GRAND ANGLE CNEWS.FR N°2606 MERCREDI 15 SEPTEMBRE 2021 3 L. MARIN/AFP LE PRÉSIDENT A CLÔTURÉ LE BEAUVAU DE LA SÉCURITÉ AVEC DES MESURES UNE POLICE EN MUTATION Lors de son discours, hier, Emmanuel Macron a annoncé des changements et une enveloppe d’1,5 milliard d’euros. Plaintes en ligne, amendes forfaitaires, transparence… L’Etat se veut ambitieux pour l’avenir du maintien de l’ordre. Un nouveau cap pour la police ? En déplacement à Roubaix (Nord), hier, pour marquer la clôture du Beauvau de la sécurité, Emmanuel Macron a esquissé sa vision du maintien de l’ordre, qui devrait aussi être un des axes forts de son programme pour 2022. « Le but est de penser la police de 2030 », a-t-il assuré. Souhaitant « plus de bleu sur le terrain », le président de la République a promis de doubler, dans les dix ans à venir, la présence des gendarmes et policiers sur la voie publique. Des forces de l’ordre qui seront dotées de nouvelles tenues (polo modernisé et calot qui remplacera la casquette) dès 2022 et de caméras-piétons d’ici à 2023. Au-delà de ces annonces sur la forme, le chef de l’Etat a dévoilé des mesures concrètes, afin de lutter contre l’insécurité. Des changements rendus possibles grâce à une augmentation d’1,5 milliard d’euros du budget en 2022. Des procédures pénales réduites sur la durée Parmi les mesures annoncées par Emmanuel Macron, qui a appelé à « repenser les grands équilibres de la procé- dure pénale »  : une « simplification drastique » de la conduite des enquêtes et une « nouvelle écriture du code ». Il a critiqué les « piles de papiers » qui s’amoncellent sur le bureau des policiers. Un symbole de la « lourdeur des procédures », qui fait perdre du temps et permet parfois « à des victimes d’être menacées ou des délinquants d’être libérés ». Désormais, les rappels à la loi seront supprimés, remplacés par de véritables poursuites judiciaires ou l’abandon des charges, en fonction du degré de gravité estimé. Alors que doivent s’ouvrir prochainement des « états généraux de la justice », il a demandé au garde des Sceaux de lui proposer, « d’ici à trois mois », « des mesures très concrètes ». Des amendes forfaitaires créées pour certains délits Les amendes forfaitaires doivent elles aussi mettre fin aux procédures trop longues. Elles seront par exemple appliquées automatiquement aux gens du voyage qui utilisent illicitement des terrains. Il en sera de même pour les occupations de halls d’immeuble, dès octobre prochain. Il faut frapper au porte-monnaie, a estimé Emmanuel Macron, « tout en arrêtant de faire remplir de la paperasse ». Les nouvelles formes de criminalité dans le viseur Emmanuel Macron a également annoncé une loi de programmation pour la sécurité intérieure. Une façon de réfléchir sur un « temps long » aux nouvelles formes de criminalité (« terrorisme, cybercriminalité, manifestations sporadiques, violence débridée » …). Ce projet de loi doit être proposé au début de l’année 2022. L’action numérique du ministère de l’Intérieur doit aussi être restructurée, a demandé le président de la République. UN THÈME DE CAMPAGNE CHAMUSSY/SIPA Une prise en charge des victimes améliorée Le chef de l’Etat a également plaidé pour une meilleure prise en charge des victimes. Les femmes victimes de violences conjugales seront les principales bénéficiaires de cette évolution attendue, avec la mise en place de téléphones grave-danger, de lignes d’écoutes, et d’une meilleure formation des agents. Pour aller plus loin, la plainte en ligne doit être rendue possible dès 2023, a affirmé Emmanuel Macron. Un référent doit aussi être identifié pour permettre de suivre plus facilement l’avancée d’une procédure. Un contrôle des sanctions par les parlementaires Concernant l’image des forces de l’ordre, le président a été clair. « Nous devons tendre à l’irréprochabilité », a-t-il estimé, en expliquant que 4% des 7 564 appels reçus entre le 12 février et le 31 août par la plate-forme de signalement des discriminations concernaient les forces de l’ordre. Les rapports de l’IGPN et l’IGGN seront désormais rendus publics. Des sanctions devront, si besoin, être prises dans le mois qui suit, avec la même transparence. Une instance de contrôle parlementaire des forces de l’ordre sera créée pour vérifier ce point. Une manière de répondre aux critiques visant l’IGPN (« la police des polices ») , accusée de manquer d’indépendance, en particulier dans les dossiers de violences policières. n L’INFO EN PLUS En vieux français, « police » signifiait « gouvernement ». Il s’est ensuite rattaché à la gestion d’une cité, avant de prendre le sens connu aujourd’hui. Avec ses annonces sur la sécurité, Emmanuel Macron s’est positionné sur un thème de campagne majeur concernant la présidentielle d’avril 2022. Aujourd’hui, c’est Xavier Bertrand, candidat déclaré, qui l’imitera en présentant ses propositions pour faire reculer la violence. Marine Le Pen en fait elle aussi un pilier de son programme, tandis que le sujet est également repris par Fabien Roussel, candidat communiste. Il estime que la gauche « doit prendre à bras-le-corps les questions d’insécurité qui gangrènent l’existence de tant de villes et quartiers populaires ».