6 VIEDESLABOS Reportage SYSTÈMES Quoi de neuf au Laas ? Le plus gros laboratoire du CNRS est une référence mondiale dans plusieurs domaines de recherche, comme la robotique. Pour rester au sommet, le labo toulousain, qui a fêté ses 40 ans l’an dernier, s’est lancé de nouveaux défis. Les chercheurs du Laas s’intéressent aux interactions de technologies miniaturisées avec les minuscules éléments du vivant. Application : le diagnostic médical, par exemple. Ici, topographie d’un macrophage humain vu à l’aide d’un microscope à force atomique. En parallèle, le labo toulousain poursuit ses recherches en robotique. Ici, l’humanoïde HRP-2, capable, entre autres, de déplacer des objets encombrants. Savez-vous qu’ici fut créé le premier laboratoire commun entre la recherche et l’industrie 1 ? Et que la première salle blanche 2 de recherche française fut construite ici, dès 1968 ? » Avant de faire découvrir les différentes structures de son laboratoire, Raja Chatila prend le temps de revenir sur les fondations de ce haut lieu de la recherche, où les découvertes se succèdent depuis 41 ans : l’homme est tout simplement à la tête du plus gros laboratoire propre au CNRS, une référence mondiale en matière d’informatique, d’automatique, de microet nanotechnologies, de robotique et d’intelligence artificielle. Le Laboratoire d’analyse et d’architecture des systèmes (Laas) trône discrètement au cœur du campus scientifique toulousain, mais redouble de sécurité : une caméra surveille les entrées et sorties. Et pour cause : ici, l’ensemble des 627 chercheurs, ingénieurs et techniciens innove sans cesse et comptabilise plus de 900 publications par an ! L’historique des plans des lieux affiché dans la salle de réunion de la direction en atteste, le laboratoire s’est agrandi au fil des besoins des dix-huit groupes de recherche. On y voit par exemple une nouvelle large zone dédiée à la « Centrale » : une infrastructure impressionnante et un véritable défi technologique, puisqu’elle abrite une salle blanche de 1 500 m 2 inaugurée en 2006 (lire l’encadré). INTERAGIR AVEC LE VIVANT Dans ce contexte dynamique, une question brûle les lèvres : quelles sont les nouvelles pistes explorées par le Laas ? Raja Chatila se hâte de répondre, ravi : « Il est temps d’approfondir nos savoirs en développant des axes transversaux, notamment en se rapprochant des sciences du vivant avec lesquelles il y a de véritables échanges. » Et pour cause : les systèmes technologiques complexes se conçoivent aujourd’hui aux échelles micro- et nanométriques, celles auxquelles fonctionne le vivant, celles des molécules et des cellules. Ce qui ouvre tout un champ de nouvelles applications pour ces systèmes, allant du diagnostic de maladies aux thérapies. Par exemple, le Laas s’attelle actuellement à un vaste chantier scientifique : la détection d’espèces biologiques (protéines, ADN, cellules mutantes…) pour permettre l’observation des interactions chimiques à très petite échelle et améliorer les diagnostics médicaux. Pour cela, l’équipe d’Aurélien Bancaud développe par exemple depuis un an des nanotubes bien particuliers : on peut y placer des brins d’ADN en cours de réplication et les étudier. Entre autres applications possibles : la détection des altérations de cette réplication lors de cancers. Autre recherche dans les tiroirs du Laas : « D’ici à quelques années, de nouvelles familles de minuscules systèmes d’analyse verront le jour, utilisant les radiofréquences pour détecter les signatures de cellules ou de macromolécules. Ils permettront de repérer leur présence sans les détruire », prédit Anne-Marie Gué, coordinatrice du pôle « Micro- et nanosystèmes » (Minas). Elle enchaîne sur un autre exemple de travail en cours : « un projet de laboratoire sur puce qui serve à l’analyse des globules rouges de patients atteints de paludisme ». Ses travaux utilisent notamment les propriétés dites « diélectriques » des cellules placées dans un liquide : sous l’effet d’un champ électrique, elles se polarisent et se déplacent plus ou moins selon leurs propriétés et leur taille. |