30 ZOOM 9 La première opération, réalisée en 2007, a été consacrée au scannage 3D complet des lieux. 10 Aperçu du « nuage de points » 3D acquis par le scanner laser. Au total, celui-ci a enregistré un milliard de points de la salle. 11 Vue d’ensemble des modèles 3D de certaines colonnes de la salle. L’enregistrement d’environ six millions de points par colonne et leur rattachement à des coordonnées géographiques ont été nécessaires pour recomposer en totalité ou partiellement l’image de la salle hypostyle. 12 Trois étapes de la modélisation numérique d’une colonne : après le maillage des points 3D (à gauche), la représentation est ombrée (au centre), puis texturée (à droite). 13 La grande salle hypostyle, qui attire plus de sept mille visiteurs chaque jour (auxquels il faut désormais ajouter presque autant de spectateurs nocturnes), symbolisait le marécage primordial, le Noum duquel émerge une forêt de papyrus figurée par les colonnes. Les chapiteaux représentent les boutons de cette plante ouverte ou fermée et les piliers ses tiges. Le journal du CNRS n°231 avril 2009 © B. Chazaly/Atm3d/CNRS Photothèque 9 10 11 12 > Pour contourner ces difficultés, l’équipe s’est appuyée sur deux techniques de pointe. La première est le scannage en 3D. Grâce à elle, les chercheurs ont pu créer un modèle numérique de la salle en trois dimensions. Il s’obtient grâce à l’acquisition et à l’enregistrement en quelques minutes de plusieurs millions de points tridimensionnels avec une précision de l’ordre de quelques millimètres. Grâce aux données recueillies, les égyptologues pourront par exemple accéder virtuellement à des parties inaccessibles sur place, ou reconstituer avec exactitude un élément de la colonne qui serait endommagé ou détruit. Surtout, cela leur évitera de retourner sur le terrain pour effectuer de nouvelles mesures. Quant à la seconde méthode, dite de « photogrammétrie » 4, elle consiste à obtenir une couverture photographique exhaustive des parois des colonnes, qui seront ensuite appliquées sur la surface scannée. Lors de cette mission, les prises de vue ont été réalisées à l’aide d’une perche de 8 mètres sur laquelle quatre appareils photographiques étaient fixés à des hauteurs différentes. Un ordinateur, installé à la base du mât, contrôlait le cadrage et assurait le déclenchement simultané des quatre appareils. Plus de 4000 images ont été enregistrées. « La tâche était colossale, se souvient Emmanuel Laroze, puisqu’il s’agissait de photographier avec une définition suffisante et en un temps record la totalité des décors. Soit au total près d’un hectare et 13 demi de décors en un mois. » Tout ceci sans tenir compte des contraintes pratiques comme le manque de recul ou l’éclairage. Dans une journée, la lumière ne cesse de varier. C’est pourquoi tous les clichés ont été faits dans l’ombre et sont actuellement retravaillés sur ordinateur. Si les missions de terrain sont à présent terminées, une nouvelle aventure et un gros travail, que ce soit de traitement des données ou d’assemblage de la mosaïque d’images, par exemple, commencent. Un long chemin reste à parcourir avant que l’ensemble des décors ne soit mis à plat et étudié. Peut-être les colonnes de la salle hypostyle aurontelles bientôt des mystères à nous révéler ? Encore un peu de patience. Géraldine Véron 1. Plusieurs institutions sont impliquées : CNRS, École nationale des sciences géographiques (ENSG-IGN), Conseil suprême des Antiquités égyptiennes (CSA) et une entreprise privée spécialisée dans la numérisation 3D par laser terrestre (ATM3D). 2. Salle dont le toit est soutenu par des colonnes. 3. Laboratoire CNRS/Université Paris-IV/Collège de France. 4. La photogrammétrie détermine les dimensions et les volumes d’un objet à partir de mesures effectuées sur des photographies qui indiquent les perspectives de cet objet. © A. Chéné/CFEETK/CNRS Photothèque CONTACT ➔ Emmanuel Laroze Laboratoire « État, religion et société dans l’Égypte ancienne et en Nubie », Paris laroze.emmanuel@gmail.com © Photos : Atm3d/CFEETK/CNRS Photothèque |