Comme n’importe quelle espèce, l’homme peut tirer profit de son environnement dans un échange de bons procédés. Dans le Haut-Béarn, territoire de pastoralisme où 95% du foncier appartient aux communes, les habitants le savent bien. Enfant du pays, l’ingénieur agronome Didier Hervé a construit l’IPHB avec son ami Jean Lassalle en 1994 : « Nous n’avons pas besoin de protéger notre nature, en pleine santé, mais de la gérer intelligemment pour mener aussi bien des activités agricoles que du tourisme, explique-t-il. Scellée par une charte rédigée par les gens des vallées, l’IPHB est un facilitateur territorial pour le développement local en matière d’agropastoralisme, RENCONTRES DIDIER HERVÉ Directeur de l’Institution patrimoniale du Haut-Béarn(IPHB) « Il n’y a pas mieux que la dent de nos animaux pour entretenir nos territoires » de forêt, d’eau et d’environnement. » 65% du Haut-Béarnse consacrant aux pâturages, l’IPHB fait appel aux images satellite Sentinel-2 pour développer, avec l’aide du Cesbio, un outil de diagnostic adapté aux prairies d’altitude. Objectif : suivre plus finement l’évolution des estives et les résultats de la transhumance. Au contact de cet homme du terroir, il devient évident que les natures sauvage et domestique s’autoalimentent dans un cercle vertueux et fécond. « Les pâturages sont le prolongement des exploitations des vallées, au bénéfice de la biodiversité locale. La brebis broute l’herbe fine, la vache prend ce que ne mange pas la brebis, le cheval attaque des plantes 3 0 plus dures et la chèvre va encore plus loin pour débroussailler et nettoyer. » Au final, une estive bien pâturée génère plus de 200 espèces botaniques riches d’« oligo-aliments » utiles aux animaux. « Sans la dent des ruminants, complète Didier Hervé, les noisettes de montagne si prisées des sangliers seraient étouffées par une végétation réduite à une vingtaine d’espèces invasives, et les jeunes gallinacés friands de micro-insectes des pelouses de pâturages disparaîtraient. Ours, aigle royal, gypaète barbu, desman des Pyrénées... toutes ces espèces sont des marqueurs qui résultent de nos pratiques et usages, pour le plus grand bonheur des habitants comme des visiteurs. » |