CNRS Le Journal n°232 mai 2009
CNRS Le Journal n°232 mai 2009
  • Prix facial : gratuit

  • Parution : n°232 de mai 2009

  • Périodicité : trimestriel

  • Editeur : CNRS

  • Format : (215 x 280) mm

  • Nombre de pages : 44

  • Taille du fichier PDF : 2,5 Mo

  • Dans ce numéro : Les talents cachés de la chimie

  • Prix de vente (PDF) : gratuit

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10 © VictorL. Solozhenko VIEDESLABOS Actualités BIOLOGIE MOLÉCULAIRE Une clé de plus dans la lutte contre les cancers Il y a dans l’organisme une myriade de petites molécules dont le rôle – réguler l’activité des cellules – est primordial. Appelées kinases, elles sont notamment impliquées dans la multiplication cellulaire. Alors quand elles déraillent, les conséquences peuvent être désastreuses, avec par exemple l’apparition de cancers. Une équipe de l’Institut européen de chimie et biologie (IECB) 1, à Bordeaux, en collaboration avec des chercheurs britanniques 2, s’est intéressée à leur mode de fonctionnement et en révèle aujourd’hui l’extrême complexité 3. Plus précisément, les chercheurs se sont focalisés sur la kinase pKB, connue pour son implication dans de nombreux cancers. Après plus de deux ans de travaux, ils ont réussi à disséquer toutes les étapes de son processus d’activation. « Il y a quatre niveaux de sécurité à franchir dans un ordre précis pour arriver à l’activation ou à la désactivation définitive de la kinase », explique Michel Laguerre, de l’IECB. Un tel mécanisme est en quelque sorte un système de sécurité naturel visant à limiter une activation ou une désactivation intempestive, à l’origine des processus classiques de cancérisation. Mais il y a aussi un revers à la médaille. Car le dysfonctionnement d’un seul niveau de sécurité peut parfois, lui aussi, entraîner un cancer. Et selon l’étape à laquelle intervient la dérégulation, un type de cancer particulier se développera. Grâce à cette découverte, les cher- MATÉRIAUX Plus solide que le diamant Le journal du CNRS n°232 mai 2009 La dureté du diamant est légendaire. Pourtant, un nouveau matériau pourrait venir sérieusement lui faire de l’ombre dans les années qui viennent. Mis au point par des chercheurs du Laboratoire des propriétés mécaniques et thermodynamiques des matériaux (LPMTM) du CNRS, à Villetaneuse, ce composé, qui répond au nom de carbure de bore cubique, est presque aussi dur que le diamant et a sur celui-ci l’avantage d’être plus résistant à la chaleur C’est dans cette cellule à enclumes (ici en carbure de tungstène, mais elles peuvent aussi être en diamant) qu’est synthétisé le carbure de bore cubique, d’une dureté comparable au diamant. Les kinases sont impliquées dans la multiplication cellulaire. Quand la kinase pKB se referme grâce à la complémentarité de régions (en bleu), la zone catalytique (en mauve) est masquée et la kinase devient inactive. cheurs espèrent ouvrir le champ à une thérapeutique « microciblée » qui pourra intervenir sur l’une des étapes clés selon la kinase impliquée, et selon la pathologie. En effet, les traitements actuels ne ciblent pas spécifiquement la fautive et ils ont tendance à perturber d’autres kinases qui, elles, fonctionnent normalement. Mais Michel Laguerre tempère : « Il s’agit certes d’une avancée, mais nous avons mis deux années à comprendre le fonctionnement d’une Aussi dur et plus résistant à la chaleur et à l’oxydation que le diamant… Voici le carbure de bore cubique, un nouveau matériau mis au point par les chercheurs du CNRS. et à l’oxydation 1. Un atout majeur qui pourrait lui permettre de s’imposer rapidement dans l’industrie. « Prenez l’usinage de l’acier, explique Vladimir Solozhenko, à la tête de l’équipe du LPMTM. Découper et percer nécessitent un matériau capable d’endurer des seule kinase. Or, il en reste encore 517 à étudier ! » Un travail de longue haleine les attend donc. Nadia Daki 1. Groupement d’intérêt scientifique CNRS/Inserm/Universités Bordeaux-I et II. 2. Collaboration entre le laboratoire « Chimie et biologie des membranes et des nanoobjets » (CBMN, CNRS/Enita/Université Bordeaux-I) et l’équipe de Cell Biophysics Laboratory au Cancer Institute de Londres. 3. Ces travaux ont été publiés en début d’année dans la revue Plos Biology. CONTACT ➔ Michel Laguerre Institut européen de chimie et biologie, Talencem.laguerre@iecb.u-bordeaux.fr fortes températures et qui ne réagisse pas chimiquement avec le métal. Notre invention serait parfaite dans cette tâche. » Quelle est la recette de ce composé miracle ? Pour le fabriquer, nos chercheurs ont eu l’idée d’ajouter à la structure du diamant des atomes de bore. En effet, cet élément est connu des chimistes pour être très stable thermiquement et chimiquement. D’autres équipes avaient d’ailleurs déjà tenté ce rapprochement entre le diamant et le bore, mais sans succès. La solution ? « Utiliser un précurseur 2 du diamant, le graphite [celuilà même qui compose la mine des crayons à papier], le mélanger au niveau atomique avec le bore et exposer le tout à très haute température et à très haute pression », explique Vladimir Solozhenko. Pour obtenir de telles conditions, un simple four ne suffit pas. L’équipe place la poudre de graphite et de bore dans un équipement, appelé cellule à enclumes, qui comprime l’échantillon pendant qu’un laser fait monter sa température. Grâce aux images en rayons X obtenues au synchrotron de Grenoble, les chercheurs ont même pu contrôler en temps réel comment réagissait la structure de l’échantillon. Et à 2000 °C, pour une pression 250000 fois supérieure à celle de l’atmo- © M.Laguerre/CBMN/CNRS
CLIMAT Quand la Terre de feu souffle le chaud et le froid La dérive des continents peutelle avoir des conséquences sur le climat de la planète ? Possible… Une équipe franco-chilienne, menée par Yves Lagabrielle, chercheur CNRS du laboratoire « Géosciences Montpellier » 1, est en effet parvenue à relier des événements géologiques à des changements climatiques. Pour cela, elle s’est penchée sur l’histoire du passage de Drake, qui sépare la Terre de feu, à la pointe du continent sud-américain, et l’Antarctique. À travers ce détroit, large de seulement 640 km, passe l’un des plus grands courants marins : le courant circumpolaire antarctique. « Il s’agit d’un courant froid dont le débit est supérieur à celui de tous les fleuves de la Terre réunis, rappelle Yves Lagabrielle. Il forme un anneau continu autour de l’Antarctique qui l’isole des sphère, ils ont enfin obtenu ce qu’ils attendaient. Particulièrement prometteur, le nouveau composé a fait immédiatement l’objet d’un brevet de la part de nos chimistes. Il faut dire que leur protégé multiplie les vertus : ainsi, il s’avère être également un excellent conducteur électrique. D’après ses inventeurs, il pourrait trouver des applications dans la microélectronique, qui soumet les composants à des températures toujours plus élevées pour générer plus de puissance. Seule ombre au tableau : son prix. « Pour le fabriquer, il faut en effet utiliser un dispositif encore relativement coûteux », explique le chercheur. Mais les promesses de ce nouveau venu sont telles que les industriels finiront forcément par l’adopter. Pierre Mira 1. Travaux publiés dans Physical Review Letters du 9 janvier 2009. 2. Matériau à partir duquel on en obtient d’autres après transformation. CONTACT ➔ Vladimir Solozhenko Laboratoire des propriétés mécaniques et thermodynamiques des matériaux (LPMTM), Villetaneuse vls@lpmtm.univ-paris13.fr eaux chaudes venues de l’équateur. » Ceci a pour effet de maintenir la calotte polaire et de refroidir le climat global. Or, l’histoire géologique du passage de Drake n’est pas un long fleuve tranquille. Les chercheurs ont montré, dans un article de synthèse publié dans Earth and Planetary Science Letters 2, que l’élargissement du passage de Drake n’a pas été le mouvement continu que l’on imaginait. En effet, après s’être ouvert il y a environ 50 millions d’années, celui-ci a commencé à se rétrécir il y a 29 millions d’années. Ce mouvement, qui a duré 7 millions d’années, a pratiquement refermé le détroit. Et c’est peut-être bien à cette fermeture, qui a coupé la course du courant circumpolaire antarctique, que l’on doit certaines indications BRÈVE des enregistrements paléoclimatiques. Comme le soulignent les chercheurs, il y a 26 millions d’années, la Terre a connu un fort réchauffement climatique qui a duré 11 millions d’années. Mais il y a plus : il y a 15 millions d’années, lorsque le jeu de la tectonique des plaques a rouvert le passage de Drake, la Terre s’est à nouveau nettement refroidie et l’Antarctique a retrouvé son épaisse calotte glaciaire. Deux coïncidences qui n’en sont peut-être pas ! « Ces travaux nous ont permis de mettre en lumière une corrélation entre la fermeture du passage de Drake et des changements climatiques. Mais nous voulons rester prudents : il reste encore beaucoup de recherches à faire pour transformer cette corrélation en lien de causalité », tempère Yves Lagabrielle. Par ailleurs, ces travaux devraient servir pour améliorer les modèles paléoclimatiques qui tentent de décrire l’évolution du climat tout au long de l’ère Tertiaire. « Ces modèles ne prennent pas en compte la dérive des continents. De plus, leur résolution est assez basse. Or, comme nous le montrons, une toute petite région comme le passage de Drake pourrait peser énormément dans l’équation climatique. » Sebastián Escalón 1. Laboratoire CNRS/Université Montpellier-II. 2. « The tectonic history of Drake Passage and its possible impacts on global climate », Earth and Planetary Science Letters, 30 mars 2009. La diversité génétique se dévoile Une équipe de l’Institut de génétique humaine (IGH) 1 de Montpellier vient de localiser l’un des chefs d’orchestre du mécanisme de « recombinaison » chez la souris. De quoi s’agit-il ? Lorsque les cellules germinales se divisent pour créer les gamètes – spermatozoïdes et ovules –, leurs chromosomes (ici, en vert) – qui portent l’information génétique – se rapprochent, le temps de s’échanger des fragments entiers d’ADN contenant des dizaines voire des centaines de gènes, pour ensuite se séparer. Cette recombinaison (dont les sites sont visibles en rouge) favorise la diversité génétique puisqu’il en résulte des chromosomes hybrides, nouveaux et uniques. Selon Bernard de Massy et ses collègues, le gène responsable de ces chambardements se trouve dans une petite région du chromosome 17. VIEDESLABOS CONTACT ➔ Yves Lagabrielle Laboratoire « Géosciences Montpellier » yves.lagabrielle@univ-montp2.fr Prochaine étape : l’identifier et le relier à ses complices, d’autres gènes déjà connus pour intervenir dans le dessin de la carte génétique.L.B. 1. Institut CNRS/Université de Montpellier-I et II. > Contact : Bernard de Massy, bernard.de-massy@igh.cnrs.fr Le journal du CNRS n°232 mai 2009 © B. de Massy 11



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