Multi-instrumentistes de rien, joueurs de tout Nous avons rencontré les Perpignanais de The Limiñanas de passage à Paris, juste avant un DJ set au Crillon, pour parler de leur nouvel album I’ve Got Trouble In Mind, un recueil de pépites aux influences garage rock. [Entretien avec Lionel Limiñana (chant, multi-instruments) par François Capdeville - Photo : DR] Votre album I’ve Got Trouble In Mind compile plusieurs titres que vous avez créés entre 2015 et 2018. Comment est né le projet ? Nous étions en tournée et nous hésitions entre faire un album live et un nouvel album. Côté live, nous n’avons pas trouvé de conditions satisfaisantes, par contre nous savions que nous avions beaucoup de vieux titres sur nos disques durs. Nous avons fait un travail de sélection en sachant que Because Music était chaud pour sortir un double. On a fait remixer les morceaux par Jim Diamond, le producteur des White Stripes, qui a fait un super boulot. Côté artwork, nous avons à nouveau fait appel à Elric Dufau. Quel est votre titre favori ? Marie aime beaucoup « La Cavalerie », parce qu’il est différent de ce que nous faisons d’habitude. Nous l’avons réalisé en une journée, par manque de temps. Nous aimons bien aussi le live en Australie, « The Train Creep A Loopin », un titre que nous avons fait avec Pascal Comelade en studio à Melbourne à 4 heures du mat’. Votre carrière musicale a d’abord démarré aux USA. Racontez-nous vos débuts… C’est vrai que nous avons d’abord signé aux USA. Au début, nous voulions juste bidouiller des titres avec Marie. En 2009, nous avons sorti deux titres sur MySpace : « I’m dead » et « Migas 2000 ». Et comme il fallait un nom et qu’on adore les groupes qui ont des noms de famille, comme les Ramones, j’ai repris le mien : Limiñana. Deux jours plus tard, nous étions approchés par Hozac, un label indé américain. Ensuite, c’est Trouble In Mind, un super label de rock psyché de Chicago qui nous contacte. On leur a répondu que c’était trop tard pour ces deux titres, mais qu’on en avait plein d’autres. Ce qui était faux, mais qui nous a permis de signer avec eux. On leur a pondu « Une Berceuse Pour Clive » et « Je Ne Suis Pas Très Drogue ». Et ils sont revenus vers nous avec une demande d’album, ce qui nous a obligé à acheter du matos. Et nous avons continué à bidouiller à la maison. Finalement, The Limiñanas a grandi en fonction des commandes de votre label de l’époque… Mouais, mais pas que. Nous avons surtout grandi au fur et à mesure des rencontres, sans jamais avoir de plan de carrière. Et c’est pour ça qu’on s’est toujours fait plaisir. Nous n’avons jamais senti de pression autre que celle de monter sur scène. En fait, nous nous sommes contentés d’accepter continuellement des commandes - sans avoir le temps de les honorer - parce que c’est rassurant d’avoir des projets sous le coude. Et ça fait dix ans que ça dure. Peut-on dire que The Limiñanas est dans la lignée french pop d’un Etienne Daho, avec une touche dandy à la Sébastien Tellier ? Alors, c’est très flatteur. Ce sont des artistes que nous respectons beaucoup. D’ailleurs, nous sommes en train de bosser avec Etienne Daho. Mais, en réalité, nous venons de la scène garage punk pure et dure. Nous sommes des grands fans de la musique garage sixties, des Velvets. Nous avons plein de goûts en commun avec Etienne, notamment pour tous ces girls bands des sixties comme les Marvelettes, mais aussi Phil Spector et Syd Barrett. Par contre, je ne crois pas que nous soyons des dandys. THE LIMINANAS I’ve Got Trouble In Mind Vol.2 Rock garage Because Music Voici un nouvel album au graphisme réussi qui compile quelques pépites retrouvées au fond des disques durs des Limiñanas. La reverb’est poussée à fond. Le tambourin est omniprésent. Nous sommes en présence d’un ensemble hétéroclite de sonorités qui sonnent bien rock garage. Au final, c’est une ballade agréable qui s’offre à nous, et qui aurait pu faire office de bande-son pour cet univers cinématographique sixties remis au goût du jour par Tarantino. Coup de cœur pour « La Cavalerie » et son refrain entêtant, ainsi que « Nuit fantôme » dont le phrasé aurait pu venir d’Etienne Daho. Un album à écouter dans une belle américaine décapotable, en sillonnant le désert. [François Capdeville] CATFISH Morning Room EP Rock garage Odeva Edition/Buena Onda Music Les deux moitiés du poisson-chat franc-comtois, Amandine Guinchard (chant) et Damien Félix (guitare), sont de la nouvelle génération des producteurs en chambre. Qui, dans leur quête identitaire, sont allés à la cabosse, vers le blues rugueux le temps d’un premier album (Muddy Shivers, en 2014) et le rock electro le temps d’un second (Dohyō, en 2016). Ce nouvel EP 5 titres donne une cohérence à ces aventures éparses. Il marque le retour de la saturation originelle pour les voix et les guitares. Et le début d’une politique inflationniste en matière d’instrumentation, puisqu’un orgue Farfisa tape désormais l’incruste dans cette trouble fête (Ben Muller et Antoine Passard sont crédités aux claviers et à la batterie). La remarquable mise en images de « Mama’s Got The Devil Eye », rock garage au refrain fleuri, mêle l’ombre de l’une à la lumière de l’autre. Le nonchalant « King Of Monkeys », le dansant « The Morning Room », le poppy « Sour Sorrow » et le martial « Death Army » sont au diapason. Voici ce vers quoi devrait tendre tout projet pop/rock qui se réclame de bon goût. [Jean-Christophe Baugé] METAL OBS’7 |