36 © Photos : B. Lafosse/CNRS INSITU Faire aimer à la fois la science et le cinéma : tel était le pari audacieux mais largement réussi de la première édition du festival international du film Cinémascience qui s’est tenu à Bordeaux du 18 au 26 octobre 2008. FESTIVAL Des palmes pour Cinémascience Jean-Jacques Beineix, parrain de Cinémascience, espérait une « réaction chimique » pour la première édition de ce festival. Et elle a bien eu lieu, avec 6 000 spectateurs tout au long de la semaine, 60 films projetés, plus de 30 débats, des échanges féconds entre scientifiques et cinéastes et un final en apothéose avec un grand film vainqueur, Poppy Shakespeare, de Benjamin Ross. « C’est un bon succès populaire, a commenté, enthousiaste, Arnaud Benedetti, directeur de la communication du CNRS, d’autant que la fréquentation a augmenté au fil des jours. » Le journal du CNRS n°227 décembre 2008 LES DÉBUTS D’UN FESTIVAL Le pari n’était cependant pas gagné. Faire rencontrer la science et le cinéma autour d’un évènement ludique, pédagogique et populaire porté par le CNRS, voilà une initiative qui sur le papier pouvait laisser perplexe. Pour autant, ces deux univers ont toujours eu des liens très étroits. « Indiana Jones, après tout, est un archéologue », rappelle Arnaud Benedetti. D’ailleurs, le chercheur se révèle être un personnage parfait pour le cinéma. « On le présente souvent comme un incompris qui lutte contre un système. Il a un savoir mais n’arrive pas à se faire entendre et à communiquer », nous dit Matteo Merzagora, auteur d’un ouvrage sur les rapports entre sciences et cinéma 1. « Par ailleurs, les thèmes scientifiques comme le clonage ou le réchauffement climatique sont très souvent utilisés par le cinéma à des fins dramatiques », poursuitil. Bien plus, pour Catherine Bréchignac, présidente du CNRS, depuis que le septième art est né, à la fin du XIX e siècle, « des progrès des sciences et des techniques », cinéastes et chercheurs poursuivent le même objectif : la compréhension du monde et de la société des hommes. Ils façonnent deux univers – la recherche et le cinéma – qui forcément « se croisent, s’interpénètrent et se nourrissent l’un et l’autre pour stimuler notre imaginaire, nous apprendre et nous faire comprendre », poursuit-elle. Pour Dominique Wolton, directeur de l’Institut des sciences de la communication du CNRS, le chercheur et le cinéaste « combinent tous deux imaginaire et rationalité », et pour Arnold Migus, directeur général du CNRS, « le chercheur a avec l’artiste de nombreux points communs : ils alimentent leur travail de réflexion, d’intuition et d’observation et savent prendre des risques ». Malgré cette proximité évidente, personne n’avait encore eu l’idée d’apparier la science et le cinéma autour d’un grand rendez-vous festivalier. Et Jean-Jacques Beineix d’enfoncer le clou : « Ce festival, il fallait le créer ! » Le CNRS et ses partenaires – dont la Région Aquitaine, la Mairie de Bordeaux et la Communauté urbaine de Bordeaux (lire l’encadré ci-dessous) – ont su relever le défi et captiver des scolaires, le grand public, les professionnels du cinéma et la communauté scientifique autour d’une programmation de films internationaux de qualité. LE FESTIVAL CINÉMASCIENCE TIENT À REMERCIER SES PARTENAIRES : Le ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche, la Région Aquitaine, la Mairie, le Rectorat et la Communauté urbaine de Bordeaux, Cap sciences, CMC, Filminger, Eutelsat, la Commission nationale française pour l’Unesco, France 3 Aquitaine, Terre TV, Scifi, France Bleu Gironde, Le mouv’, Athena web, Science&vie, Sud-Ouest, Télérama et la librairie Mollat. Benjamin Ross, réalisateur de Poppy Shakespeare, grand vainqueur du festival. UN CASTING VARIÉ Une tâche hautement délicate à accomplir que de réunir une soixantaine de films ayant une connexion évidente avec les sciences et pour la plupart inédits en France. Et un pari là aussi largement tenu avec au total une soixantaine de films en projection, dont onze en compétition officielle. Ces derniers, produits durant les deux dernières années et inédits en France, ont illustré les diverses possibilités de rencontre entre science et cinéma. « Ils ont été sélectionnés car leurs sujets rentrent en correspondance avec les différents champs de recherche du CNRS », explique Denise Anderson, programmatrice du festival. On y croise des rêves de conquête spatiale chiliens (Chili puede), on y évoque des relations sentimentales complexes entre humain et robot (Cyborg she), on y retrace des épopées historiques (Korolev), on y aborde le problème du clonage (Proyecto dos), de la place des pathologies mentales dans nos sociétés (Poppy Shakespeare) ou de la pollution industrielle (La très très grande entreprise). Bref, chaque film a offert un regard singulier et percutant sur des sujets de société souvent graves. Tel le grand gagnant de cette compétition, Poppy Shakespeare, du britannique Benjamin Ross, qui a reçu le prix du jury jeune, composé de lycéens de la région Aquitaine et le prix du jury, présidé par Régis Wargnier (lire l’encadré « Le palmarès »). Ce dernier, composé également de l’acteur José Garcia, du physico-chimiste Philippe Garrigues 2, de l’astrophysicien Jean-Pierre Luminet 3 et de la spécialiste en neurosciences Aline |