KONRAD K/SIPA Alors que les chiffres sont alarmants, des mesures concrètes sont réclamées pour mieux accompagner les victimes. Le nombre fait froid dans le dos. Chaque jour, 137 femmes sont tuées dans le monde par un membre de leur famille, selon l’ONU, et une femme sur trois a déjà subi des violences physiques ou sexuelles au cours de sa vie. De la remarque sexiste jusqu’au crime le plus abject, ces actes ne connaissent ni frontières géographiques ni barrières sociales. Aujourd’hui, à l’occasion de la Journée internationale pour l’élimination de la violence à l’égard des femmes, des manifestations sont organisées un peu partout, et notamment en France. Samedi dernier, 18 000 personnes ont déjà manifesté à Paris pour dénoncer le sexisme, qui fait pourtant partie des grandes causes du quinquennat et alors que les associations soulignent des dysfonctionnements fréquents dans la prise en charge des victimes. Des statistiques à la hausse Selon le rapport du service statistique du ministère de l’Intérieur, publié lundi, les violences commises par un conjoint ou ex-conjoint ont augmenté de 10% en 2020. Les femmes en sont d’ailleurs les principales victimes (87%). Les autorités GRAND ANGLE 8 N°2630 JEUDI 25 NOVEMBRE 2021 CNEWS.FR UNE JOURNÉE ORGANISÉE POUR AGIR CONTRE LES VIOLENCES SEXISTES DES FEMMES À PROTÉGER A chaque manifestation, elles sont des milliers à faire entendre leur colère et à réclamer une réponse plus efficace. ont aussi constaté une hausse de 10% des violences conjugales pendant le premier confinement par rapport à la même période l’année précédente. Au total, en 2020, 102 femmes ont été tuées sous les coups de leur conjoint. Elles étaient 146 en 2019. Parallèlement, les appels au 3919, plate-forme d’écoute gratuite pour les femmes victimes de violences (conjugales, sexuelles, harcèlement, etc.) ont augmenté de 22% en 2020 et de 114% entre 2017 et 2020. Quelque 99 538 appels y ont été passés l’année dernière. La Fondation nationale solidarité femme, qui gère cette plate-forme, souligne par ailleurs que la quasi-totalité d’entre eux (95%) concernaient des violences conjugales. Si les signalements augmentent sur ce numéro, il n’en est pas de même chez les forces de l’ordre. Selon l’enquête Cadre de vie et sécurité 2019, chaque année en moyenne entre 2011 et 2018, seules 26% des victimes de violences conjugales poussent la porte du commissariat ou de la gendarmerie et 11% déclarent avoir porté plainte. Cela découle, selon les associations de protection des femmes, d’un dysfonctionnement dans l’accueil des victimes mais aussi du manque de solutions apportées aux femmes en détresse. Des réponses jugées insuffisantes De nombreuses victimes témoignent sur les réseaux sociaux, grâce au #Double- Peine, du mauvais accueil reçu dans certains commissariats. En octobre, le ministre de l’Intérieur affirmait qu’« il y a encore ici ou là des difficultés, parfois par manque de formation », tout en rappelant que, depuis le Grenelle sur les violences conjugales de 2019, 90 000 policiers et gendarmes ont reçu une formation dédiée. Il a toutefois annoncé l’expérimentation d’un nouveau dispositif de prise de plainte hors du commissariat, « au domicile de la personne, chez une amie, ou dans une mairie ». Dans LES ENFANTS PAS ÉPARGNÉS R. BEN-ARI CHAMELEONS EYE/NEWSCOM SIPA REPÈRES 25 NOVEMBRE 1960. En République dominicaine, les trois sœurs Mirabal, opposantes politiques, sont brutalement assassinées. Depuis, les militants pour les droits des femmes manifestent à cette date. 19 OCTOBRE 1999. L’Assemblée générale de l’ONU proclame la journée du 25 octobre Journée internationale pour l’élimination de la violence à l’égard des femmes. 1ER JANVIER 2014. Le 3919 devient le numéro national de référence d’écoute téléphonique pour les femmes victimes de violences. 3 SEPTEMBRE 2019. Emmanuel Macron lance un Grenelle sur les violences conjugales. 30 AOÛT 2021. Le numéro d’écou - te 3919 devient joignable 24h/24 et sept jours sur sept. son rapport 2021, la Fondation des femmes souligne aussi le manque de places d’hébergement d’urgence : 40% des femmes ne se voient pas proposer de solution pour être éloignées de leur conjoint violent. Si 1000 places supplémentaires sont prévues en 2021, portant leur nombre à 7 700, il en faudrait plus de 20 000, selon l’association. Preuve que le chemin est encore long. n L’INFO EN PLUS Contre la récidive, l’Etat teste la diffusion d’images de violences conjugales avec un casque de réalité virtuelle sur des hommes déjà condamnés. Les enfants peuvent aussi être victimes dans un cadre de violence au sein du couple. Selon les données de l’Observatoire national des violences faites aux femmes, 14 mineurs sont décédés en 2020, tués par l’un de leur parent. Les violences intrafamiliales touchent aussi particulièrement les jeunes filles. La Commission indépendante sur l’inceste a souligné, dans son premier bilan que, sur 3 800 victimes de violences sexuelles dans l’enfance qui lui ont soumis des témoignages, 9 sur 10 sont des femmes et 8 sur 10 ont subi des agressions au sein de leur famille. |