collections Michel Decoust, explorateur Le compositeur et chef d’orchestre Michel Decoust a fait don de ses archives au département de la Musique. Alternativement chef d’orchestre – il a ainsi participé à la création de l’Orchestre des Pays de la Loire –, pédagogue à l’Ircam (Institut de recherche et de coordination de recherche acoustique/musique) ou directeur d’institutions musicales telles que le conservatoire de musique de Pantin, Michel Decoust n’a cessé de multiplier les explorations dans le domaine musical. Toutefois, c’est à la composition qu’il a consacré la part la plus importante de son activité, et ses archives concernant ce domaine ont récemment rejoint les fonds de la BnF. Lauréat du prix de Rome en 1963, Michel Decoust est en 1967 à l’origine d’un scandale esthétique lorsqu’il compose Polymorphie, œuvre expérimentale créée au Festival international d’art contemporain de Royan pour un grand orchestre de cent-vingt musiciens disséminés dans toute l’architecture de la cathédrale. Ces deux événements illustrent le choix auquel étaient confrontés les jeunes compositeurs des années 1960 : avant-gardisme et engagement dans la musique sérielle, ou attachement à une musique plus académique. Surtout, ils mettent en lumière l’habileté avec laquelle Michel Decoust a su se jouer de ces Le manuscrit de la version orchestrale de la Marche écossaise de Claude Debussy n’avait jamais pu être localisé. On le supposait passé en vente entre les deux guerres mondiales, mais la trace en était perdue. Une page isolée avait cependant été identifiée en 2010 au département des Arts du spectacle de la BnF parmi un lot de feuillets manuscrits utilisés comme exemples musicaux pour l’illustration d’un ouvrage sur la musique française (L. Rohozinsky, Cinquante ans de musique française, 1928). Les récentes recherches de la musicologue Marie Rolf 36 I c h r o n i q u e s d e l a bnf nº87 musical Marche Sur les traces de la écossaise La partition pour orchestre d’une œuvre de jeunesse de Claude Debussy est entrée dans les collections de la BnF. oppositions pour ne s’attacher à aucune chapelle, suivant dès ses débuts et avec une égale attention les classes d’Yvonne Desportes, de Louis Fourestier, ou les enseignements de Pierre Boulez, Olivier Messiaen et Karlheinz Stockhausen. Par la suite, le compositeur continue de se garder de toute orthodoxie esthétique, faisant alterner consonance et dissonance (Sinfonietta, 1983) ou ne délaissant ni le lyrisme, ni l’harmonique (Concerto pour cor). Cette volonté farouche de ne se lier à aucun courant particulier se mesure à sa très large palette de compositeur : œuvres pour orchestre (De la gravitation suspendue des mémoires, 1986), pour musique de chambre (Lignes, 1992), pour ensemble instrumental (Pour 70 doigts, 1980), pour instrument seul (Cantilène, 1985), pour voix et orchestre (Et ée ou é ée, 1973), ou encore opéra (Camille, 2012) ou musique électroacoustique (Ion, 1973). Riche de mises au net pour l’édition aussi bien que d’esquisses, de notes d’intention ou de dossiers préparatoires, le fonds Michel Decoust éclaire d’une lumière nouvelle le travail de ce compositeur en perpétuel mouvement. Benoît Cailmail Département de la Musique ont permis de retracer les circonstances de la composition de l’œuvre, ainsi que le portrait détaillé du commanditaire. Sans que l’on connaisse précisément les détails de cette rencontre, le général et diplomate américain John Meredith Read Jr., établi à Paris à la fin de sa carrière, croise la route du jeune Debussy, de retour de Rome après un séjour de plusieurs mois à la Villa Médicis. Celui-ci, démissionnaire du Conservatoire, mène alors une vie de bohême et cherche à gagner sa vie comme compositeur. En mars 1887, le général Read lui commande une œuvre en hommage aux chefs du clan écossais de Ross en Rosshire, dont il était l’un des descendants, et lui fournit un air traditionnel (« Meggerny Castle ») issu du répertoire des bagpipers que Debussy utilisera comme thème principal. Initialement écrite pour piano à quatre mains, cette « Marche des anciens comtes de Ross » est orchestrée quelques années plus tard. Les 39 feuillets de la partition de La Marche écossaise, d’une calligraphie très soignée, sont conservés aujourd’hui dans les collections du département de la Musique. Marie-Gabrielle Soret Département de la Musique |