éditions NADJA, Les Éditions de la BnF publient, en coédition avec Gallimard, un coffret contenant le fac-similé du manuscrit autographe de Nadja, illustré de l’iconographie choisie par André Breton et accompagné d’une étude. Ce manuscrit exceptionnel, classé Trésor national, a été acquis par la Bibliothèque nationale de France en 2017. « NADJA », en lettres capitales. C’est ainsi qu’André Breton intitule le récit dont il commence la rédaction, en 1927, sur le feuillet manuscrit que nous avons la chance de lire aujourd’hui. C’est le récit d’une rencontre, celle du poète avec Nadja, de son vrai nom Léona Delcourt, qui lui vouera un amour désespéré. Elle-même prophétise au cours de la journée du 10 octobre 1926 ce qu’il adviendra de leur rencontre : « André ? André ?… Tu écriras un roman sur moi. Je t’assure. Ne dis pas non. Prends garde : tout s’affaiblit, tout disparaît. De nous il faut que quelque chose reste... » En une dizaine de jours, André Breton rédige les deux premières parties du récit, qu’il complète quelques mois plus tard. 42 I c h r o n i q u e s d e l a bnf nº87 Publication André Breton, Nadja Fac-similé, numéroté de 1 à 1200 et un livre dans une boîte cloche Tirage unique 247 × 357 mm – 180 € BnF Éditions et Éditions Gallimard texte capital Une fois le texte publié en 1928, il reprend le manuscrit pour y ajouter des lettres, des dessins de Nadja, des photographies, le transformant en reliquaire. Puis il se sépare du manuscrit et le cède à un riche éditeur suisse. Pendant des décennies, on le croit perdu. Classé Trésor national en 2016, il est acheté par la Bibliothèque nationale de France en 2017. Avec la publication de ce fac-similé, c’est la première fois que son contenu est révélé : une écriture en tension dont témoignent l’accumulation de lignes serrées et de ratures ainsi que l’ajout de paperolles, béquets et placards. Résurrection double car ce qu’on lit depuis soixante ans, c’est la version qu’André Breton a reprise en 1962, et non l’édition de 1928. L’étude qui accompagne le fac-similé, menée par Jacqueline Chénieux-Gendron, directrice de recherche au CNRS, et Olivier Wagner, conservateur au département des Manuscrits de la BnF, éclaire la genèse de Nadja, à la fois roman autobiographique et onirique, clé de voûte de l’œuvre d’André Breton et texte essentiel du mouvement surréaliste. Un choix parmi les lettres de Nadja illustre l’étude et redonne à sa parole une réalité bouleversante : « Merci André, écrit-elle autour de 1927, j’ai tout reçu. J’ai confiance en l’image qui me fermera les yeux. […] Peut-être cette épreuve était nécessairement le commencement d’un événement supérieur. J’ai foi en toi […]. Que rien ne t’arrête. Il y a assez de gens qui ont mission d’éteindre le feu. » Flore Izart Direction de la Diffusion culturelle |