CNRS Le Journal n°232 mai 2009
CNRS Le Journal n°232 mai 2009
  • Prix facial : gratuit

  • Parution : n°232 de mai 2009

  • Périodicité : trimestriel

  • Editeur : CNRS

  • Format : (215 x 280) mm

  • Nombre de pages : 44

  • Taille du fichier PDF : 2,5 Mo

  • Dans ce numéro : Les talents cachés de la chimie

  • Prix de vente (PDF) : gratuit

Dans ce numéro...
< Pages précédentes
Pages : 14 - 15  |  Aller à la page   OK
Pages suivantes >
14 15
14 INNOVATION PARTENARIAT Essilor voit plus loin avec le CNRS Le leader mondial des verres ophtalmiques s’associe au CNRS depuis plus de trente ans pour mettre au point des innovations. Jean-Luc Schuppiser, directeur R&D d’Essilor International 1, nous dévoile les secrets de cette collaboration fructueuse. Essilor investit 30% de son budget R&D dans des recherches menées par des partenaires extérieurs, dont le CNRS. Pourquoi un tel engagement ? Jean-Luc Schuppiser : Notre industrie n’a pas les moyens de mener elle-même sa propre recherche fondamentale. Nous sommes donc très attentifs aux recherches développées dans les autres secteurs, afin d’adapter à nos besoins les nouvelles techniques qui en sont issues. En effet, Essilor n’est l’inventeur que de 20% des technologies qu’elle utilise ! À titre d’exemples, les verres plastiques proviennent des techniques d’injection mises au point par les plasturgistes ; et les verres antireflets sont issus du procédé de dépôts d’oxydes par évaporation sous vide développé dans la microélectronique. Reste ensuite à effectuer un important travail d’adaptation à nos propres contraintes de ces technologies extérieures. Le CNRS et Essilor partagent un laboratoire commun dénommé « Pix-Cell ». Sur quoi travaille-t-il ? J.-L.S. : Pix-Cell regroupe des chercheurs d’Essilor et du Laboratoire d’analyse et d’architecture des systèmes (Laas) du CNRS, près de Toulouse (lire p. 6). Ils y développent une nouvelle génération BRÈVE Les transferts technologiques récompensés Trois équipes du CNRS ont reçu le 12 mars dernier le prix de la valorisation de l’IN2P3, catégorie « Transfert de technologie » : celle de Jacques Pelletier, du Laboratoire de physique subatomique et de cosmologie, à Grenoble, pour ses travaux sur les sources d’ions et de plasmas, et celles de Marc Winter, de l’Institut pluridisciplinaire Hubert Curien, à Strasbourg, et de Rémi Barbier, de l’Institut de physique nucléaire de Lyon, pour leur développement de nouveaux détecteurs. > http:Ilvalorisation.in2p3.fr/spip.php ? article93 Le journal du CNRS n°232 mai 2009 de verres digitaux totalement révolutionnaires. Jusqu’ici, l’intégration de propriétés optiques, mécaniques, antireflets, antisalissures, antirayures… se faisait par dépôt de couches successives sur le verre des lunettes. Pix-Cell développe une tout autre approche. Fortes des compétences en microtechnologie du Laas, ses équipes tentent non plus d’intégrer ces propriétés par couches, mais par points, dans une logique de pixellisation. Chaque point est une microcuvette indépendante réalisée par une technique dite de photolithographie 2 et encapsulant des matériaux spécifiques apportant telle ou telle propriété. Dans le domaine de l’optique, nous sommes les seuls à développer cette technologie prometteuse qui permettra de multiplier à l’infini la personnalisation des verres ! Nous espérons un premier lancement commercial d’ici à 2010 ou 2011. Quelles autres formes prennent les échanges entre Essilor et le CNRS ? J-L.S. : Tout comme le laboratoire Pix-Cell, les autres échanges entre Essilor et le CNRS sont régis par un accord cadre de collaboration en cours de renouvellement. Celui-ci prévoit le partage de moyens humains et financiers afin de développer des recherches innovantes dans le domaine de la vision et des composants optiques. Nous participons ainsi au financement d’une vingtaine de projets menés avec des chercheurs du CNRS, ce qui représente environ 5% de notre budget recherche et développement. L’accord nous permet aussi d’accéder à certains instruments très spécifiques du CNRS, tels que ses installations de résonance magnétique nucléaire ou ses instruments d’analyse très pointus. Mais ce partenariat ne date pas d’hier ! En effet, depuis sa création en 1972, notre société a toujours étroitement collaboré avec le CNRS. Et pour l’anecdote, bien avant mon entrée chez Essilor, j’ai moi-même réalisé ma thèse au sein du Département de photochimie générale du CNRS 3 ! Les choses se sont toutefois accélérées depuis cinq ans. En témoignent le laboratoire Pix-Cell, créé en 2004, et notre étroite collaboration au sein du récent projet Descartes, destiné à apporter des solutions innovantes pour les malvoyants (lire l’encadré). Avec quels autres acteurs académiques la société Essilor collabore-t-elle dans le monde ? J-L.S. : Nous partageons un laboratoire commun avec le CEA à Grenoble, qui travaille également sur les verres digitaux, et un autre avec l’université de Shanghai, sur la thématique des nanoparticules. Par ailleurs, Essilor finance une chaire d’optométrie à Montréal. Aujourd’hui, la R&D est totalement mondiale et aucun grand groupe ne limite exclusivement ses investissements en recherche au sol français. Académiques, privés, français, européens, occidentaux ou asiatiques : nos partenaires sont donc très divers. Car, quelle Les travaux du CNRS et d’Essilor pourraient révolutionner l’incorporation de diverses propriétés aux verres. Ici, traitement antireflet classique (1), contrôle cosmétique (2), tests (3) et production (4). 1 ©C. Chamourat
DES SOLUTIONS POUR LES MALVOYANTS Ils sont 50 millions rien qu’en Europe et aux États-Unis. Pourtant, il n’existe pas aujourd’hui de prise en charge efficace des malvoyants. Ces patients atteints de dégénérescence maculaire liée à l’âge, de glaucome, de rétinopathie diabétique ou d’autres maladies rétiniennes orphelines ont longtemps été les oubliés de l’innovation. Lancé fin janvier 2009, le projet Descartes, au sein duquel collaborent plusieurs acteurs 1, dont Essilor et le laboratoire Aimé Cotton du CNRS, change la donne. Mobilisant l’équivalent de 180 personnes en temps plein et doté d’un budget de 33 millions d’euros sur cinq ans, il s’est donné pour mission de développer une panoplie de solutions innovantes pour aider ces personnes à mieux vivre avec leur handicap. Dans les cartons : de nombreuses innovations, parmi lesquelles des cannes électroniques, des filtres thérapeutiques contre la lumière toxique pour la rétine et des lunettes vidéo superposant des images virtuelles à la scène naturelle ! J-P.B. 1. Les autres partenaires sont l’Institut de la vision, Visiotact, MicroOLED et Fovea Pharmaceuticals. que soit leur appartenance, nous recherchons avant tout des chercheurs et des laboratoires compétents développant des technologies d’avenir adaptables à notre secteur d’activité. Propos recueillis par Jean-Philippe Braly 1. Essilor International propose une large gamme de verres pour corriger la myopie, l’hypermétropie, la presbytie et l’astigmatisme. La société emploie plus de 31 000 collaborateurs dans le monde, dont 550 chercheurs dans ses centres R&D. En 2008, son chiffre d’affaires a atteint plus de 3 074,5 millions d’euros. 2. La photolithographie consiste à graver des motifs dans un matériau en combinant un rayonnement lumineux à un traitement chimique. 3. Département CNRS/Université de Mulhouse. CONTACT ➔ Jean-Luc Schuppiser Essilor International schuppjl@essilor.fr 2 3 4 © Photos : W. Daniels/Essilor International ÉLECTRONIQUE Chérie, j’ai rétréci la pile à combustible ! Un consortium franco-japonais vient de démontrer que l’on pouvait utiliser des piles à combustible pour fabriquer des batteries de la taille de l’ongle d’un nourrisson ! Le prototype 1, développé par l’équipe de SteveArscott, de l’Institut d’électronique, de microélectronique et de nanotechnologie 2 de Villeneuve d’Ascq, en association avec Sharp Corp, ne pèse en effet que 100 milligrammes. Avec une puissance de 50 milliwatts par centimètre cube, c’est la plus petite et la plus performante pile à combustible du monde ! Une taille qui s’avérerait parfaite pour nos futurs téléphones portables. Pour l’heure, ce petit bijou fait déjà l’objet de deux brevets déposés au Japon en partenariat avec le CNRS. Comme toutes les piles de ce type, celle-ci produit du courant grâce à une réaction électrochimique : l’oxydation d’un combustible. En l’occurrence, la réaction a lieu ici entre du méthanol et de l’air. Le dispositif ? Une fine membrane en plastique prise en sandwich entre deux galettes de silicium creusées de microcanaux. C’est dans ces fins sillons que l’on fait circuler le méthanol, issu d’un réservoir extérieur à la pile, et l’air, nécessaire à la réaction. « Les microcanaux, de la profondeur du diamètre d’un cheveu, ont été gravés grâce aux techniques utilisées dans l’industrie du semi-conducteur, commente SteveArscott, et ils sont la clé de la performance de la pile. » Ils permettent en effet de contrôler parfaitement le débit de méthanol pour obtenir une réaction chimique optimum. Au final, Le rendement de la pile culmine ainsi à 75% à température ambiante. Avec cette nouvelle venue, les chercheurs visent d’abord le marché de l’électronique embarquée miniature. Avec ses quelques milliwatts de puissance et sa durée de vie qui peut se prolonger aussi longtemps qu’on INNOVATION 15 la recharge en méthanol, cette micropile pourrait en effet alimenter des appareils à faible consommation. Par exemple, des microcapteurs de type Mems (Micro-Electro-Mechanical Systems), développés actuellement dans le monde entier. Ceuxci pourront notamment servir de système d’alerte en cas d’incendie ou Une puce de silicium (5 mm x 3,6 mm) comprenant des microcanaux pour faire circuler du méthanol dans la micropile. de pollution chimique. Enfin, d’ici à cinq ou dix ans, en plaçant plusieurs micropiles en série, SteveArscott et ses collègues veulent aller plus loin. Ils imaginent fabriquer une batterie suffisamment puissante pour alimenter des appareils électroniques plus familiers, comme nos téléphones portables ! … Xavier Müller 1. Voir « La reine des micropiles », Le journal du CNRS, n°230, mars 2009, p. 43. 2. Institut CNRS/Université Lille-I/Université de Valenciennes/Isen Recherche. CONTACT ➔ SteveArscott Institut d’électronique, de microélectronique et de nanotechnologie (IEMN), Villeneuve d’Ascq steve.arscott@iemn.univ-lille1.fr Le journal du CNRS n°232 mai 2009 © IEMN



Autres parutions de ce magazine  voir tous les numéros


Liens vers cette page
Couverture seule :


Couverture avec texte parution au-dessus :


Couverture avec texte parution en dessous :