34 INSITU PROGRAMME À l’origine du son Au centre, un instrument à vent numérique utilisé au cours du programme Consonnes. Il est constitué d’un capteur de gestes qui pilote un logiciel de synthèse sonore reposant sur le fonctionnement des instruments réels. BRÈVE La science entre en Seine Du 26 au 31 mai, la science envahit la capitale ! C’est en effet la 5 e édition du Festival Sciences sur Seine, organisé par la Mairie de Paris et dont le CNRS est partenaire. Une nouvelle fois, le grand public est convié à la découverte des sciences et du patrimoine scientifique parisien, aussi bien dans des salles de spectacles que dans la rue et les jardins publics. Parmi les temps forts du festival : une nuit d’observation du ciel au parc Montsouris, une soirée de projection de courts-métrages scientifiques sur le parvis de l’Hôtel de ville, deux grands débats publics au cloître des Cordeliers Le journal du CNRS n°232 mai 2009 © Ph. Guillemain (voir p. 2), ou encore le 10 e Salon des jeux mathématiques sur la place Saint-Sulpice. Au total, ce sont une cinquantaine de manifestations gratuites et accessibles à tous qui attendent les Parisiens, dont des promenades instructives sur la géologie de la capitale, et des soirées mêlant science et théâtre 1. Franciliens, un autre événement est à noter sur vos agendas : Futur en Seine 2, une grande fête populaire consacrée au numérique. Organisée par la Mairie de Paris, la Région Île-de France et le pôle de compétitivité Cap Digital, elle aura lieu du Le programme Consonnes, auquel participent plusieurs laboratoires du CNRS, s’achève après plus de trois ans d’existence. À la clé : une meilleure compréhension des sons émis par les instruments de musique. Qu’est-ce qui différencie le jeu de Miles Davis de celui d’un trompettiste de fanfare ? Ou celui de Nigel Kennedy d’un violoniste amateur ? Du point de vue artistique, c’est le talent. Du point de vue scientifique, plusieurs éléments, que la trentaine de chercheurs du programme Consonnes 1 ont eu à cœur d’analyser pendant trois ans et demi. Directeur de recherche au Laboratoire de mécanique et d’acoustique (LMA) 2, à Marseille, Jean Kergomard a orchestré les travaux menés avec le Laboratoire « Traitement et communication de l’information » (LTCI) 3 et l’unité « Sciences et technologies de la musique et du son » (STMS) 4, ainsi que des partenaires étrangers. Ce spécialiste du son a les bons mots pour expliquer simplement la teneur du projet : « L’objectif était de comprendre la relation entre les paramètres de jeu d’un instrumentiste et le son produit. » 29 mai au 7 juin à Paris et dans toute l’Île-de-France. À découvrir par exemple : une démonstration par Christian Jacquemin, du Laboratoire d’informatique pour la mécanique et les sciences de l’ingénieur 3, d’un système de « réalité augmentée mobile » : une balade au fil de l’eau dans un univers d’images mouvantes… 1. Retrouvez tout le programme du festival sur www.paris.fr 2. Tous les événements sont sur www.futur-en-seine.org 3. Laboratoire CNRS/Universités Paris-VI et XI. La trompette, le violon, la clarinette et la flûte ont été au cœur des recherches dont les dernières notes se jouent ce mois-ci. Ces instruments à vent et à cordes frottées, dits auto-oscillants, sont complexes à étudier, car l’effet obtenu n’est pas proportionnel à la cause. On parle de non-linéarité. Le son d’une clarinette, par exemple, dépend de l’appui des lèvres sur l’anche et de la pression dans la bouche. Si la démonstration est facilement identifiable à l’oreille, elle ne l’est pas forcément en laboratoire. Surtout lorsqu’il faut composer avec un élément clé : le transitoire. Bien connu des musiciens, ce moment furtif caractérise le début et la fin d’un son. Sans lui, impossible de distinguer une flûte d’un hautbois. Pour décortiquer l’équation sonore de ces instruments, l’équipe du programme Consonnes a donc eu recours à plusieurs artifices. Un contrôleur de souffle par exemple, pour simuler et tester des instruments sur ordinateur en exploitant les derniers modèles physiques de l’équipe. Mais aussi une bouche artificielle, capable de souffler dans une trompette de diverses manières pour obtenir des sons réalistes et reproductibles. Et les résultats sont là. Sur le plan purement acoustique tout d’abord, Consonnes a permis de mieux appréhender ces différents phénomènes, et ainsi de perfectionner les algorithmes de synthèse sonore. En agissant non pas sur le résultat, mais bien en amont, sur les paramètres de jeu. Sur le plan musical ensuite, Consonnes va permettre d’affiner la fabrication de certains instruments, mais va aussi fournir de nouvelles clés pour l’apprentissage de la musique. Dans un avenir plus lointain, Consonnes pourrait aussi contribuer au développement de robots musiciens. Stéphan Julienne ➔ À lire Acoustique des instruments de musique, Jean Kergomard et Antoine Chaigne, éditions Belin, novembre 2008 1. Consonnes est un projet blanc de l’ANR. 2. Laboratoire CNRS/Universite Aix-Marseille-I/Centrale Marseille. 3. Laboratoire CNRS/Éc. nat. sup. telecom Paris. 4. Unité CNRS/Ircam. CONTACT ➔ Jean Kergomard Laboratoire de mécanique et d’acoustique, Marseille kergomard@lma.cnrs-mrs.fr |