36 HORIZON Ils ont choisi la France et le CNRS Valentina Emiliani La fibre optique Le journal du CNRS n°232 mai 2009 Rendez-vous est donné à l’université Paris Descartes, en plein cœur du quartier de Saint-Germain-des-Prés. Visage souriant et accent chantant, Valentina Emiliani, physicienne de son état, nous mène en trois étages au laboratoire « Neurophysiologie et nouvelles microscopies » (NNM) 1. Son fief. Devant notre regard interrogateur, la jeune femme livre en guise d’explication le mot clé de ses travaux : « l’interface » … entre la physique et la biologie. Voilà près de trois ans que cette spécialiste des propriétés optiques des « semi-conducteurs quantiques » a monté l’une des quatre équipes du laboratoire, grâce au prix European Young Investigator (Euryi) 2005. Objectif : mettre au point de nouvelles techniques de microscopie au service de la neurophysiologie. À 42 ans, cette italienne de souche savoure sa condition de chercheuse… après une trajectoire « non linéaire » de l’Italie à la France. Au départ férue d’architecture autant que de physique, la jeune romaine choisit cette dernière « par attachement familial à la recherche ». La voici en thèse d’optique à l’université de Rome tout en collaborant avec un laboratoire d’optique non linéaire 2 installé à Florence. 1996. Se profile l’opportunité d’un poste en « physique des surfaces » à Rome. « C’était un peu tôt pour moi et surtout, un peu trop éloigné de mon domaine de recherche. » Si elle refuse le poste, elle décide quand même de découvrir la physique des surfaces le temps d’un postdoc à l’Université technique de Berlin. La capitale allemande la séduit, la discipline, moins. Alors retour à ses premières amours, dans un laboratoire berlinois dédié aux tout nouveaux microscopes dits de champ proche, à haute résolution spatiale. Valentina rejoint Florence en 2000. Elle tient « son » idée : appliquer cette technologie de pointe à la biologie. C’est alors que la France surgit dans sa vie via son mari, chercheur et italien lui aussi. « Les choses étaient compliquées car il travaillait en France. » Lassée par quatre ans d’allers-retours incessants, elle opte, en 2002, pour un postdoctorat à l’Institut Jacques Monod, à Paris. Le changement de statut comme le handicap de la langue lui pèsent. Son indépendance lui manque. Ce qui ne l’empêche pas de sonder plus avant le lien physique/biologie, en étudiant les réactions des cellules aux stimulations mécaniques BRÈVE Analyses brésiliennes © H.Raguet/CNRS Photothèque de leur environnement. « Nous utilisons pour cela des pinces optiques 3, dites holographiques. Basées sur des faisceaux lasers particuliers, elles permettent de stimuler les cellules sur les trois dimensions. C’est pendant ce projet que j’ai réalisé que la « manipulation holographique » de la lumière ouvrait sur d’autres applications en biologie. » Arrive l’excellent cru 2005 : un poste au CNRS, et la naissance de son fils. Satisfaite ? Pas totalement. Mener à bien sa thématique nécessite de créer sa propre équipe. Un heureux hasard l’amène alors à croiser Serge Charpak, directeur du Laboratoire de Neurophysiologie et nouvelles microscopies, soucieux de renforcer son pôle physique. Marché conclu. Grâce au budget d’Euryi, Valentina peut investir début 2006 ses locaux, acquérir un équipement optique de pointe et s’entourer de précieux collaborateurs. « Ici, le contact permanent avec les biologistes du labo et leur sensibilisation à la physique permet de partager une langue commune. » Le terreau parfait pour élargir l’utilisation de l’holographie à d’autres applications. Exemple : explorer – dans le temps et dans l’espace – les mécanismes de communication entre les neurones. Une équipe reconnue, une vie parisienne agréable… La France l’a conquise. Même si elle admet qu’un retour en terre natale pourrait, un jour, la tenter. Patricia Chairopoulos 1. Laboratoire CNRS/Université Paris-V. 2. L’optique non linéaire exploite les champs électriques intenses obtenus par les lasers pour modifier les propriétés optiques du milieu traversé. 3. C’est l’utilisation de faisceaux lasers fortement focalisés comme pinces optiques afin de manipuler des cellules ou des petits objets. CONTACT ➔ Valentina Emiliani Laboratoire « Neurophysiologie et nouvelles microscopies » (NNM), Paris valentina.emiliani@parisdescartes.fr Les chercheurs du tout nouveau laboratoire international associé créé au Brésil par le CNRS et l’Universidade Estadual de Santa Cruz veillent au grain ! L’Institut de recherche et d’analyses physico-chimiques (Ifap) va en effet s’assurer – pour l’Amérique latine et la Guyane française – de la qualité des produits d’exportation et d’importation tels que les produits agricoles, les viandes et poissons, ou encore les matières premières. Un des objectifs de l’Ifap sera ainsi de créer un centre de référence associé au Service central d’analyse du CNRS (lire aussi « L’enquête » p. 18). Mais il formera aussi des spécialistes de haut niveau en instrumentation, et développera de nouvelles méthodologies en analyses chimiques et physico-chimiques, pour de nombreux secteurs allant de l’environnement à la médecine, en passant par l’agriculture et les industries chimique et pétrolière. > www2.cnrs.fr/presse/communique/1567.htm |