CNRS Le Journal n°231 avril 2009
CNRS Le Journal n°231 avril 2009
  • Prix facial : gratuit

  • Parution : n°231 de avril 2009

  • Périodicité : trimestriel

  • Editeur : CNRS

  • Format : (215 x 280) mm

  • Nombre de pages : 44

  • Taille du fichier PDF : 2,8 Mo

  • Dans ce numéro : Les enjeux scientifiques de la communication

  • Prix de vente (PDF) : gratuit

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8 VIEDESLABOS Actualités MATÉRIAUX Des cristaux petits mais costauds Pour les métaux comme dans la vie, l’individualisme l’emporte parfois sur la solidarité. Pour preuve, réduisez un métal en miettes et passez-le sous une presse : il vous faudra appliquer une force plus importante pour l’écraser que s’il était d’un seul tenant. Les métallurgistes ont fait une loi de ce phénomène, la loi Hall et Petch, qui exprime le fait que plus les grains métalliques sont petits, plus ils sont durs. Mais si les chercheurs savaient l’expliquer pour des grains d’une taille supérieure ou égale au micromètre, ils ignoraient jusqu’à aujourd’hui les raisons du phénomène à des échelles inférieures. Désormais ils le savent : les responsables sont les dislocations, ces irrégularités de l’ordre cristallin qui truffent la plupart des métaux. L’énigme a été résolue par une équipe internationale, dont a fait partie Marc Legros, du Centre d’élaboration de matériaux et d’études structurales (Cemes) du CNRS, à Toulouse. Le journal du CNRS n°231 avril 2009 Le microscope électronique à transmission du Cemes permet de voir à travers les métaux tout en les déformant. Les chercheurs ont ainsi pu étirer un cristal d’aluminium plus de cent fois plus petit qu’un cheveu tout en observant en direct l’état du matériau. Ce faisant, ils ont constaté la présence dans l’aluminium de dislocations fortement courbées, beaucoup plus que dans des cristaux plus gros. Selon Marc Legros, la courbure des dislocations explique l’origine du « plus c’est petit, plus c’est dur » : à la manière d’un arc, plus les dislocations sont courbes, plus il devient difficile de les plier. Mais pourquoi les dislocations sontelles arrondies ? Précisément à cause de la petite taille du cristal : elles réagissent à la réduction de la taille du cristal en se courbant comme un contorsionniste enfermé dans sa boîte. Les chercheurs ont aussi montré que pour des petits cristaux, il ne sert à rien de pratiquer l’ « écrouissage » INFORMATIQUE Les grands auteurs à portée de clic Conçu pour les lycéens, le logiciel Lytext identifie définitions, rimes, figures de style… Un temps précieux gagné dans l’analyse des textes ! © Y. Arcurs/Fotolia.com © D. Kiener/M. Legros/Sang Ho Oh cher aux forgerons : pour renforcer leurs métaux, ces derniers frappent les matériaux pour les larder de dislocations qui, en s’enchevêtrant, en augmentent la résistance. Or quand la traction qu’ils appliquaient sur l’échantillon a atteint une valeur seuil, les scientifiques ont constaté que les dislocations migraient vers les bords, où elles s’évanouissaient comme le pli d’un tapis disparaît si Image en microscopie électronique à transmission d’un film d’aluminium (en orange), de taille nanométrique, que l’on a étiré. Les lignes et les points noirs sont de minuscules irrégularités appelées dislocations. on le déplace jusqu’aux franges. L’information est importante quand on sait que certains métaux, notamment les aciers, sont fabriqués en agglomérant des poudres de petits cristaux. Les résultats obtenus sur l’aluminium pourraient aider les métallurgistes à mieux comprendre le comportement de leurs métaux, et en particulier à déterminer la taille optimale des cristaux élémentaires pour obtenir le métal le plus solide. Xavier Müller CONTACT ➔ Marc Legros Centre d’élaboration de matériaux et d’études structurales (Cemes) du CNRS, à Toulouse legros@cemes.fr Souris en main et textes à l’écran, explorer à sa guise les textes des grands auteurs… Quel lycéen n’en a-t-il pas rêvé pour préparer le « bac » ? C’est chose faite avec Lytext (Lycée + textes), un outil informatique développé par des chercheurs et testé actuellement dans une trentaine de lycées lorrains. En deux clics, il analyse la structure du texte, identifie les rimes, définit les mots ou encore repère les figures de style. De quoi donner toutes les clés pour construire une analyse de texte en bonne et due forme. Cinq années de recherches ont été nécessaires au laboratoire « Analyse et traitement informatique de la langue française » (Atilf) 1, à qui l’on doit déjà le Trésor de la langue française informatisé 2, monumental dictionnaire accessible à tous via le Centre national de ressources textuelles et lexicales 3. Mais rien ne prédisposait ce laboratoire à mettre ses ressources au service de l’enseignement. « Le point de départ fut une demande de la Région Lorraine, qui, à la recherche de contenu pour sa plateforme e-Lorraine, a soutenu financièrement le projet, explique Jean-Marie Pierrel, directeur de l’Atilf. Nous avons aussitôt accepté. Nous avons commencé par travailler sur les définitions. Le problème majeur a alors été de pouvoir, en fonction du contexte de l’œuvre, sélectionner les seules définitions utiles au lycéen. » Car les dictionnaires proposent pour chaque mot ou presque de notre langue moult définitions. Comment savoir par exemple que le mot « fétiche » employé par Voltaire dans Candide désignait une personne à laquelle on voue un respect exagéré ? Tel fut donc l’objet de la thèse de Claire Becker, au sein d’Atilf. En concertation étroite avec un groupe d’enseignants soutenu par l’académie de Nancy-Metz, la chercheuse a d’abord abouti à un prototypage « fait à la main » sur quelques textes. Étape suivante : automatiser l’analyse linguistique inhérente au tri des définitions. « Notre algorithme devait faire émerger les mots ambigus puis sélectionner en fonction du contexte la bonne définition », précise Jean-Marie Pierrel. Résultat quasi parfait : aujourd’hui, Lytext lève l’ambiguïté pour 95% des mots consi-
ASTRONOMIE Belle moisson de pulsars pour Fermi Et douze de plus ! Fin janvier, des chercheurs ont encore annoncé la découverte de nouveaux pulsars émettant des rayons gamma, ces signaux très énergétiques situés à l’extrémité du spectre lumineux, au-delà des ultraviolets et des rayonsX. Ce qui porte à plus de trente le bilan récent du satellite Fermi, depuis sa mise en fonction en juin dernier. Une moisson riche d’enseignements sur ces objets nés de la mort des étoiles massives. Les pulsars sont en effet des étoiles dites « à neutrons » (car uniquement constituées de ces particules neutres), résidus de grosses étoiles disparues dans une formidable explosion. À la manière de phares, ils tournent sur eux-mêmes rapidement et émettent des faisceaux d’ondes radio (au-delà des infrarouges sur le spectre lumineux), de rayonsX, et/ou de rayons gamma. D’où leur nom, leur lumière semblant animée d’une pulsation. Ils sont aussi d’incroyables dynamos, générant CONTACT ➔ Jean-Marie Pierrel Laboratoire « Analyse et traitement informatique de la Langue française » (Atilf), Nancy jean-marie.pierrel@atilf.fr un champ magnétique puissant, capable d’accélérer des particules à des vitesses proches de celle de la lumière. Or, depuis une quarantaine d’années, les pulsars sont étudiés surtout grâce à leurs ondes radio. Environ 1800 d’entre eux ont ainsi été répertoriés, notamment par le grand radiotélescope de Nançay, en Sologne. « Avant l’ère Fermi, nous ne connaissions que six pulsars émetteurs de gamma, explique David Smith, du Centre d’études nucléaires de Bordeaux Gradignan (CENBG) 1, l’un des cinq laboratoires français impliqués dans l’interprétation des données de la mission Fermi 2. Aujourd’hui, trente-six pulsars de plus ont pu être vus à ces hautes énergies. » L’exploitation des données fournies par Fermi permet d’ores et déjà aux scientifiques de dresser un portrait plus détaillé de ces pulsars. Jusque-là, il était convenu que la source des rayons gamma devait se situer non loin de celle des faisceaux radio, près de la surface de l’étoile à neutrons et de ses pôles magnétiques. D’après les nouvelles observations, cette zone serait en fait assez éloignée de la surface. Par exemple pour le pulsar de Vela, la plus puissante source de rayons gamma connue, elle pourrait se situer à environ 200 km de l’étoile. Quant à l’origine proprement dite du rayonnement, elle demeure mal connue : les modèles actuels prévoient des causes différentes selon l’altitude, justement, et Fermi n’a pas permis de trancher. Mais gageons qu’il y parviendra : « Fermi couvre un cinquième du ciel à un moment donné, tourne en permanence sur lui-même VIEDESLABOS 9 Depuis ses débuts en juin 2008, le satellite Fermi découvre pulsars sur pulsars. Mais pas n’importe lesquels : ceux-ci émettent des rayons L’EXPLOSION LA PLUS gamma, contrairement à l’écrasante majorité des pulsars déjà connus. VIOLENTE DE L’UNIVERS Ce qui permettra d’en savoir beaucoup plus sur ces drôles d’objets. C’est le sursaut gamma le plus puissant jamais observé que le satellite Fermi Le ciel vu en rayons gamma par Fermi, après trois mois d’observation. La bande brillante est le plan de la Voie Lactée. Parmi les pulsars découverts, on voit ici Geminga et le Crabe. dérés comme difficiles par les enseignants. Quant aux 5% restants, ils recouvrent des mots surtout liés au contexte social de l’époque… Mais c’est ici l’affaire des sociolinguistes. Reste encore quelques points à automatiser, concernant la détection des figures de style ou bien celle des allitérations. Subtile, donc ardue. Et pour ce faire, « nous comptons sur la recherche fondamentale », conclut Jean- Marie Pierrel dans un sourire. À suivre, donc. Patricia Chairopoulos 1. Laboratoire CNRS/Universités Nancy-I et II/Université Metz – www.atilf.fr 2. http:Ilatilf.atilf.fr/tlfi.htm 3. Créé en 2005 par le CNRS, www.cnrtl.fr. a détecté en fin d’année dernière et dont les astrophysiciens de la mission livrent aujourd’hui l’analyse. La bouffée de rayons gamma baptisée GRB 080916C est apparue dans la constellation de la Carène. D’après les instruments à bord du satellite, les rayons les plus extrêmes qui ont quitté la source – sans doute à la suite de l’effondrement d’un trou noir – transportaient 30 milliards de fois plus d’énergie que la lumière visible. Les observations ont également permis d’établir sa distance : 12,2 milliards d’années-lumière. ➔ Plus d’infos www2.cnrs.fr/presse/communique/1538.htm et donne une image complète du ciel toutes les trois heures », précise David Smith. Le nombre de pulsars gamma connus devrait ainsi tripler en cinq ans, durée minimum de la mission. Nadia Daki 1. Centre CNRS/Université Bordeaux-I. 2. Avec le Laboratoire Leprince-Ringuet (CNRS/École polytechnique), le Laboratoire de physique théorique et astroparticules (CNRS/Université Montpellier-II), le Centre d’étude spatiale des rayonnements (CNRS/Université Toulouse-III) et l’Irfu-CEA. CONTACT ➔ David Smith Centre d’études nucléaires de Bordeaux Gradignan smith@cenbg.in2p3.fr Le journal du CNRS n°231 avril 2009 © NASA/Fermi/LAT collaboration



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