Chroniques n°87 jan/fév/mar 2020
Chroniques n°87 jan/fév/mar 2020
  • Prix facial : gratuit

  • Parution : n°87 de jan/fév/mar 2020

  • Périodicité : trimestriel

  • Editeur : Bibliothèque nationale de France

  • Format : (210 x 270) mm

  • Nombre de pages : 44

  • Taille du fichier PDF : 28,0 Mo

  • Dans ce numéro : la BD à la BnF.

  • Prix de vente (PDF) : gratuit

Dans ce numéro...
< Pages précédentes
Pages : 6 - 7  |  Aller à la page   OK
Pages suivantes >
6 7
expositions Tolkien, voyage en Terre du Milieu I Jusqu’au 16 février 2020 BnF I François-Mitterrand Commissariat : Vincent Ferré, professeur à l’université Paris-Est Créteil I Frédéric Manfrin, conservateur au département Philosophie, histoire, sciences de l’homme, BnF I Commissaires associées : Élodie Bertrand et Émilie Fissier, BnF En partenariat avec Connaissance des arts, Télérama, Le Monde, France Culture, France Télévisions Autour de l’exposition : voir agenda p. 13, 18 et 20 Tolkien et fils, deux vies pour une œuvre L’exposition consacrée par la BnF à J. R. R. Tolkien éclaire la fabrique de l’œuvre foisonnante et protéiforme de ce créateur de mondes, de langues et de personnages devenus légendaires. Restée inachevée à la mort de l’écrivain, l’œuvre doit à son fils Christopher d’avoir été éditée et rendue accessible à tous. Leo Carruthers, professeur émérite à l’université Paris-Sorbonne, revient sur l’exceptionnelle collaboration intellectuelle entretenue par J. R. R. Tolkien avec son fils. Chroniques : Troisième d’une fratrie de quatre, Christopher Tolkien a été très tôt associé à l’activité créatrice de son père. Comment cette complicité s’est-elle construite ? Leo Carruthers : Christopher a écouté les contes de son père et l’histoire du Hobbit quand il était enfant, mais surtout il avait le même intérêt que lui pour les langues anciennes et la littérature médiévale, la même attirance pour les mythes, ce qui n’était le cas ni de ses deux autres frères ni de sa sœur cadette. Dès l’adolescence, il a commencé à collaborer avec son père, par exemple pour retranscrire certains manuscrits. En 1944-45, jeune membre de la Royal Air Force basé en Afrique du Sud, Christopher relisait les chapitres du Seigneur des Anneaux que son père lui envoyait au fur et à mesure qu’il les écrivait, pour avoir son opinion. J. R. R. Tolkien avait fait un brouillon de carte de la Terre du Milieu qui était devenu illisible à force de corrections, et c’est Christopher qui l’a redessinée pour la publication en 1954-55. C. : Christopher a cheminé sur les traces de son père ? L. C. : Oui. Après la guerre, il a terminé une licence d’anglais à Oxford puis a fait une thèse en littérature islandaise médiévale. En 1963, il a été élu maître de conférences à l’université d’Oxford. Il a continué à travailler sur la littérature médiévale, à éditer des textes anciens. J. R. R. Tolkien a désigné comme exécuteur littéraire ce fils dont il était très proche, un médiéviste réputé, un philologue, 6 I c h r o n i q u e s d e l a bnf nº87 un collègue… Bref la personne idéale pour s’occuper de son œuvre et pour faire le tri dans tous les manuscrits qu’il a laissés. En effet, J. R. R. Tolkien a travaillé pendant des décennies sur sa mythologie mais n’a jamais réussi à la terminer. L’un des problèmes est qu’ayant rédigé de multiples versions de ses manuscrits, il reprenait parfois une des versions anciennes sans se rendre compte qu’il en existait une autre plus récente. C’était un véritable labyrinthe ! Seul Christopher était capable de tirer cela au clair, parce que non seulement il connaissait la mythologie, mais il avait aussi les outils intellectuels nécessaires pour éditer ces textes. Lorsqu’il s’est rendu compte qu’il serait impossible de mener de front ce travail et une carrière universitaire, il a démissionné de son poste à l’université. Puis il s’est éloigné de la Grande-Bretagne pour être plus au calme et s’est établi en France, avec sa femme Baillie et leurs deux enfants. Pour la première fois, à la parution du Silmarillion en 1977, les lecteurs ont pu découvrir l’étendue de la mythologie laissée par J. R. R. Tolkien. Insatisfait de cette première sélection de textes, Christopher a publié trois ans plus tard les Contes et légendes inachevés, qui proposent d’autres versions de certains chapitres du Silmarillion avec des explications sur les choix effectués. Suivront d’autres écrits qui sont des développements des premiers. Il publiera ainsi une série de douze volumes intitulés Histoire de la Terre du Milieu entre 1983 et 1996, qui analysent les relations parfois très complexes, de nature souvent philosophique, entre ces textes. Christopher a consacré sa vie à travailler sur les manuscrits de son père et à produire des éditions. Le dernier volume est sorti en 2018. Propos recueillis par Sylvie Lisiecki Délégation à la Communication Leo Carruthers Catalogue Tolkien, voyage en Terre du Milieu Sous la direction de Vincent Ferré et de Frédéric Manfrin, 304 pages, 200 illustrations, 40 €
Le traducteur, serviteur de deux maîtres Auteur d’une œuvre de fiction au succès planétaire, J. R. R. Tolkien était également philologue et spécialiste de vieil-anglais et de littérature médiévales anglaises. Christine Laferrière a traduit aux éditions Christian Bourgois plusieurs de ses essais et textes critiques. Elle revient pour Chroniques sur ce travail de traduction très particulier. Chroniques : Comment êtes-vous devenue traductrice ? Christine Laferrière : C’est en traduisant Tolkien que je suis devenue traductrice ! En 2004, j’ai rencontré Vincent Ferré, qui m’a proposé de traduire les essais de Tolkien, Les Monstres et les critiques, parus en 1983 au Royaume-Uni. Je suis par ailleurs professeure d’anglais, j’avais étudié la littérature et la langue médiévales anglaises : les divers sujets de ces textes ne pouvaient que me fasciner. J’ai donc accepté sans hésitation. Le livre a été publié aux éditions Bourgois en 2006. Plus tard j’ai traduit des auteurs tels que Toni Morrison (Home, Délivrances, L’Origine des autres…), ou encore Margaret Drabble, Jon McGregor. Comme j’ai appris le tchèque, je travaille aussi sur des livres de littérature tchèque. Je traduis en tout deux ou trois livres par an, et c’est avant tout un plaisir. C. : Pouvez-vous nous parler des spécificités de la traduction des œuvres de Tolkien ? C. L. : Quand on traduit Tolkien, on est confronté à des contraintes multiples. Dans deux cas, La Légende de Sigurd et Gudrún et La Chute d’Arthur, il m’a fallu tenir compte du fait que certains éléments étaient déjà traduits, puisqu’on disposait de multiples sources, issues des légendes scandinaves pour le premier et de sources diverses – y compris À gauche J. R. R. Tolkien et ses quatre enfants dans leur jardin à Oxford, 1936 Oxford, Bodleian Library © The Tolkien Trust À droite Fendeval, illustration du Hobbit,1937 Oxford, Bodleian Library © The Tolkien Estate françaises – pour le second. Dans le cas du poème Beowulf, j’ai traduit une traduction en prose que Tolkien lui-même avait effectuée pour ses étudiants et qui était accompagnée d’un appareil de notes, extrêmement fourni, explicitant ses choix. J’ai traduit le texte de Tolkien sans spécialement revenir au texte d’origine. C. : Qu’est-ce qu’une bonne traduction ? C. L. : Pour moi, traduire c’est servir équitablement deux maîtres, c’est tenter de satisfaire à la fois l’intérêt de l’auteur et celui du lectorat francophone. Il s’agit de ne pas trahir le premier et de ne pas léser le second. Je dois être à la fois dans l’univers de l’œuvre et dans l’usage qui est fait de la langue française. Et c’est à l’espace, à la virgule près. Il n’y a aucun hasard en traduction ; je peux justifier le moindre des termes que j’ai utilisés. Propos recueillis par Sylvie Lisiecki Délégation à la Communication c h r o n i q u e s d e l a bnf nº87 I 7



Autres parutions de ce magazine  voir tous les numéros


Liens vers cette page
Couverture seule :


Couverture avec texte parution au-dessus :


Couverture avec texte parution en dessous :