CNRS Le Journal n°218 mars 2008
CNRS Le Journal n°218 mars 2008
  • Prix facial : gratuit

  • Parution : n°218 de mars 2008

  • Périodicité : trimestriel

  • Editeur : CNRS

  • Format : (215 x 280) mm

  • Nombre de pages : 44

  • Taille du fichier PDF : 2,8 Mo

  • Dans ce numéro : SIDA, le combat sans répit

  • Prix de vente (PDF) : gratuit

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34 INSITU GRANDS ÉQUIPEMENTS Le CNRS s’offre un supercalculateur Deux cent sept téraflops. C’est désormais la puissance de calcul scientifique du CNRS, grâce à la récente acquisition d’un tout nouveau supercalculateur, hébergé à l’Idris. De quoi hisser ce laboratoire, et la France, au troisième rang mondial, juste derrière les États-Unis et l’Allemagne. Le journal du CNRS n°218 mars 2008 Une des armoires de l’installation Blue Gene/P du supercalculateur acquis par le CNRS. L’Institut du développement des ressources en informatique scientifique (Idris) flotte sur un petit nuage. Ce centre du CNRS, installé sur le campus d’Orsay, en région parisienne, a commencé à recevoir à la mijanvier les premiers éléments de ce qui sera dès mars le plus puissant ordinateur opérationnel en France. Avec ce supercalculateur, la force de frappe numérique de la recherche française sera multipliée par trente. Elle atteindra à l’été 207 téraflops, contre 6,7 jusqu’à présent… De quoi propulser le CNRS au troisième rang mondial, juste derrière le Lawrence Livermore National Laboratory aux États-Unis (500 téraflops) et le Centre de recherches de Jülich en Allemagne (bientôt 240 téraflops). Il était temps. « Nous constations depuis deux ans une autocensure des chercheurs eux-mêmes vis-à-vis des demandes en matière de calcul scientifique, et cela nous inquiétait », a expliqué Catherine Bréchignac, présidente du CNRS, lors de l’annonce, le 7 janvier, du contrat passé avec la société IBM. Deux semaines plus tard, au rez-de-chaussée du bâtiment, la salle des machines de l’Idris ressemble à un gigantesque hangar presque désert, même si de gros cartons vides sont entassés dans l’entrée. D’abord parce qu’il manque une partie du matériel qu’IBM doit livrer. Et surtout parce que la taille des ordinateurs diminue aussi vite que leur puissance augmente… « Ainsi, la machine qui atteindra les 68 téraflops, dix fois plus que celle qu’elle remplace, occupera deux fois moins de place », annonce fièrement Victor Alessandrini, le directeur de l’Idris. Le téraflop, sigle favori des orfèvres du calcul scientifique, c’est le millier de milliards de calculs qu’un supercalculateur peut effectuer, chaque seconde, sur des nombres à virgule. Mais les armoires de la machine en question ne représentent que les deux tiers de la puissance acquise par le CNRS auprès d’IBM. Car l’originalité de cette nouvelle plateforme, c’est qu’elle sera en fait formée de deux machines, pour tenter de répondre à l’ensemble des besoins des scientifiques (lire encadré p. 35). Sous le plancher de l’Idris, on découvre d’impressionnantes machines à produire de l’eau à 7 °C pour refroidir les machines. Le sous-sol renferme aussi des onduleurs, qui façonnent le courant électrique, et des groupes électrogènes. À l’extérieur, un local à batteries peut alimenter le système le temps d’arrêter les disques de stockage, en cas de pannes en chaîne. Car il n’est pas question de perdre les quantités astronomiques d’informations produites par les scientifiques… La capacité de stockage de l’Idris dépasse le petaoctet 1, quatre mille fois plus qu’un micro-ordinateur… La liste est longue des disciplines qui ne peuvent pas se contenter de petits ordinateurs, ou de « grilles » de PC 2 mis en réseau. Notons la modélisation du climat et des courants océaniques, mais aussi l’étude des fluides, de la structure des protéines pour concevoir de nouveaux médicaments, de la formation des galaxies ou des composants ultimes de la matière, ou encore les nanotechnologies et les moteurs à haut rendement, etc. « Notre vocation est d’offrir un service de calcul à l’ensemble de la communauté scientifique, commente Victor Alessandrini. Nous sommes un très grand équipement de recherche, au même titre qu’un accélérateur de particules, un télescope ou une ligne de production de rayonsX. » L’accès aux moyens de l’Idris, et à la matière grise de ses ingénieurs, est gratuit, mais encadré. « Chaque année, quatre © Photos : T. Goldmann/IDRIS-CNRS Au premier plan, les armoires de la Blue Gene/P. Derrière, le système IBM Power4, qui sera remplacé cet été par un système IBM Power6 pour compléter le supercalculateur. cents projets sont sélectionnés par des comités d’experts qui évaluent leur bien-fondé scientifique et leur adéquation avec nos outils de calcul. » Les demandes émanent du CNRS, des universités, d’organismes comme le CEA et même d’industriels, dans le cadre des contrats avec les laboratoires de recherche. Un véritable service public de calcul intensif dédié à la recherche. Les heureux élus obtiennent de l’Idris l’assistance de la quinzaine d’ingénieurs chargés de faire fonctionner et d’améliorer les machines, et surtout de la quinzaine de spécialistes de la traque aux calculs inutiles. Ces « gardiens du temple » étudient les programmes avec les chercheurs. « Avec l’expérience, on voit rapidement si un code de calcul est adapté à nos machines », précise Thierry Goldmann, en charge de la communication et de l’assistance à la visualisation des données à l’Idris. Les ingénieurs de l’institut, épaulés par des industriels, forment aussi les chercheurs du public et du privé aux techniques les plus récentes du calcul scientifique. Pour éviter de gaspiller les neurones électriques, il vaut mieux des cerveaux bien formés… Denis Delbecq 1. Peta- est le préfixe qui signifie 10 15. Le peta- vaut mille téra-, un million de giga-, etc. 2. Voir Le journal du CNRS, n°216-217 « Le CNRS ramifie sa toile de calcul ». CONTACTS Institut du développement des ressources en informatique scientifique, Orsay ➔ Victor Alessandrini, alessandrini@idris.fr ➔ Thierry Goldmann, goldmann@idris.fr
DEUX MACHINES POUR DEUX TYPES DE CALCUL Le CNRS a déboursé 25 millions d’euros (matériel, logiciels et maintenance pendant quatre ans) avec l’appui de l’Institut de France à hauteur de 10%. De l’extérieur, les chercheurs verront un seul ordinateur auquel ils accéderont via le réseau académique Renater. Mais derrière ce guichet unique, ils seront connectés à l’une ou l’autre des deux machines de conception très différente. Doté de 3584 processeurs de calcul de dernière génération (68 téraflops au total), le Power6 d’IBM remplacera une machine existante, pour des calculs qui nécessitent quelques dizaines ou centaines de puces en parallèle les plus rapides possibles. Par exemple, pour l’étude du climat. La seconde machine, un Blue Gene/P, est héritée des travaux d’IBM sur le calcul appliqué au génome. C’est un ordinateur massivement parallèle, doté de 40480 processeurs plus modestes, pour une puissance totale de 139 téraflops… Il servira notamment à l’astrophysique ou à l’océanographie. Et comme c’est le premier exemplaire de machine massivement parallèle disponible en France pour la recherche civile, il permettra aux chercheurs d’adapter leurs programmes pour l’avenir : dans trois ans, la future machine de classe « petaflop » du CNRS reposera sur ce type d’architecture massivement parallèle. Un colloque est organisé dès cet été pour réfléchir aux applications d’une telle puissance de calcul. D.D. ASTRONOMIE Le 7 février dernier, la navette spatiale américaine Atlantis a décollé et s’est « amarrée » quelques jours plus tard à la Station spatiale internationale (ISS). Elle y a livré le laboratoire européen Colombus 1 muni de plateformes externes. Sur l’une d’elle, sera installé Solar, un ensemble de trois instruments consacrés à l’observation du Soleil. L’un d’eux, l’instrument européen Solspec, a été construit par le Service d’aéronomie 2, l’Institut d’aéronomie spatiale de Belgique et l’Observatoire d’Heidelberg. Pendant plusieurs années, la toute nouvelle version de ce spectromètre solaire mesurera avec une précision inégalée la « composition » de la lumière du Soleil. Autrement dit, pour chaque longueur d’onde, l’énergie lumineuse émise par notre étoile. Comme l’explique Gérard Thuillier, ingénieur de recherche CNRS au Service d’aéronomie et responsable scientifique de Solspec, « la précision des mesures sera de l’ordre de 1%. Elle n’était que de 30% en 1970, et que de 6% dans les années 1980, avec la première version de Solspec. En 1998, j’ai fait une proposition à l’ESA pour l’ISS : le lancement était prévu en 2000, mais grâce au retard, nous avons pu apporter de très nombreuses modifications sur l’instrument, et atteindre cette grande précision. La seule chose qui n’ait pas changé, c’est son nom ! ». Mais pourquoi une telle course à la précision ? Tout simplement parce que la lumière émise par notre étoile constitue sa carte d’identité. Celleci intéresse au premier chef les physiciens solaires : afin de savoir si leurs modèles décrivent correctement les propriétés du Soleil, ils comparent leurs prédictions théoriques avec les mesures effectuées dans l’espace. « Avec des incertitudes de plusieurs pourcents, cette comparaison peut ne pas apporter d’information, indique Gérard Thuillier. Là, il est possible que les futures données conduisent à certains bouleversements dans la modélisation ! » Autre domaine où l’on attend beaucoup des mesures de Solspec : les sciences de l’atmosphère et du climat. En effet, les processus physiques et chimiques atmosphériques dépendent de la quantité d’énergie injectée par la lumière solaire. Or là encore, les prédictions des modélisations sont d’autant plus fiables que l’on connaît avec précision les propriétés de la lumière solaire. Outre la précision de Solspec, c’est aussi la longue durée de son séjour sur l’ISS qui intéresse les scientifiques. Elle permettra notamment d’éclairer le lien entre le cycle d’activité de onze ans de notre étoile et les variations climatiques. À l’origine, la mission devait durer trois INSITU 35 La lumière solaire à la loupe Le 7 février, le laboratoire © D. Ducros/ESA BRÈVE Le spatial se dessine au CNRS Le 27 mars 2008, se tiendra au siège du CNRS un séminaire sur le futur des sciences spatiales, organisé par le Cospar (Committee on Space Research) et le Space Studies Board des États-Unis. À l’occasion du 50 e anniversaire de l’Année géophysique internationale et de l’Année polaire internationale en cours, les intervenants parleront notamment de l’importance de la compréhension des régions polaires de la Terre, de la Lune et de Mars. ➔ Entrée libre dans la limite des places disponibles, mais inscription obligatoire avant le 20 mars : 01 44 76 75 10 > Le site du Cospar : http:Ilcosparhq.cnes.fr/Colombus (vue d’artiste) s’est amarré à la Station spatiale internationale. Il accueillera Solspec, un instrument conçu en partie au CNRS. ans. Aux dernières nouvelles, le spectromètre pourrait rester près de dix ans à bord de la station. « Ce serait une grande opportunité pour l’étude d’un cycle presque complet », conclut Gérard Thuillier. Mathieu Grousson 1. Ce laboratoire pressurisé sera utilisé par les astronautes pour mener des expériences en biologie, physiologie, sciences des matériaux, physique des fluides, technologie, sciences de la vie et éducation. 2. Service CNRS/Université Paris-VI/Université Versailles Saint-Quentin. CONTACT ➔ Gérard Thuillier Service d’aéronomie, Verrières-le-Buisson gerard.thuillier@aerov.jussieu.fr Le journal du CNRS n°218 mars 2008



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