4 GRAND ANGLE 4 N°2620 VENDREDI 22 OCTOBRE 2021 CNEWS.FR P.GUYOT/AFP UNE MESURE POUR LUTTER CONTRE LA HAUSSE DU PRIX DES CARBURANTS L’ÉTAT AIDE À FAIRE LE PLEIN A 1,5583 euro, le litre de gazole n’a jamais été aussi cher, pesant directement sur le pouvoir d’achat des Français. Pour soulager les classes moyennes, une « indemnité inflation » de 100 euros a été annoncée hier par Jean Castex. Trois centimes début octobre, deux centimes la semaine dernière… Partout en France, le prix des carburants s’envole. A 1,5583 euro le litre, le gazole n’a jamais été aussi cher. Le SP95 atteint également des sommets historiques, s’échangeant à plus de 1,65 euro. Deux ans après le mouvement des gilets jaunes, cette flambée des prix pesait comme une menace au-dessus du pouvoir d’achat des Français, ce qui a poussé le gouvernement à proposer au plus vite une aide ciblée. Quelles solutions ? La mesure phare a été annoncée hier par le Premier ministre, Jean Castex, invité du journal de 20h de TF1. Et elle ne servira pas uniquement à faire le plein dans les stations-service. Cette « indemnité inflation de 100 euros sera versée aux Français qui gagnent moins de 2 000 euros net par mois », à la fin du mois de décembre pour les salariés, fin janvier 2022 pour la fonction publique, et « un peu plus tard » pour les retraités. Cette mesure est « la plus juste, la plus efficace », selon le Premier ministre, qui a souhaité attaquer le problème du pouvoir d’achat dans son ensemble. Les bénéficiaires, au nombre de 38 millions d’après les calculs de l’exécutif, « n'auront rien à faire [pour obtenir cette somme], ce sera automatique ». Le versement se fera via les entreprises pour les salariés, par la MSA (Mutualité sociale agricole) pour les agriculteurs, ou encore par l’Urssaf pour les indépendants. Cette aide sera donc attribuée sous conditions de ressources, et non pas en fonction de la consommation de carburants, ni même de la possession d’un véhicule. Le chef du gouvernement a en effet balayé la possibilité de contrôler les cartes grises de chacun (« une usine à gaz ») , et a rappelé qu’il n’y avait « pas que l’essence » qui pesait sur le budget des Français, mais plus globalement l’énergie, l’alimentation, etc. Dans cette optique, le Premier ministre a d’ailleurs annoncé également que le prix du gaz serait bloqué « tout le long de l'année 2022 ». Les experts « nous disent que vraisemblablement la décrue » des prix « sera plus lente » que prévue et « donc nous avons pris nos responsabilités », a fait savoir Jean Castex. Des ménages sous tension Mis sous pression depuis plusieurs semaines, le gouvernement se devait de réagir. Si le prix des carburants avait été très bas pendant la crise sanitaire, la demande est rapidement repartie à la hausse, avec la fin des restrictions de déplacement  : les tarifs ont donc augmenté d’environ 30% par rapport à octobre 2020. Or le carburant représente 10% du budget des foyers les plus pauvres en France, selon une étude de la chaire économie du climat de l’université Paris Dauphine, citée par Les Echos. L’augmentation des prix des carburants s’ajoute en outre à celles, déjà sensibles, des prix du gaz, de l’électricité, et même des produits alimentaires. Avec un risque que cela dure. « Nous arrivons en hiver, L’ESPAGNE AUX ABOIS K. HUESCA/EFE/AFP REPÈRES MARS 2020. Le monde se con - fine, et le prix du baril de pétrole atteint son plus bas niveau depuis 2003. Les prix des carburants s’effondrent. NOVEMBRE 2020. Après sept mois de baisse continue, les prix de l’éner - gie repartent à la hausse à l’approche de l’hiver. JUIN 2021. Les prix des carburants rattrapent leur niveau d’avant la crise sanitaire. 11 OCTOBRE 2021. Le gazole bat son record historique, établi à 1,53 euro en octobre 2018, juste avant la crise des gilets jaunes. 14 OCTOBRE 2021. Emmanuel Macron promet une « action de court terme » pour « ne laisser personne dans le désarroi » face à la flambée des prix. rappelle Jacques Percebois, économiste spécialiste de l’énergie. La demande d’énergie va rester forte, donc il n’y a pas de raison que les prix reculent. » De quoi engendrer un climat de tension générale, qui avait abouti au mouvement des gilets jaunes, en 2018. A quelques mois de l’élection présidentielle, Emmanuel Macron espère ainsi désamorcer la crise avant qu’elle ne fasse tache d’huile. n L’INFO EN PLUS Le gouvernement a lancé son propre site web (prix-carburant.gouv.fr) pour aider à localiser la station-service la moins chère de chaque département. La France n’est pas seule à subir la flambée des prix. Le litre de gazole se vend à 1,55 euro en Allemagne, et 1,59 euro en Italie. En Espagne, c’est pire  : la hausse des prix des carburants s’ajoute à celle du prix de l’électricité, qui a augmenté de 40% en un an. Le pays, très dépendant du gaz, a vu sa facture exploser cet été, la vague de chaleur ayant fait tourner les climatisations à plein régime. Madrid espère trouver des solutions lors du Conseil européen qui s’est ouvert hier. Soutenue par Paris, l’Espagne appelle à des « mesures exceptionnelles », comme l’achat conjoint de gaz.