CNRS Le Journal n°232 mai 2009
CNRS Le Journal n°232 mai 2009
  • Prix facial : gratuit

  • Parution : n°232 de mai 2009

  • Périodicité : trimestriel

  • Editeur : CNRS

  • Format : (215 x 280) mm

  • Nombre de pages : 44

  • Taille du fichier PDF : 2,5 Mo

  • Dans ce numéro : Les talents cachés de la chimie

  • Prix de vente (PDF) : gratuit

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28 © J-P. Garcin/AFP/PHOTONONSTOP © Programme TA KEO/LGPE GEOLAB 1 2 ZOOM Le journal du CNRS n°232 mai 2009 ARCHÉOLOGIE Sous la forêt, LES PIERRES Chaque année, plus d’un million de touristes viennent admirer les temples d’Angkor, au 3 Cambodge. D’immenses aménagements permettent de circuler entre les monuments de l’ancienne capitale millénaire des souverains khmers. Mais un problème se pose : sans la forêt tropicale qui les a protégés durant des siècles, les temples sont soumis aux agressions atmosphériques qui accélèrent leur dégradation… Un phénomène que des chercheurs français se chargent d’ausculter sur le terrain. © L Bourbon/Archivio White Star
4 Depuis 2006, c’est le même rituel. Chaque année, l’équipe du Laboratoire de géographie physique et environnementale (Geolab) 1 de Clermont-Ferrand, spécialisée dans l’étude des phénomènes d’érosion de la pierre, profite de la saison sèche en décembre pour repartir à Angkor effectuer des mesures sur le temple-montagne de Ta Keo. Après trois missions sur le terrain, les chercheurs n’en reviennent toujours pas. « C’est une chance exceptionnelle de travailler sur ce site inscrit au Patrimoine mondial », s’extasie Marie-Françoise André, professeur de géographie physique à l’université Blaise Pascal. Il faut dire que l’immense cité de pierres ciselées qui s’étendait alors sur 400 km 2 – et 3000 km 2 si l’on inclut ses environs cultivés – reste la plus large agglomération édifiée par l’homme avant l’ère industrielle, surpassant les vestiges mayas et chinois. À son apogée, cette capitale de l’empire accueillait entre 500 000 et 1 million d’habitants ! Mais aujourd’hui, le paysage semble tout droit sorti d’une adaptation de Lara Croft ou de La belle au bois dormant, version khmère. Et porte encore les stigmates organiques d’un sommeil long de plusieurs siècles. Dans certains temples, de volumineux tentacules végétaux enserrent les linteaux des portes de pierre, s’insinuent entre les bas-reliefs et font exploser divinités et danseuses finement sculptées. Mais les chercheurs de Geolab, eux, s’intéressent davantage à une autre forme d’érosion, plus sournoise et plus rapide, qui guette cette fois les temples dégagés : celle due au vent, aux pluies, aux rayons solaires et autres acteurs atmosphériques. 7 8 Bien sûr, avant d’effectuer le moindre relevé, il a fallu montrer patte blanche auprès de l’Unesco et de l’Autorité pour la protection du site et l’aménagement de la région d’Angkor (Apsara). Et surtout, dénicher le temple « idéal », parmi une vingtaine de monuments … « Ta Keo a retenu notre attention dès 2006 car il n’avait subi aucune transformation ni restauration depuis sa construction en l’an mil, ce qui était inespéré ! » Après son abandon vers 1280, la jungle a rapidement recouvert le temple, qui est resté ainsi endormi pendant six siècles, avant d’être dégagé vers 1920. Depuis, Ta Keo, directement exposé aux rayons du soleil, aux pluies de mousson et au tourisme, ne cesse de se détériorer… Mais, outre son érosion importante, une autre particularité a pesé dans le choix de ce temple : Ta Keo a une histoire étonnamment bien documentée. Aux études architecturales, stylistiques et épigraphiques conduites par l’École française 9 5 6 > © Photos : Programme TA KEO/LGPE GEOLAB ZOOM 29 1 2 La forêt protège les temples encore enfouis du soleil brûlant et des pluies de mousson. 3 Dégagé vers 1920, le temple de Ta Keo, objet d’étude de l’équipe, n’a cessé de se dégrader depuis. 4 En février 2008, 200 points de référence ont été mesurés à la station à visée laser, afin de restituer en 3D la topographie de la zone. Le rendu photogrammétrique permet ensuite de rendre exploitables des photographies anciennes et de calculer les surfaces érodées pour chaque date. 5 La lasergrammétrie sert à obtenir une mesure précise et un suivi des cicatrices d’érosion. Positionné sur un trépied, le laser scanner à courte portée et haute résolution requiert une faible intensité lumineuse, ce qui nécessite la mise en place d’une bâche occultante. 6 Sur un pétale de lotus ciselé dans le grès, a été apposée une gommette rouge, utilisée comme point de référence en photogrammétrie. 7 Des bas-reliefs millénaires se sont rapidement écaillés à la suite du dégagement du temple de la forêt. En témoigne cette cicatrice d’érosion, qui s’est agrandie au long du XX e siècle. 8 La campagne de balayage laser 2008 a permis de visualiser en 3D l’état actuel de dégradation des moulures (à gauche) et de le confronter avec l’état initial de celles-ci, reconstitué à partir de rares secteurs demeurés intacts (à droite). 9 L’érosion affecte les basreliefs de différentes manières. Ici, il s’agit de craquelures radiales, qui constituent la première étape d’un processus de dégradation s’achevant par la formation de spectaculaires cicatrices d’érosion atteignant jusqu’à 1 mètre de long et 30 centimètres de large. Le journal du CNRS n°232 mai 2009



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