CNews n°2604 8 sep 2021
CNews n°2604 8 sep 2021
  • Prix facial : gratuit

  • Parution : n°2604 de 8 sep 2021

  • Périodicité : quotidien

  • Editeur : Matin Plus S.A.

  • Format : (595 x 815) mm

  • Nombre de pages : 24

  • Taille du fichier PDF : 3,9 Mo

  • Dans ce numéro : la barbarie face aux juges.

  • Prix de vente (PDF) : gratuit

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4 GRAND ANGLE 4 N°2604 MERCREDI 8 SEPTEMBRE 2021 CNEWS.FR © R. DELALANDE/SIPA LES ATTENTATS DU 13 NOVEMBRE 2015 JUGÉS À PARTIR D’AUJOURD’HUI UN PROCÈS POUR L’HISTOIRE Les attaques menées à Paris et à Saint-Denis, il y a un peu moins de six ans, ont fait 130 morts et plus de 350 blessés. Vingt accusés, 1 800 parties civiles, plus de 300 avocats… Un rendez-vous hors norme pour un drame indélébile. Six ans déjà. Six ans seulement. Le 13 novembre 2015, la France était frappée, à Paris et Saint-Denis, par les attaques terroristes les plus meurtrières de son histoire. Bilan : 130 morts, plus de 350 blessés et tout un pays meurtri. Ce mercredi 8 septembre, le moment est venu de juger ceux par qui la souffrance est arrivée, au cours d’un procès hors norme, la plus grande audience criminelle jamais organisée en France. L’appel des parties civiles, qui sont près de 1 800 (représentées par plus de 300 avocats), d’une vingtaine de nationalités, prendra à lui seul deux jours entiers. Celui des témoins égrènera une centaine de noms, dont ceux de François Hollande et Bernard Cazeneuve. Un «marathon judiciaire» Les débats seront entièrement filmés pour être intégrés aux archives et la cour s’installera dans une salle d’audience spécialement construite pour l’occasion, de 550 places, dans le palais de justice de Paris. Prévu pour durer neuf mois, le procès a des allures de «marathon judiciaire», selon Eric Dupond-Moretti, le garde des Sceaux. Au total, vingt per- sonnes seront jugées, dont six par défaut puisque présumées mortes. Le box des accusés comptera donc 14 occupants : trois comparaissent libres, sous contrôle judiciaire, et les onze autres resteront incarcérés en Ile-de-France pendant toute la durée des débats. Ils sont douze à encourir la réclusion criminelle à perpétuité. Le procès doit permettre de déterminer le rôle de chacun dans la préparation et la commission des attentats. Il s’agit de retracer le parcours des accusés, de la Syrie jusqu’à l’Europe et notamment en Belgique. Ils seront eux-mêmes auditionnés à plusieurs reprises, mais pas avant 2022. Le premier interrogatoire de Salah Abdeslam, unique survivant parmi les auteurs directs présumés des attaques, est ainsi prévu pour les 13 et 14 janvier prochain. Reste à savoir s’il s’exprimera lors de l’audience, sachant qu’il est resté mutique pendant la majeure partie de l’instruction. S’il parle, cela pourrait faire la différence pour les victimes des attentats et leurs proches. Ces parties civiles seront entendues à partir du 28 septembre et pour cinq semaines, à raison d’une demi-heure par prise de parole. Soit quatorze auditions par jour environ. La reconnaissance des victimes Le temps consacré à l’écoute des parties civiles sera limité, mais beaucoup souhaitent en user pleinement pour raconter en détail ce qu’ils ont traversé. L’horreur. La douleur. Les séquelles. Philippe Duperron, dont le fils a été tué au Bataclan, attend ce moment, à la fois avec «impatience» et «anxiété». Le président de l’association 13onze15 Fraternité-Vérité sait que des «souvenirs douloureux» vont «remonter à la surface». D’un autre côté, le procès est l’occasion de se faire entendre, de confronter les coupables et de trouver, peut-être, des réponses. Pour ce père endeuillé comme pour beaucoup d’autres, l’enjeu est également d’être reconnu comme une victime par «la justice de la République». Et si ces quelques SÉCURITÉ MAXIMALE © T. COEX/AFP REPÈRES 28 SEPTEMBRE 2021. Début des témoignages des victimes et de leurs proches. 10 NOVEMBRE. François Hollande, chef de l’Etat au moment des attentats, doit être auditionné. Le soir du 13 novembre 2015, il assistait au match France-Allemagne, au Stade de France. 17 NOVEMBRE. Après une brève suspension du procès pour le sixième anniversaire des attentats, Bernard Cazeneuve, à l’époque ministre de l’Intérieur, sera entendu. 6 AVRIL 2022. Les avocats des parties civiles commenceront leurs plaidoiries. Elles dureront jusqu’au 22 avril 2022. 24 ET 25 MAI. La cour d’assises spéciale rendra son verdict, en expliquant ses motivations. mois d’audience appartiennent avant tout aux parties civiles, le 13-Novembre est également indissociable d’un effroi collectif. C’est pourquoi une dizaine de salles de la cour d’appel pourront être utilisées pour retransmettre le débat en direct et permettre aux Français de suivre le déroulé de ce procès historique. Celui d’une blessure nationale loin d’être refermée. n L’INFO EN PLUS Le dossier d’instruction de l’affaire compte 542 tomes, soit 53 mètres linéaires et l’équivalent d’un tiers de la hauteur du tribunal judiciaire de Paris. Les jours d’audience, c’est-à-dire du mardi au vendredi et certains lundis, le palais de justice sera sous haute surveillance. La préfecture de police de Paris indique qu’un périmètre de sécurité, compris entre le Pont-Neuf, le pont au Change et le quai de l’Horloge, le quai des Orfèvres et le boulevard du Palais, sera installé sur la pointe ouest de l’île de la Cité. Les personnes souhaitant y pénétrer seront fouillées. La circulation sera en outre interdite sur le boulevard du Palais, le quai de l’Horloge et le quai des Orfèvres. Ce dernier sera également fermé pour les piétons.
GRAND ANGLE CNEWS.FR N°2604 MERCREDI 8 SEPTEMBRE 2021 5 L’EX-MAGISTRAT GEORGES FENECH PUBLIE UN LIVRE SUR LES ÉVÉNEMENTS «IL Y A UN AVANT ET UN APRÈS» Il était au cœur de l’enquête. Ancien président de la commission d’enquête parlementaire consacrée aux attentats du 13 novembre 2015, Georges Fenech a été chargé de «rechercher les éventuels dysfonctionnements et failles» des services de l’Etat ce soir-là. Dans son livre Bataclan, Paris, Stade de France – Le procès (éditions du Rocher), il présente les conclusions de ce travail ainsi que les propositions formulées par la commission pour améliorer le dispositif français de lutte contre le terrorisme. En quoi ce procès est-il «hors norme» ? Au-delà des chiffres, qui relèvent du jamais vu, c’est un procès hors norme parce qu’on peut dire qu’il y a eu un avant et un après 13 novembre 2015 en France, comme il y a eu un avant et un après 11 septembre 2001 aux Etats- Unis. On est passé dans un autre monde de menace terroriste. On a dû modifier tous nos dispositifs, on a dû restreindre nos libertés pour plus de sécurité, on a fait entrer dans le droit commun des éléments d’état d’urgence. Le consultant pour CNEWS estime que la menace est toujours présente. Quelles étaient les failles du système français à l’époque ? L’un de mes chapitres s’intitule «Nous n’étions pas prêts», parce qu’après six mois de travaux, nous avons conclu que le dispositif d’alors, qui datait des années 1970-1980, n’était plus adapté à cette nouvelle forme de menace. Il a fallu revoir le schéma national d’intervention. La coordination des services a aussi été améliorée. D’abord au niveau national, mais aussi au niveau européen. Où en est la menace terroriste aujourd’hui dans le pays ? Depuis 2015, nous avons été touchés par de multiples attentats. Mais il s’agissait d’attaques endogènes, commises par des individus déjà présents sur le territoire. Alors que les attaques du 13 Novembre étaient commandées de l’extérieur, depuis l’étranger, avec un entraînement militaire des assaillants. La menace d’un nouvel attentat plus structuré n’est toutefois pas à exclure. D’abord parce que les groupes jihadistes retrouvent une certaine vigueur et parce que de nouvelles menaces ont été proférées contre la France en juillet dernier par al-Qaida. Aujourd’hui, en France, nous sommes mieux protégés qu’en 2015, oui. Mais on est encore loin du compte. Si on remonte à 2012 et Mohammed Merah, ça fait bientôt dix ans que nous vivons sous cette menace et connaissons des actes terroristes. Sans doute qu’il y en a encore pour autant de temps avant de se dire «on a gagné une guerre». Pour l’instant, on a simplement gagné une bataille. n © R. RIPPE



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