Juin 2009 représente une date symbolique pour les élections européennes. En effet, il y a trente ans, le Parlement européen devenait le seul organe de l’Union à être directement élu par tous les électeurs des pays membres. Par conséquent, il devenait l’instance européenne dotée de la légitimité démocratique la plus forte. Cet anniversaire est donc l’occasion de faire un bilan. Depuis la rentrée 2008, le Centre de recherches politiques de Sciences Po s’est mis aux couleurs de l’Europe. Il a réalisé de nombreuses rencontres sur des questions variées telles que « le statut des élections européennes », « les représentations que les Français ont de l’Union européenne et leur évolution », « la place de la France dans la nouvelle Europe élargie », « à quoi servent les élections européennes ? », etc. La journée d’étude du 18 juin en est le point d’orgue. Mais pas seulement ! Elle est aussi une façon de remettre sur le devant de la scène scientifique un objet d’étude trop souvent délaissé. En effet, l’Europe et les élections européennes intéressent moins qu’avant. Peu de travaux, de thèses, d’articles sont réalisés, et les parutions d’ouvrages n’abondent pas. Les recherches actuelles s’orientent davantage vers des sujets ayant trait à des formes de politisation extra-électorales (manifestations, nouveaux modes de mobilisation, protestations politiques…). Le journal du CNRS n°233 juin 2009 Comment peut-on expliquer aujourd’hui ce désintérêt ? P.P. : La recherche n’est pas un milieu hermétique, elle s’aligne sur le manque de passion et de désir de pans entiers de l’opinion publique pour cet évènement. Plusieurs raisons à cela. D’une part, on constate que la confiance dans les institutions de la démocratie représentative décline. Pour la majorité des électeurs, leur voix ne fera pas une grande différence. Beaucoup ne peuvent pas se rendre compte des conséquences directes de leur vote. D’autre part, il existe une méconnaissance particulièrement élevée des institutions européennes dans les opinions publiques nationales et particulièrement en France 3. Or, les institutions européennes ne correspondent en rien aux institutions nationales. Il y a la commission, qui met en œuvre les politiques européennes et est à l’initiative des lois, le conseil des ministres, qui définit les grands axes de la politique de l’Union et vote les lois, le parlement européen, qui certes légifère de plus en plus avec le conseil européen des ministres mais qui ne possède pas les mêmes pouvoirs que le Parlement national… Cette complexité et cette diversité rendent la connaissance difficile, ce qui contribue à éclairer les problèmes d’abstention et d’éloignement par rapport à l’Europe. On ne participe pleinement qu’à des institutions que l’on connaît, que l’on comprend. Pour l’essentiel, les électeurs n’ont pas l’impression de saisir ce que fait le parlement, encore moins ce qu’il fait pour eux. Pensez-vous qu’à travers des rencontres telles que celles que vous organisez, il soit possible de faire bouger les choses ? P.P. : La particulière faiblesse de certaines connaissances françaises sur les mécanismes électoraux de l’Europe politique offre une marge de progression évidente. Et les centres de recherche, mais aussi les associations, les pouvoirs publics ou les médias, peuvent y contribuer. C’est pourquoi cette journée d’étude tentera d’apporter les éléments de base et les informations nécessaires à une meilleure perception du statut et des spécificités des élections européennes. Vulgariser et valoriser l’information scientifique fait partie de notre rôle de chercheur. Cette manifestation, ouverte à tous, s’adresse aussi bien à un public éclairé (chercheurs, étudiants, passionnés de science politique…) qu’au grand public, aux milieux associatifs, à la classe politique, etc. En investissant sur l’objet européen, les centres de recherche ont la possibilité d’apporter leur pierre à la réflexion commune et, pourquoi pas, de porter des propositions ! Même si, bien évidemment, cette tâche relève avant tout des politiques. © Photos : A. Denantes/Gamma/Eyedea Presse Quelle stratégie avez-vous choisi d’appliquer pour toucher le plus grand nombre ? P.P. : Réflexion, analyse, discussion. La journée sera ainsi divisée en trois temps avec comme objectif principal de montrer la part respective du « national » et de « l’européen » dans ces élections. Le premier temps se structurera autour de quatre grandes questions : Les élections européennes ont-elles un enjeu uniquement national ou réellement européen ? Comment expliquer que la participation des électeurs subisse une baisse constante alors que les pouvoirs du parlement européen n’ont cessé de se renforcer depuis l’instauration des premières élections européennes au suffrage universel direct en 1979 ? Un nouvel espace de citoyenneté est-il en train de se construire ? Allons-nous voir se dessiner un nouvel espace politique ? Quant à la seconde partie, elle portera un regard précis sur quatre cas nationaux : un pays de l’Europe des six (1957) représenté par la France, un pays pro-Europe avec l’Espagne, un pays plus eurosceptique comme la Grande-Bretagne et un
nouvel entrant, la Bulgarie. Cet échantillon nous permettra par exemple de dégager les éléments qui participent à l’évolution transnationale ou bien de révéler les spécificités électorales et politiques de chacun. Enfin, la conclusion de cette journée se fera sous la forme d’un débat qui confirmera ou infirmera peut-être l’existence de signes révélateurs d’une européanisation de la vie politique et de la construction d’une Europe politique (la mise en BRÈVE Disparition de Piotr Slonimski place de campagnes communes, l’établissement de programmes supranationaux, les tendances politiques transnationales…). Les thèmes abordés réuniront des chercheurs du Cevipof, des chercheurs associés et des chercheurs venus de plusieurs pays européens. Cette rencontre nous laisse espérer des échanges très riches. Et qu’attendez-vous de cette journée ? P.P. : D’un point de vue scientifique, cette manifestation sera l’occasion de voir si les grilles d’analyse des élections européennes établies par la science politique internationale s’avèrent être toujours opérationnelles. Depuis la fin des années 1970 et le début des années 1980, il existe toute une tradition d’analyses selon lesquelles les élections européennes se jouent essentiellement sur des questions nationales. Lorsqu’une élection européenne intervient entre deux élections nationales, on constate assez souvent qu’elle enregistre un très fort vote anti-gouvernement. À mimandat et/ou en période de crise économique et financière, comme nous le vivons actuellement, il y a souvent ce qu’on nomme un « effet défouloir ». En restant dans l’ombre des enjeux nationaux, elles perdent ainsi beaucoup de leur importance et de leur autonomie. C’est pourquoi la plupart des spécialistes et des responsables politiques les considèrent en fait comme des « élections nationales de second ordre » ou « élections intermédiaires ». Au fond, elles seraient la somme des élections des 27 pays de l’Union. Propos recueillis par Géraldine Véron 1. Directeur du Cevipof et professeur des universités à l’Institut d’études politiques. 2. Plus de 370 millions de citoyens européens sont appelés à voter pour élire les 736 membres qui les représenteront au Parlement européen jusqu’en 2014. 3. La France est le dernier des 27 pays de l’Union en termes de connaissance du mode d’élection des députés européens au suffrage universel direct (source : Eurobaromètre, n°71, janvier-février 2009). CONTACT ➔ Pascal Perrineau Cevipof, Paris pascal.perrineau@sciences-po.fr Le généticien Piotr Slonimski est décédé le 25 avril dernier à l’âge de 87 ans. Directeur de recherche au CNRS depuis 1962 et médaillé d’or de l’organisme en 1985, ce chercheur éminent – membre de l’Académie des sciences – a fortement contribué à l’essor de la biologie moderne en France. Il fut l’un des pères de la génétique mitochondriale et l’un des principaux artisans de la génomique, notamment par sa contribution au séquençage du premier génome eucaryote 1. Fondateur du Centre de génétique moléculaire du CNRS, à Gif-sur-Yvette, il était professeur de génétique à l’université Pierre et Marie Curie, à Paris, où il a créé avec Madeleine Gans le DEA de génétique moléculaire et cellulaire. 1. Organisme dont les cellules possèdent un noyau isolé du cytoplasme et renfermant l’ADN. INSITU Le journal du CNRS n°233 juin 2009 33



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