CNRS Le Journal n°232 mai 2009
CNRS Le Journal n°232 mai 2009
  • Prix facial : gratuit

  • Parution : n°232 de mai 2009

  • Périodicité : trimestriel

  • Editeur : CNRS

  • Format : (215 x 280) mm

  • Nombre de pages : 44

  • Taille du fichier PDF : 2,5 Mo

  • Dans ce numéro : Les talents cachés de la chimie

  • Prix de vente (PDF) : gratuit

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30 © Photos : Programme TA KEO/LGPE GEOLAB 10 13 ZOOM 11 10 L’éponge de contact est une technique mise au point par des conservateurs de Florence, qui permet d’évaluer la perméabilité de la pierre. Si l’eau – principal vecteur d’altération – reste en surface, dans l’éponge, c’est que la roche est en bonne santé. 11 Les capteurs de température et d’humidité permettent de définir le niveau de stress climatique auquel est soumis un temple dégagé de la forêt. Ces capteurs sont placés à divers endroits du temple pour mettre en évidence des différences de comportement thermique liées à la microtopographie des moulures. Ils restent actifs tout au long de l’année. 12 et 13 Sous la forêt, dans une ambiance relativement humide, des lichens blancs, gris et verdâtres colonisent la pierre monumentale et la protègent en retenant l’eau en surface. Ils forment un écran protecteur qui s’interpose entre les agents atmosphériques et la pierre des monuments. Le journal du CNRS n°232 mai 2009 > 12 d’Extrême-Orient (EFEO), notamment par l’architecte Jacques Dumarçay en 1967, s’ajoutent les banques d’images conservées au musée Guimet et dans les collections privées. « Ces photographies anciennes nous montrent le temple avant et après son dégagement. En les comparant avec nos propres relevés, il devenait possible de quantifier visuellement la dégradation du temple et de mesurer l’impact du stress climatique subi en un siècle. » Munis de ces atouts, les chercheurs de Geolab ont donc programmé six missions de terrain, échelonnées entre 2008 et 2012, et commencé à estimer les surfaces et volumes détériorés grâce à des équipements cofinancés par le CNRS, l’université Blaise Pascal et la Maison des sciences de l’homme (MSH) de Clermont-Ferrand. Franck Vautier et Olivier Voldoire, formés aux nouvelles techniques de spatialisation 3D, ont lancé en 2008 une première campagne de mesures sur le premier niveau est de la pyramide centrale. « Car c’est pour ce niveau que l’équipe dispose de la documentation iconographique la plus riche grâce à des clichés dont les plus vieux remontent à 1905 », explique Marie-Françoise André. Tout d’abord, la photogrammétrie permet de corriger les déformations des photographies prises avec des luminosités, des définitions et des focales différentes, avant de les intégrer dans un référentiel métrique. Grâce à cette technique, les différents clichés pris sur la période 1905-2008 deviennent parfaitement superposables. L’équipe peut alors mesurer les surfaces dégradées et reconstituer le « tempo » de la dégradation contemporaine de la pierre. Parallèlement, les ingénieurs utilisent un balayage laser des surfaces ornementées pour obtenir une modélisation en 3D à très haute définition (300 micromètres) des motifs sculptés et une estimation volumétrique des parties érodées. Mais l’équipe exploite aussi d’autres techniques, comme celle du monitoring climatique : des capteurs de la forme d’une pile bouton, placés à différents endroits du temple, sont programmés pour prendre simultanément des mesures de température et d’humidité afin de déceler une influence des agressions climatiques en fonction de l’exposition de la pierre. Ces résultats, comparés à ceux d’autres capteurs fixés sur un temple enfoui sous la jungle, ont déjà révélé que les variations climatiques étaient bien plus faibles sous l’épaisse végétation. D’après l’analyse des photographies, le dégagement du temple de la forêt aurait même décuplé la vitesse de détérioration des sculptures. À terme, l’équipe de Geolab espère aboutir à un scénario prédictif d’aggravation des dommages et participer à la définition de stratégies de gestion durable du parc archéologique d’Angkor. Ne serait-ce qu’en plaidant pour le maintien ou la restauration d’un écran forestier protecteur autour des temples. Une telle proposition rencontre d’ailleurs depuis peu un écho favorable auprès de l’Apsara. Car les visiteurs eux-mêmes viennent en grande partie pour admirer ce mariage inédit de l’arbre et de la pierre. Faire table rase de la forêt d’Angkor reviendrait donc à tuer la poule aux œufs d’or. Camille Lamotte 1. Laboratoire CNRS/Université de Limoges/Université de Clermont-Ferrand-II. CONTACT ➔ Marie-Françoise André Laboratoire de géographie physique et environnementale (Geolab), Clermont-Ferrand m-francoise.andre@univ-bpclermont.fr
Sébastien Candel Physicien Tout feu tout flamme Dans le monde, Sébastien Candel est l’un des plus éminents spécialistes de la combustion. Il croule littéralement sous les distinctions : médaille d’argent du CNRS en 1993, grand prix Marcel Dassault en 2000, élu membre de la National Academy of Engineering des États-Unis cette année, etc. Alors de prime abord, la discrétion de ce chercheur du Laboratoire d’Énergétique moléculaire et macroscopique, combustion (EM2C) du CNRS tranche avec son impressionnant CV. Surtout, on n’imaginait pas en quoi la compréhension de la dynamique et de la structure des flammes, auxquelles il se consacre depuis trente ans, était si cruciale… « Songez que la combustion est à la base de la civilisation, et que la découverte du feu puis la maîtrise de l’allumage ont changé la face du monde », insiste-t-il. Mais si nous savons faire feu de tout bois, de charbon, de gaz ou de pétrole, depuis des centaines ou des milliers d’années, jusqu’à produire de la sorte près de 85% de notre énergie aujourd’hui, nous sommes encore loin de maîtriser toutes les complexités de la combustion. En somme, brûler c’est bien, mais bien brûler, ce serait mieux. Voilà donc le cheval de bataille de notre homme… « Il faut notamment assurer la stabilité de la combustion, explique Sébastien Candel. Une flamme instable peut en effet faire grimper la température des parois de la chambre de combustion, entraînant sa dégradation avec des conséquences parfois dramatiques. » De plus, bien brûler, c’est aussi polluer moins, poursuit le chercheur, soucieux de ces questions. Comprendre les flammes, les modéliser puis les simuler numériquement pour parvenir à les maîtriser, est donc son obsession constante. Tout juste s’accorde-t-il un jogging quotidien et quelques concerts de jazz ou de musique classique. Et quand il s’échappe de son laboratoire quelques jours, c’est pour emmener ses étudiants de l’École centrale de Paris (ECP) en séminaire aux sports d’hiver ! « Nous skions la journée et je fais cours le soir, c’est très sympathique, s’enthousiasme-t-il. L’enseignement est une activité très noble dans laquelle je m’implique beaucoup. » Justement, on ne compte plus les « Songez que la combustion est à la base de la civilisation, et que la découverte du feu puis la maîtrise de l’allumage ont changé la face du monde. » « têtes pensantes », passées entre ses mains ou celles de ses collègues de l’ECP, et qui sont aujourd’hui devenues leaders dans les entreprises ou dans la recherche. Comment Sébastien Candel, qui depuis ses dix ans affirmait sa vocation d’ingénieur, est-il devenu ce parangon de l’enseignement ? Comment ce centralien, diplômé en 1968 à tout juste 22 ans, une voie dans l’industrie toute tracée, s’est-il découvert une passion pour la recherche ? « Grâce à une école d’été de physique spatiale, organisée en Italie par l’agence spatiale européenne, et que j’ai suivie avant de finir l’ECP », racontet-il les yeux rieurs. En même temps que sa dernière année, il suit donc un DEA de physique des plasmas et enchaîne avec un doctorat au California Institute of Technology sur les thèmes de la propulsion et de l’aéroacoustique. À son retour, il complète ce cursus par une thèse d’État en France, alors indispensable pour devenir enseignant-chercheur. Depuis, ce maître ès combustion, également professeur à l’Institut universitaire de France, a inscrit à son palmarès 160 publications scientifiques dans des revues internationales. En 2005, il est lauréat du prestigieux « Pendray aerospace literature award » de l’American Institute of Aeronautics and Astronautics. Très impliquée RENCONTREAVEC 31 dans l’Initiative sur la combustion avancée (Inca) 1, son équipe travaille aussi depuis les années 1990 sur la combustion dans les moteurs utilisés sur les lanceurs Ariane. « Grâce à notre analyse de la structure des flammes, nous avons déterminé les critères de stabilisation (géométrie de l’injecteur, longueur de flamme, etc.) pour que la combustion du mélange d’oxygène liquide et d’hydrogène gazeux n’ait jamais lieu à l’extérieur du moteur. Sans quoi, la fusée perdrait le bénéfice de la poussée produite… », explique-t-il fièrement. Au final, pas un moteur de voiture, d’avion ou de fusée, pas une turbine à gaz ou une chaudière domestique qui ne bénéficie de ces recherches. « Ces technologies étaient initialement assez empiriques. La description physique fine de ce qui se passe dans la chambre de combustion est bien plus récente et c’est un élément essentiel pour progresser », songe-t-il, déjà reparti dans ses réflexions enflammées… Charline Zeitoun 1. Projet signé en 2002 entre Snecma, l’Onera et le CNRS. CONTACT ➔ Sébastien Candel Laboratoire d’Énergétique moléculaire et macroscopique, combustion (EM2C), Châtenay-Malabry candel@em2c.ecp.fr Le journal du CNRS n°232 mai 2009 © M. Roux/CNRS Photothèque



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