CNRS Le Journal n°231 avril 2009
CNRS Le Journal n°231 avril 2009
  • Prix facial : gratuit

  • Parution : n°231 de avril 2009

  • Périodicité : trimestriel

  • Editeur : CNRS

  • Format : (215 x 280) mm

  • Nombre de pages : 44

  • Taille du fichier PDF : 2,8 Mo

  • Dans ce numéro : Les enjeux scientifiques de la communication

  • Prix de vente (PDF) : gratuit

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36 © E. Perrin/CNRS Photothèque HORIZON Ils ont choisi la France et le CNRS BRÈVE La coopération se renforce avec Israël Le journal du CNRS n°231 avril 2009 Mihai Barboiu Itinéraire d’un chimiste passionné Brillant ! Le mot est pesé pour qualifier le parcours de Mihai Barboiu, même si lui assure qu’il ne faut rien exagérer. À 40 ans, ce chimiste roumain dirige l’équipe « Nanosystèmes supramoléculaires adaptatifs » à l’Institut européen des membranes 1 (IEM) de Montpellier. L’idée de base de ses travaux ? En étudiant les propriétés des membranes biologiques, dont il existe de nombreuses variétés dans la nature et qui ont la précieuse faculté de laisser passer certaines molécules tout en étant imperméables à d’autres, le chercheur met au point de nouveaux matériaux ou des systèmes aux propriétés innovantes et aux applications variées. La preuve par les dépôts de brevets : son équipe a mis au point une membrane dix fois plus conductrice que celles utilisées actuellement dans les piles à combustible. Deux brevets ont également été déposés pour des matériaux qui permettent la séquestration du CO 2 et d’autres encore dans le domaine de la santé. Ces trouvailles sont quelque peu fortuites, comme cela s’est souvent produit pour de grandes découvertes scientifiques : « Les polymères conducteurs ont été révélés à la suite d’une faute de manipulation, et Fleming a découvert la pénicilline en abandonnant ses cultures biologiques tout un été », rappelle le chimiste. Dont la destinée, elle, ne doit rien au hasard. Le 18 mars dernier, à Jérusalem, Catherine Bréchignac, présidente du CNRS, et Ménahem Megidor, président de l’Université hébraïque de Jérusalem, ont signé la convention créant le laboratoire européen associé (LEA) « France-Israel Laboratory of Neuroscience » (Filn). Il associe le CNRS, les universités Victor Segalen (Bordeaux) et Paris Descartes et l’Université hébraïque de Jérusalem. Il succède, sous une forme renouvelée, au premier laboratoire franco-isréalien créé en 2005, le « Laboratoire franco-israélien de neurophysiologie et neurophysique des systèmes ». Il est dédié aux études fondamentales et cliniques du cerveau. Auparavant, le 16 mars, le LEA « NanoBio Science (NaBi) » était inauguré à Rehovot en présence de Catherine Bréchignac et Daniel Zajfman, président de l’Institut Weizmann. Ce LEA associe pendant quatre ans sept laboratoires affiliés au CNRS 1 et les départements de chimie et de physique de l’Institut Weizmann. Les recherches porteront sur les nanosciences, la photonique et l’imagerie biologique. 1. L’Institut d’Alembert, à Cachan, qui fédère quatre unités mixtes en physique (LPQM), chimie (PPSM), sciences de la vie (LBPA) et systèmes et applications des technologies de l’information et de l’énergie (Satie), les Laboratoires de physique statistique (LPS) et de Chimie (Pasteur), à Paris, et l’Institut Fresnel, à Marseille. > Contacts : Direction des affaires européennes du CNRS : Francesca Grassia, francesca.grassia@cnrs-dir.fr Filn : David Hansel, david.hansel@univ-paris5.fr, Thomas Boraud, thomas.boraud@u-bordeaux2.fr NaBi : Joseph Zyss, joseph.zyss@lpqm.ens-cachan.fr Dès le lycée, dans sa ville natale de Pascani, dans le Nord de la Roumanie, le jeune Mihai se passionne pour les sciences. Il participe aux Olympiades de chimie et représente son pays à deux reprises au niveau international. Il intègre ensuite l’Université polytechnique de Bucarest pour décrocher un diplôme d’ingénieur en chimie organique. Durant ses études, son professeur, Constantin Luca, l’autorise à disposer d’un petit laboratoire où il peut laisser libre cours à son imagination de futur chercheur, ce qui lui vaudra sa première publication à l’âge de vingt-trois ans. Mihai Barboiu enchaîne avec une thèse sur « l’utilisation des matériaux hybrides pour la reconnaissance moléculaire », tout en travaillant dans un centre de recherche de Bucarest. « En seulement trois ans, j’ai réussi à diriger ma propre équipe de recherche », se souvient-il non sans une pointe de fierté. Une collaboration se crée alors avec le Laboratoire des matériaux et procédés membranaires de l’université Montpellier-II, si bien que son doctorat se déroule finalement en cotutelle. En 1999, une occasion exceptionnelle se présente au chercheur roumain, alors à la recherche d’un postdoc : un poste de maître de conférences au Collège de France, dans le laboratoire strasbourgeois de l’éminent professeur Jean- Marie Lehn, Prix Nobel de chimie en 1987. L’équipe est arrivée à reproduire artificiellement les mouvements des protéines du corps humain. « C’était un rêve pour moi, car j’admirais vraiment Jean-Marie Lehn ! Travailler dans le labo d’un Prix Nobel est la plus belle chance du monde pour un chercheur en formation. » En 2001, Mihai Barboiu intègre le CNRS pour travailler à l’IEM de Montpellier. En prenant possession de son nouveau bureau, il accroche les photos des professeurs qui l’ont inspiré, comme Constantin Luca, Louis Cot ou Jean-Marie Lehn. Trois ans plus tard, nouvelle consécration : Mihai Barboiu est lauréat du prix European Research Young Investigators pour ses projets de recherche sur l’évolution des systèmes dynamiques à l’interface entre chimie, biologie et physique. Cette même année, il devient également directeur de recherche et développe son travail sur les membranes biologiques. Pas de doute, le scientifique chemine bien dans les pas de ses mentors. Caroline Dangléant 1. Institut CNRS/École nationale supérieure de chimie Montpellier/Université Montpellier-II. CONTACT ➔ Mihai Barboiu Institut européen des membranes, Montpellier barboiu@iemm.univ-montp2.fr
UNITÉ MIXTE DE RECHERCHE Grande première entre le CNRS et l’Afrique Pollution, réchauffement climatique, urbanisation… D’importantes transformations sont à l’œuvre partout sur le globe. Un ambitieux laboratoire franco-africain vient d’être créé pour en étudier les conséquences sur la santé. C’est un véritable événement qui a eu lieu le 16 janvier dernier à Paris, au siège du CNRS : la naissance officielle de la première unité mixte internationale (UMI) de l’organisme avec l’Afrique. Baptisée « Environnement, santé, sociétés » (UMI ESS), elle réunit des chercheurs français, burkinabés, maliens et sénégalais autour d’une thématique on ne peut plus prioritaire : l’étude des conséquences sur la santé des transformations environnementales (réchauffement climatique, pollution) et sociales (urbanisation). « Cette première opération d’envergure du CNRS en Afrique vise à établir un partenariat fort et équilibré entre chercheurs du Sud et du Nord », a déclaré Catherine Bréchignac lors de la cérémonie. La présidente du CNRS était alors entourée des dirigeants des trois autres organismes fondateurs, l’université Cheikh Anta Diop de Dakar (UCAD), au Sénégal, l’université de Bamako, au Mali, et le Centre national de la recherche scientifique et technologique (CNRST), au Burkina Faso. Pour les scientifiques de l’UMI, le programme s’annonce chargé. Tout d’abord, ils vont en effet étudier les liens entre les transformations environnementales et la santé. Comprenez, par exemple, la manière dont la pollution entraîne l’apparition de nouvelles pathologies respiratoires ; ou le rôle précis du réchauffement climatique dans la survenue des épidémies et crises alimentaires. Mais ils se pencheront aussi sur les questions sanitaires liées aux migrations ou aux évolutions démographiques, comme le vieillissement. Et pour compléter le tableau, ils analyseront le fonctionnement des hôpitaux et centres de soins, en vue d’améliorer la qualité des traitements. Autant de sujets qui seront étudiés à l’échelle locale en Afrique, mais dont l’intérêt survole les frontières : « Avec le réchauffement par exemple, des maladies présentes aujourd’hui dans les pays du Sud risquent d’apparaître dans ceux du Nord, explique Gilles Boëtsch, directeur de l’UMI, et président du conseil scientifique du CNRS. Les problématiques traitées au sein de l’unité intéressent donc les chercheurs de tous les pays. » Et de toutes les disciplines : comme le suggèrent les intitulés des cinq axes de recherche (lire l’encadré), elles mobiliseront une quarantaine de spécialistes des disciplines environnementales, des sciences de la santé et des sciences humaines et sociales. Une mosaïque scientifique indispensable selon Yannick Jaffré, directeur de recherche CNRS au laboratoire « Anthropologie bioculturelle » 1, qui sera l’un des cinq directeurs adjoints de l’UMI 2 : « Tout le monde saisit l’importance des sciences du vivant pour étudier le paludisme en Afrique. Mais on ne peut aborder sérieusement ce sujet sans aller voir comment les patients sont reçus dans les centres de soins, sans s’interroger sur l’utilisation des moustiquaires, ou sur la politique de la ville qui, on le sait, joue énormément. Bref, sans le regard des sciences sociales. » C.Q.F.D. LES 5 AXES DE RECHERCHE ➔ Pollution, santé et société ➔ Environnement, cognition et société ➔ Pathocénoses, dynamiques sociales, préventions et sociétés ➔ Espaces techniques de soins et sociétés ➔ Modes de vie et santé, influence des migrations et de la transition démographique. Les chercheurs ont un bel atout en main : « La plupart des équipes de l’UMI travaillent ensemble depuis plusieurs années, explique Abdou Salam Sall, président de l’UCAD. Notamment car plusieurs chercheurs africains et responsables d’équipes de l’UMI ont fait leurs premiers pas dans les laboratoires du CNRS et ont poursuivi la collaboration une fois retournés dans leur pays. » Restait à officialiser l’union, ce qui a demandé « un peu » de préparation : « C’est déjà compliqué de créer un CONTACTS ➔ Gilles Boëtsch Gilles.Boetsch@univmed.fr ➔ Yannick Jaffré yannick.jaffre@univmed.fr HORIZON 37 laboratoire entre deux pays, rappelle Gilles Boëtsch. Alors imaginez quand il y en a quatre… » Mais le résultat est là : l’UMI existe pour quatre ans – renouvelables – sur quatre pôles (Marseille, Ouagadougou, Bamako et Dakar). « C’est un embryon de laboratoire mondial, se réjouit Basile Guissou, délégué général du CNRST. Il va permettre de partager les infrastructures, mais aussi, pour ainsi dire, d’être partout en même temps ! » Autre avantage : il offre une plus grande visibilité pour répondre aux appels à projet internationaux. Recteure de l’université de Bamako, Ginette Siby Bellegarde est optimiste : « Chaque partenaire apporte ses compétences et sa volonté de travailler en synergie sur des thèmes fédérateurs. Je ne doute pas que les résultats de nos travaux seront à la hauteur de nos espérances », conclut-elle dans un sourire. Avant de confier que l’unité a vocation à s’ouvrir par la suite à d’autres pays voisins. Matthieu Ravaud Embouteillage à Dakar (Sénégal). Les chercheurs étudieront les effets de la pollution sur la santé. 1. Laboratoire CNRS/Université Aix Marseille-II/EFS Alpes Méditerranée. 2. Avec Lamine Gueye et Nicole Chapuis pour le Sénégal, Ogobara Doumbo pour le Mali, et Blaise Sondo pour le Burkina Faso. Le journal du CNRS n°231 avril 2009 © M. Houet/Belpress/Andia



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