© Photos : P.Vrignaud/CNRS Photothèque 6 VIEDESLABOS Reportage AÉRONOMIE Le ciel sous haute surveillance Alors qu’il vient de fêter son cinquantième anniversaire, le Service d’aéronomie (SA) 1 nous a ouvert ses portes. De l’étude de l’atmosphère des corps célestes à la traque de la vie extraterrestre, découverte des missions d’un laboratoire renommé qui a bien les pieds sur terre. Ci-dessus et ci-dessous : des chercheurs recréent l’atmosphère de Titan dans une cuve à plasma pour étudier les fines particules organiques qui s’y créent. Celles-ci pourraient donner des indications sur l’origine de la vie sur Terre. Ci-dessus, à droite : assemblage du prototype de Phébus, un spectromètre ultraviolet destiné à étudier l’atmosphère de Mercure. Il sera intégré à un satellite dont la mise en orbite est prévue pour 2020. Le journal du CNRS n°227 décembre 2008 Vers quelle planète je vous emmène ? » Ainsi nous accueille Christian Malique, responsable du département technique du Service d’aéronomie, sur le site de Verrières-le- Buisson, dans l’Essonne. Une question posée à l’entrée d’un dédale de couloirs souterrains abritant des salles d’expérimentation aux noms plus mystérieux les uns que les autres : « Phébus », « Pampre », « Moma » … Déjà surpris par l’extérieur du site, un ancien fort militaire datant de 1875 au cœur d’une forêt luxuriante, nous embarquons pour… Titan ! Derrière la porte, trois jeunes chercheurs – parmi les 140 personnes environ qui œuvrent au SA – dans la pénombre. Au centre de la pièce, une lumière rose hypnotisante… « Cette couleur provient d’un plasma 2. Celui-ci simule la physico-chimie qui se produit dans l’atmosphère de ce satellite de Saturne, déclare Guy Cernogora, chercheur en charge du projet Pampre. Cette réaction aboutit à la formation de fines particules organiques, telles qu’observées par la sonde spatiale Huygens. Nous les étudions de près car elles pourraient nous donner des indications sur l’origine de la vie sur Terre. » Mais la visite reprend déjà au pas de charge, direction… Mercure. Deuxième salle, deuxième ambiance. Un jeune ingénieur en gants blancs assemble le prototype de Phébus, un spectromètre ultraviolet destiné à équiper une sonde qui devrait partir en 2013 et arriver sur Mercure en… 2020. « Cet instrument permettra de caractériser la composition et la dynamique de l’exosphère 3 de Mercure », explique Pierre-Olivier Mine. En effet, excités par le rayonnement solaire, les atomes de l’exosphère émettent des photons, dont le spectromètre captera la longueur d’onde caractéristique. À peine sortis de la pièce, nous tombons nez à nez avec une tête de fusée soviétique M 100 de la Seconde Guerre mondiale. Puis, nous enchaînons avec la salle « Moma ». Ici, David Coscia et ses collègues mettent au point un « chromatographe en phase gazeuse » : « Cet appareil traquera les traces de vie sur la planète rouge. Comment ? En analysant les échantillons de sol que prélèvera la sonde européenne Exomars, dont le lancement vient à l’instant d’être repoussé de 2014 à 2016 », nous explique-t-il, avant de nous entraîner vers la salle blanche. Celle-ci, complètement vitrée, contient un air filtré en permanence pour éviter toute contamination. Au centre, sur la table : cinq petites bobines. « En cas de besoin, ces chromatographes sont destinés à remplacer ceux que nous avons fournis à la Nasa pour la mission américaine MSL, une mission analogue à Exomars, qui atteindra Mars en 2010. » Durant ces missions, tout l’enjeu consistera à analyser correctement un véritable prélèvement, « ce qui est plus délicat à réaliser que les mesures par télédétection obtenues par satellite », ajoute Franck Montmessin, jeune chercheur en charge de l’un des instruments d’Exomars. L’OZONE DANS LA LIGNE DE MIRE « Télédétection » : ce terme résume bien ce qui a fait, et fait encore, la renommée mondiale du Service d’aéronomie, notamment grâce aux fameux « lidars ». « Le lidar est un laser pulsé, précise Alain Hauchecorne, directeur du SA. Lorsqu’il entre en contact avec les différents composants atmosphériques, il est renvoyé à des longueurs d’onde caractéristiques de ceux-ci. L’analyse de ces longueurs d’onde permet de déterminer et de quantifier ces composants présents sur le parcours du laser. » Des lidars du laboratoire équipent aujourd’hui les observatoires de haute Provence, de Dumont d’Urville (Antarctique), d’Alomar (Norvège) et de l’Île de la |