CNRS Le Journal n°232 mai 2009
CNRS Le Journal n°232 mai 2009
  • Prix facial : gratuit

  • Parution : n°232 de mai 2009

  • Périodicité : trimestriel

  • Editeur : CNRS

  • Format : (215 x 280) mm

  • Nombre de pages : 44

  • Taille du fichier PDF : 2,5 Mo

  • Dans ce numéro : Les talents cachés de la chimie

  • Prix de vente (PDF) : gratuit

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32 INSITU FONDATION SCIENCES MATHÉMATIQUES DE PARIS Paris, capitale mondiale des maths Avec un effectif de près de 1000 chercheurs, la Fondation Sciences mathématiques de Paris (FSMP), dans laquelle est impliqué le CNRS, constitue le plus grand vivier de mathématiciens au monde. Tout aussi impressionnant que le nombre de ses chercheurs : son niveau d’excellence, couronné par de nombreuses distinctions internationales. Quatre médailles Fields, deux prix Abel 1, quatorze académiciens, cent vingt lauréats de prix nationaux et internationaux, dont trois des onze récompenses remises lors du dernier Congrès européen des mathématiques qui s’est tenu en 2008 à Amsterdam… la Fondation Sciences mathématiques de Paris (FSMP) présente un « tableau de chasse » pour le moins impressionnant. « À plusieurs reprises, les laboratoires de la fondation ont fait mieux en nombre de conférenciers invités au Congrès mondial des mathématiques que les universités de Princeton et Berkeley et le Massachusetts Institute of Technology (MIT) réunis ! Or c’est un critère très reconnu dans notre domaine », annonce avec fierté Jean-Yves Chemin, directeur de la FSMP. Créée fin 2006, celle-ci compte six institutions membres 2, en tout neuf laboratoires parisiens employant pas moins de 1000 chercheurs, soit la plus grande concentration de mathématiciens au monde ! Le CNRS est un des membres fondateurs et représente un quart de cet effectif. À l’origine de la fondation : la volonté de fédérer et de mettre en réseau les mathématiciens de la capitale pour améliorer la visibilité et l’attractivité de leurs laboratoires au niveau national et mondial. Autre spécificité : la FSMP couvre l’ensemble du champ des mathématiques pures et appliquées, ainsi que l’informatique fondamentale. Un choix motivé par une réalité qui se vérifie jour après jour : il n’y a pas de barrière hermétique entre la théorie et les applications. « Les mathématiques ont vu le jour il y a 5 000 ans pour gérer la production et la distribution des biens, on ne peut pas faire plus appliqué », se plaît d’ailleurs à rappeler Jean-Yves Chemin. Le journal du CNRS n°232 mai 2009 © Laetitia le Saux pour CNRS International Magazine LES MATHS SONT PARTOUT En témoignent aussi les travaux des chercheurs de la fondation primés au 5 e Congrès européen des mathématiques qui s’est déroulé le 14 juillet 2008 à Amsterdam. Ainsi, Laure Saint- Raymond, membre du Laboratoire Jacques-Louis Lions 3, s’est vue récompensée, entre autres, pour sa mise en équation des « ondes équatoriales », qui permet de mieux comprendre les phénomènes climatiques très complexes ayant cours à ces latitudes. Son collègue Josselin Garnier a quant à lui reçu un prix pour ses travaux appliqués à la sismologie. « En modélisant le bruit de fond des ondes sismiques présentes dans le sous-sol californien, il est parvenu à cartographier ce soussol nettement plus précisément que ce qui se faisait avant ! », explique Jean-Yves Chemin. Mais bien d’autres domaines nécessitent les maths. Ainsi en est-il de la cryptographie, devenue indispensable, par exemple, pour payer en toute sécurité ses achats par carte bancaire sur Internet. « La théorie des nombres qu’elle met en jeu est un exemple édifiant de mathématiques abstraites au service d’une application pratique », précise le directeur. Les maths font bien partie intégrante de notre vie quotidienne ! C’est pourquoi la FSMP s’est donné pour mission de favoriser les collaborations entre les chercheurs et le monde économique et industriel. Son objectif : devenir un interlocuteur privilégié pour aider les entreprises à identifier leurs besoins à moyen et long terme, puis recruter les mathématiciens de très haut niveau susceptibles d’y répondre. ATTIRER LES MEILLEURS Mais si Paris jouit déjà d’une forte crédibilité en mathématiques, elle ne la conservera qu’au prix d’un réel effort. « Car d’autres villes dans le monde sont en embuscade, telles Pékin ou Bombay, dont le nombre de mathématiciens est en constante augmentation », prévient Jean- Yves Chemin. La Fondation engage donc des moyens conséquents pour attirer la fine fleur mondiale des mathématiciens. Ainsi, une chaire d’excellence destinée à des chercheurs de tout premier rang international vient d’être créée, la seule entièrement dévolue aux maths en France 4. Quinze postdoctorants étrangers peuvent aussi être accueillis chaque année, unique programme « postdoc » de cette envergure pour les mathématiques et l’informatique fondamentale au niveau national. « Pour leur recrutement, un affichage mondial des postes à pourvoir est réalisé au sein de 2 000 institutions ! », déclare Jean-Yves Chemin. Le prix de la Fondation permet d’accueillir pendant un an un jeune mathématicien prometteur, future « vedette » de son sujet. Et les plus grands mathé-
maticiens mondiaux peuvent être invités à Paris pour des séjours de deux à trois mois… Mais la FSMP irrigue aussi le tissu mathématique national en finançant le séjour de mathématiciens provinciaux pour des formations à l’Institut Henri Poincaré (IHP) 5 et pour le séjour de doctorants en province. « Enfin, nous sommes capables de débloquer très rapidement un budget pour accueillir un thésard étranger exceptionnel, ajoute Jean-Yves Chemin. Nous avons ainsi réussi à convaincre un jeune australien prodige que tout le monde s’arrachait. » DONNER LE GOÛT DES MATHS Développer l’intérêt général pour les mathématiques est une autre des missions que s’est fixée la Fondation, même si sa vocation première reste la recherche. Bien que les universités parisiennes soient un peu moins touchées que la moyenne, la pénurie d’étudiants est un phénomène alarmant. La FSMP a donc décidé de créer « Paris Graduate School of Mathemical Sciences », un programme de bourses de master et de thèse destiné aux étudiants étrangers. « Notre objectif est d’accueillir 20 étudiants au niveau Master 1 dès la rentrée 2010, puis de passer à 50 élèves », annonce le directeur. Parallèlement, la Fondation mène un gros effort de communication et de vulgarisation, comme en témoigne son site internet. Pourvu qu’elles soient bien expliquées, les maths, ce n’est pas si sorcier ! Jean-Philippe Braly ➔ À voir www.sciencesmaths-paris.fr 1. La Médaille Fields et le prix Abel sont deux récompenses qui viennent pallier l’absence de prix Nobel en mathématiques. La première est remise tous les quatre ans à un ou plusieurs chercheurs de moins de quarante ans. Le prix Abel est attribué tous les ans. Il a été remis cette année à Mikhaïl Gromov membre de l’Institut des hautes études scientifiques (IHÉS), à Bures-Sur-Yvette (lire « Éclats », p. 3). 2. CNRS, École normale supérieure, université Paris-Diderot, université Pierre-et-Marie-Curie, université Paris-Dauphine, Collège de France. 3. Laboratoire CNRS/Université Paris-I. 4. Cette chaire permet de financer un séjour de douze mois pour un mathématicien étranger de tout premier plan. Le lauréat dispose d’un budget pouvant atteindre 68 000 € et d’un salaire de 6 200 € nets par mois. 5. Institut CNRS/Université Paris-VI. CONTACT ➔ Jean-Yves Chemin Fondation Sciences mathématiques de Paris (FSMP) chemin@ann.jussieu.fr © N. TIget/CNRS Photothèque PROSPECTIVE L’institut de mathématiques sur les rails Quelle sera la mission de l’Institut des sciences mathématiques et de leurs interactions (INSMI) ? J.-M. Gambaudo : Sa mission fondamentale sera de maintenir les mathématiques françaises au sommet de la compétition mondiale, au sein de laquelle elles occupent le deuxième rang, derrière les États-Unis. Une des raisons de ce succès est le partenariat fructueux entre recherche et formation qui s’exprime aujourd’hui dans nos 47 unités mixtes de recherche (UMR) françaises et nos 6 unités mixtes internationales (UMI), qui favorisent la mobilité des mathématiciens français à l’étranger et le partage de compétences internationales. L’INSMI doit renforcer la structure de ce tissu et l’étendre à l’ensemble des acteurs de la discipline de tous les centres impliqués dans la recherche mathématique. Grâce à l’INSMI, les mathématiques disposeront-elles de moyens plus importants ? J.-M.G. : Oui. La présidente du CNRS, Catherine Bréchignac, a annoncé le doublement du budget, et le ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche doit apporter une contribution supplémentaire. Cela permettra, alors que les universités deviennent autonomes, de disposer malgré tout d’une structure nationale apte à maintenir une forte cohérence de la discipline. Elle apportera ainsi aux universités une expertise indiscutable, en évitant l’isolement de certains ou la mise en concurrence stérile d’autres. Enfin, ces moyens accrus permettront de répondre aux immenses sollicitations que les mathématiques suscitent aujourd’hui de la part des autres disciplines scientifiques (physique, informatique, mécanique, biologie, économie, etc.) et de la société (statistiques, mathématiques financières, etc.). Est-ce le couronnement de la politique efficace menée jusqu’ici par les acteurs de cette discipline ? J.-M.G. : Absolument. Les responsables scientifiques successifs des mathématiques au CNRS ont mené depuis une Entretien INSITU Jean-Marc Gambaudo, chargé de mettre en place le nouvel Institut de mathématiques du CNRS, nous explique la politique menée pour valoriser cette discipline dans laquelle la France excelle. vingtaine d’années une politique originale qui est maintenant clairement reconnue. La clé de voûte de cette politique est l’indissociabilité de la recherche et de la formation. Nous avons aussi développé une politique de structuration nationale en connexion avec tous les établissements, au lieu de nous concentrer sur un petit nombre de laboratoires d’excellence. Il nous semble clair que la variété des thématiques en mathématiques et la diversité de leurs interactions imposent une structure de ce type. Cette politique s’appuie aussi sur la mobilité des chercheurs, qui permet de maintenir une qualité élevée de la recherche jusque dans les plus petits centres de notre réseau de laboratoires. Comment poursuivre cette politique ? J.-M.G. : Il faudra notamment créer de nouvelles équipes en concertation avec les universités. Stimuler la recherche par des financements rapides de projets, que ce soit en mathématiques fondamentales ou sur des sujets interdisciplinaires qui répondent à des appels d’offres. Il faudra aussi adapter notre réseau au projet du gouvernement qui souhaite réorganiser les sciences fondamentales autour de grands centres. Pour cela, nous proposons la création de fédérations régionales. Bien sûr, il conviendra aussi de coordonner nos grands équipements : le Centre international de rencontres mathématiques, l’Institut Henri Poincaré (IHP), l’Institut des hautes études scientifiques (IHÉS), le Centre international de mathématiques pures et appliquées. Enfin, l’INSMI devra devenir le vecteur des mathématiques françaises à l’étranger et prendre en charge les programmes de coopération internationale. Propos recueillis par Charline Zeitoun CONTACT ➔ Jean-Marc Gambaudo Institut des sciences mathématiques et de leurs interactions (INSMI), Paris jean-marc.gambaudo@cnrs-dir.fr Le journal du CNRS n°232 mai 2009 33



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