le diable par la queue La soul « evil » du duo de satanistes pratiquants Alexandra et Zacchary James, aka Twin Temple, avait fait l’objet de captations YouTube surréalistes sur la tournée nord-américaine 2019 en première partie de Graveyard/Uncle Acid & The Deadbeats. Le 10 avril dernier, au Backstage de Paris, l’expérience s’est prolongée en 4D avec forces jets de sang - qu’on nous garantit véritable - dans la foule metal et LGBTQIA+. [Entretien avec Alexandra James (chant, incantations) par Jean-Christophe Baugé - Photo : DR] Alexandra, comment as-tu rencontré ton guitariste et mari Zacchary ? Lors d’un concert, via nos anciens groupes punk. On aimait le punk mélodique de 1977, mais aussi Chuck Berry. On était les deux seuls à ne pas porter de veste en jeans bariolée, mais des creepers en daim… On ne pouvait que se trouver. Etes-vous les mêmes à la ville comme à la scène ? Le monde entier est une scène (NDLR : William Shakespeare), mon cher ! En privé, nous pratiquons tous les jours le rituel mineur de bannissement du pentagramme, c’est la base. Mais aussi la magie sexuelle et sigillaire. Comment envisages-tu le satanisme, notamment dans tes paroles ? Nous ne croyons pas en ce petit diable rouge qui, avec son trident, pousse au péché, mais au libre arbitre et à la responsabilité de chacun dans ses actes. Dans les paroles, j’égratigne notamment les drogués qu’on porte au pinacle dans la culture rock. Pourquoi avoir sorti ce premier album, Satanic Doo-Wop, en indépendant, en 2018 ? Parce qu’à l’époque, notre manager, notre producteur, puis les labels nous ont dit que nos premières chansons ne correspondaient à aucun format connu, et que ce serait suicidaire de les sortir telles quelles. Nous avons donc décidé de nous faire plaisir avec Twin Temple, sans espoir de vivre de notre musique. Mais les fans, de plus en plus nombreux à nos concerts, ont fini par se sentir frustrés : aucun album n’était disponible au stand de merch’. On l’a donc sorti par nos propres moyens. Et l’un de nos amis l’a envoyé à Lee Dorrian, patron du label Rise Above. On a ensuite parlementé dans un pub victorien où, selon la légende, a été organisée l’attaque du train postal Glasgow - Londres en 1963 (NDLR : The Pointer, à Brill, près d’Oxford). La suite, tu la connais. Pourquoi l’avoir enregistré en seulement deux jours… et en mono ? On voulait rendre hommage à la musique et aux techniques de production vintage qu’on adore. Satanic Doo-Wop est un disque honnête qui capte l’essence de ses musiciens dans toute leur humanité, toute leur imperfection. On a tout enregistré live, sur bande, avec Jonny Bellau studio Jazzcats (NDLR : Long Beach, CA). Le processus a été rapide - une journée pour l’enregistrement, une autre pour le mixage et l’ajout des chœurs - car nous n’avions qu’à choisir les meilleures prises. Le mix mono est un pied de nez aux standards actuels de l’industrie musicale… Et en plus, ça sonne mieux ! Qui est le modèle de la pochette du LP, dont le sexe glabre (visible sur la version cassette) est désormais hors champ ? Ce sera notre petit secret… Ce sont nos distributeurs qui nous ont obligés à recadrer la photo. Apparemment, la nudité est toujours considérée comme une offense. Vos musiciens live sont-ils les mêmes qu’en studio ? Oui, à une exception près : le trompettiste et le saxophoniste baryton de l’album ont été remplacés par un seul saxophoniste ténor. Combien de temps mets-tu à faire ton chignon-choucroute à la Amy Whinehouse ? 666 heures (rires). J’avais plutôt dans l’idée de copier ce que pourrait donner Brigitte Bardot en sorcière dans un film de la Hammer. They’ve never sounded as rough, ready and rocking. –Rolling Stone |