8 GRAND ANGLE 8 N°2615 VENDREDI 8 OCTOBRE 2021 CNEWS.FR L. MARIN/AFP TOUT EST ENCORE POSSIBLE À SIX MOIS DU PREMIER TOUR DE L’ÉLECTION UNE PRÉSIDENTIELLE INDÉCISE Emmanuel Macron semble bien placé pour accéder au second tour, mais de nombreuses inconnues persistent. Entre les personnalités non déclarées, aux idées plébiscitées, et les candidats à la peine, le jeu politique est bousculé. L’incertitude, plus que jamais. Candidats qui ne décollent pas dans l’opinion, personnalités non déclarées qui jouent les trouble-fête… A six mois de l’élection présidentielle, rarement l’issue d’un scrutin aura semblé aussi ouverte. Même le duel au second tour entre Emmanuel Macron et Marine Le Pen, que tous les observateurs prédisaient, ne semble plus aussi inéluctable. Une situation confuse qui préfigure une campagne de tous les possibles, qui risque de durer jusqu’au 10 avril prochain, date du premier tour. Des partis en plein doute De chaque côté de l’échiquier politique, le flou règne. A gauche, après une réunion sans lendemain en avril, Insoumis, écologistes et socialistes semblent avoir enterré tout projet de candidature commune. Jean-Luc Mélenchon (crédité aux alentours de 11% d’intentions de vote, selon un sondage Harris interactive pour Challenges), Yannick Jadot (6%) et Anne Hidalgo (6%) avancent en ordre dispersé, et ne pèsent pas lourd dans la balance. A droite, l’heure n’est pas non plus au rassemblement, puisque le nom du candidat des Républicains ne sera connu que le 4 décembre. Les adhérents auront le choix entre Valérie Pécresse, Michel Barnier, Philippe Juvin et Eric Ciotti. Ou de l’auto-déclaré Xavier Bertrand, qui réunit pour le moment 13% des intentions de vote, et espère encore que ses concurrents finissent par se ranger derrière lui. Si personne ne s’impose comme une évidence, c’est notamment à cause d’un manque cruel de figures charismatiques. « On est face à des candidats qui n’ont pas un passé politique aussi important que ceux de 2017. Au mieux, ce sont d’anciens ministres », relève Bruno Jeanbart, politologue chez OpinionWay. Une faille dans laquelle s’engouffre Eric Zemmour, débutant en politique mais qui s’affirme comme la grande surprise de ce début de campagne, sans être officiellement candidat. Le polémiste est crédité de 17% et se place virtuellement au second tour. Il pourrait ainsi remplacer Marine Le Pen (15%) comme challenger d’Emmanuel Macron. Le président, dont la candidature ne fait guère de doute, est quant à lui installé à 24% et semble être le seul, actuellement, en position d’accéder au second tour. Une campagne encore longue Mais en six mois, beaucoup de choses peuvent encore arriver. Il suffit de jeter un coup d’œil dans le rétroviseur pour réussir à s’en convaincre. En octobre 2016, Alain Juppé était par exemple le grand favori des sondages pour la présidentielle… D’ici à avril prochain, des coalitions peuvent se nouer ou des candidats se retirer, plus ou moins volontairement. L’exemple de François Fillon, il y a un peu plus de cinq ans, a montré que personne n’est à l’abri d’une avarie. « Le monde moderne, avec les réseaux sociaux, est plus propice qu’avant à l’irruption d’événements ou de polémiques qui viendraient perturber le cours de campagne », souligne Bruno Jeanbart. « On a vu des favoris à l’automne se retrouver LE SPECTRE DE L’ABSTENTION P.HERTZOG/AFP REPÈRES 14 OCTOBRE 2021. Le Parti socialiste désignera son candidat à la présidentielle. Anne Hidalgo devrait être investie à l’issue d’un vote en interne. 4 DÉCEMBRE. Les adhérents des Républicains voteront pour désigner leur candidat à la présidentielle. Pour l’heure, seuls Michel Barnier, Valérie Pécresse, Eric Ciotti et Philippe Juvin sont prêts à participer. 28 MARS 2022. C’est le début de la campagne officielle. Le CSA devra faire respecter l’égalité du temps de parole entre les candidats et les premières affiches de campagne pourront être placardées sur les panneaux électoraux. 10 AVRIL. Les électeurs se rendront aux urnes pour le premier tour de l’élection présidentielle. en difficulté au printemps. Historiquement, l’élection se joue plutôt entre la mi-janvier et la fin février », ajoute le politologue. Enfin, l’opinion publique a elle aussi le temps de changer. Si l’immigration est l’une des principales préoccupations des Français en ce moment, d’autres, comme le pouvoir d’achat, pourraient dominer à leur tour le débat et changer une nouvelle fois la donne. n L’INFO EN PLUS C’est le général de Gaulle qui a obtenu le plus de suffrages lors d’un premier tour, sous la V e République, avec 44,65% des voix en 1965. L’une des clés du scrutin sera l’abstention. Celle-ci est en constante augmentation depuis 2007. En 2017, elle s’élevait à 22% au premier tour et 25% au second. Depuis, tous les scrutins ont été marqués par une forte abstention : plus de 50% aux élections législatives, 49% aux européennes, plus de 55% aux municipales et jusqu’à 66% aux élections régionales et départementales. Le vainqueur de la présidentielle sera aussi celui que saura le mieux mobiliser son électorat. « Plus la participation est faible, plus le scrutin est incertain », estime Bruno Jeanbart. |