GRAND ANGLE CNEWS.FR N°2610 JEUDI 23 SEPTEMBRE 2021 5 F. SCHEIBER/SIPA UN MOUVEMENT DE GRÈVE ORGANISÉ AUJOURD’HUI PARTOUT EN FRANCE COLÈRE DANS LES ÉCOLES Les enseignants, critiques vis-à-vis de l’exécutif, réclament des nouveaux postes et une revalorisation des salaires. S’estimant abandonnés, les professeurs réclament plus de moyens. Une gronde que l’Etat doit surveiller avant 2022. Trois semaines après une rentrée effectuée sous protocole sanitaire, la gronde des professeurs va se matérialiser aujourd’hui, avec un appel à la grève du corps enseignant. Quatre des syndicats de l’Education nationale (FSU-FO-Sud-CGT Educ’Action) dénoncent une rentrée marquée par une « absence d’anticipation » du gouvernement qui mène, selon eux, une politique « à rebours des besoins du service public ». A sept mois de la présidentielle, l’exécutif ne devrait pas faire la sourde oreille face à cette colère qui monte, d’autant plus que cet électorat, également dragué par les autres partis, avait largement voté en faveur d’Emmanuel Macron en 2017. Des attentes à plusieurs niveaux Trois revendications figurent au cœur des souhaits émis par les syndicats. Tout d’abord, la création de postes, au niveau des enseignants mais également dans le personnel de l’Education nationale dans son ensemble. Ensuite, une revalorisation des salaires, actuellement inférieurs à la moyenne européenne. Enfin, l’amélioration des conditions de travail qui sont jugées de plus en plus difficiles et effectuées en sous-effectif. « Notre Ecole ne peut fonctionner sans moyens supplémentaires et sans personnels revalorisés et reconnus dans leurs expertises professionnelles », a notamment affirmé l’intersyndicale dans son communiqué. Fin août, pour anticiper cette gronde, Jean-Michel Blanquer avait annoncé, en même temps que la mise en place du protocole sanitaire, une augmentation des salaires des enseignants qui pourrait atteindre jusqu’à 57 euros net par mois en 2022. Le ministre de l’Education nationale avait alors fait miroiter un salaire minimum de 2 000 euros net mensuels pour chaque enseignant débutant, à l’horizon 2024. Une promesse encore bien loin du compte pour les syndicats, qui comparent cette grille avec celles des pays voisins de l’OCDE, où la France se situe à la neuvième place seulement. Les rémunérations des enseignants Outre-Rhin, qui peuvent presque atteindre le double de leurs homologues français, attisent des convoitises et font grincer les dents comme des ongles sur un tableau noir. BIENTÔT DÉMASQUÉS I. HARSIN/SIPA EN CHIFFRES 35 500 EUROS brut mensuels, c’est le salaire perçu par les enseignants français. Il se situe loin derrière le Luxembourg (98 700) ou encore l’Allemagne (75 400). 59 650 ÉCOLES et établissements du second degré publics sont ouverts à la rentrée 2021. 1 201 500 PERSONNES travaillaient dans les établissements scolaires en 2021, dont 869 300 enseignants dans le public et le privé. 12 257 200 ÉLÈVES ont pris place cette année dans les classes des écoles, collèges et lycées en France métropolitaine et les Drom. 52,1 MILLIARDS D’EUROS, c’est le budget consacré en 2020 à l’enseignement scolaire. Cela correspondait à une hausse de 2% par rapport à l’année précédente. Un corps enseignant à séduire Le gouvernement se doit d’être attentif à cet électorat, traditionnellement marqué à gauche mais qui avait en grande partie choisi Emmanuel Macron, alors candidat de La République en marche, en 2017  : 38% lors du premier tour. De plus, l’Education est le cheval de bataille de certains autres concurrents, Anne Hidalgo en tête. La maire de Paris, qui a lancé sa campagne début septembre, a promis un salaire doublé pour les enseignants à l’issue des cinq années de son mandat si elle est élue. Une mesure qui séduit bien sûr les concernés, qui se demandent tout de même comment la socialiste pourrait mettre en œuvre une telle hausse. Une question à laquelle s’est empressé de répondre le gouvernement. L’actuel ministre de l’Education a chiffré une telle proposition à « 150 milliards (d’euros) à la fin du quinquennat » et l’a qualifiée de démagogique. Mais si cette promesse semble impossible à respecter, l’exécutif devra sûrement en trouver d’autres, assez séduisantes pour calmer la colère qui monte dans les classes, et éviter qu’elle ne se traduise dans les urnes en 2022. n L’INFO EN PLUS En mars 1229, les maîtres de l’université de Paris entament une grève, alors appelée « cessatio », qui durera deux ans. Une première. A l’issue d’un nouveau Conseil de défense sanitaire qui s’est tenu hier, le porte-parole du gouvernement, Gabriel Attal, a annoncé qu’à partir du lundi 4 octobre, le port du masque ne sera plus obligatoire à l’école dans certains territoires. Concrètement, les départements concernés par ces allègements sont ceux où le taux d’incidence du coronavirus se situe en dessous des 50 cas pour 100 000 habitants. Actuellement, c’est le cas dans une quarantaine de départements. Selon Gabriel Attal, le port du masque est « loin d’être anodin » pour les enfants.