Chroniques n°87 jan/fév/mar 2020
Chroniques n°87 jan/fév/mar 2020
  • Prix facial : gratuit

  • Parution : n°87 de jan/fév/mar 2020

  • Périodicité : trimestriel

  • Editeur : Bibliothèque nationale de France

  • Format : (210 x 270) mm

  • Nombre de pages : 44

  • Taille du fichier PDF : 28,0 Mo

  • Dans ce numéro : la BD à la BnF.

  • Prix de vente (PDF) : gratuit

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collections Michel Decoust, explorateur Le compositeur et chef d’orchestre Michel Decoust a fait don de ses archives au département de la Musique. Alternativement chef d’orchestre – il a ainsi participé à la création de l’Orchestre des Pays de la Loire –, pédagogue à l’Ircam (Institut de recherche et de coordination de recherche acoustique/musique) ou directeur d’institutions musicales telles que le conservatoire de musique de Pantin, Michel Decoust n’a cessé de multiplier les explorations dans le domaine musical. Toutefois, c’est à la composition qu’il a consacré la part la plus importante de son activité, et ses archives concernant ce domaine ont récemment rejoint les fonds de la BnF. Lauréat du prix de Rome en 1963, Michel Decoust est en 1967 à l’origine d’un scandale esthétique lorsqu’il compose Polymorphie, œuvre expérimentale créée au Festival international d’art contemporain de Royan pour un grand orchestre de cent-vingt musiciens disséminés dans toute l’architecture de la cathédrale. Ces deux événements illustrent le choix auquel étaient confrontés les jeunes compositeurs des années 1960 : avant-gardisme et engagement dans la musique sérielle, ou attachement à une musique plus académique. Surtout, ils mettent en lumière l’habileté avec laquelle Michel Decoust a su se jouer de ces Le manuscrit de la version orchestrale de la Marche écossaise de Claude Debussy n’avait jamais pu être localisé. On le supposait passé en vente entre les deux guerres mondiales, mais la trace en était perdue. Une page isolée avait cependant été identifiée en 2010 au département des Arts du spectacle de la BnF parmi un lot de feuillets manuscrits utilisés comme exemples musicaux pour l’illustration d’un ouvrage sur la musique française (L. Rohozinsky, Cinquante ans de musique française, 1928). Les récentes recherches de la musicologue Marie Rolf 36 I c h r o n i q u e s d e l a bnf nº87 musical Marche Sur les traces de la écossaise La partition pour orchestre d’une œuvre de jeunesse de Claude Debussy est entrée dans les collections de la BnF. oppositions pour ne s’attacher à aucune chapelle, suivant dès ses débuts et avec une égale attention les classes d’Yvonne Desportes, de Louis Fourestier, ou les enseignements de Pierre Boulez, Olivier Messiaen et Karlheinz Stockhausen. Par la suite, le compositeur continue de se garder de toute orthodoxie esthétique, faisant alterner consonance et dissonance (Sinfonietta, 1983) ou ne délaissant ni le lyrisme, ni l’harmonique (Concerto pour cor). Cette volonté farouche de ne se lier à aucun courant particulier se mesure à sa très large palette de compositeur : œuvres pour orchestre (De la gravitation suspendue des mémoires, 1986), pour musique de chambre (Lignes, 1992), pour ensemble instrumental (Pour 70 doigts, 1980), pour instrument seul (Cantilène, 1985), pour voix et orchestre (Et ée ou é ée, 1973), ou encore opéra (Camille, 2012) ou musique électroacoustique (Ion, 1973). Riche de mises au net pour l’édition aussi bien que d’esquisses, de notes d’intention ou de dossiers préparatoires, le fonds Michel Decoust éclaire d’une lumière nouvelle le travail de ce compositeur en perpétuel mouvement. Benoît Cailmail Département de la Musique ont permis de retracer les circonstances de la composition de l’œuvre, ainsi que le portrait détaillé du commanditaire. Sans que l’on connaisse précisément les détails de cette rencontre, le général et diplomate américain John Meredith Read Jr., établi à Paris à la fin de sa carrière, croise la route du jeune Debussy, de retour de Rome après un séjour de plusieurs mois à la Villa Médicis. Celui-ci, démissionnaire du Conservatoire, mène alors une vie de bohême et cherche à gagner sa vie comme compositeur. En mars 1887, le général Read lui commande une œuvre en hommage aux chefs du clan écossais de Ross en Rosshire, dont il était l’un des descendants, et lui fournit un air traditionnel (« Meggerny Castle ») issu du répertoire des bagpipers que Debussy utilisera comme thème principal. Initialement écrite pour piano à quatre mains, cette « Marche des anciens comtes de Ross » est orchestrée quelques années plus tard. Les 39 feuillets de la partition de La Marche écossaise, d’une calligraphie très soignée, sont conservés aujourd’hui dans les collections du département de la Musique. Marie-Gabrielle Soret Département de la Musique
collections Comédien, metteur en scène, professeur au Conservatoire national supérieur d’art dramatique, Gérard Desarthe a traversé plus d’un demi-siècle de théâtre mais aussi de cinéma au cours d’une carrière exceptionnelle. Il a fait don de ses archives au département des Arts du spectacle de la BnF. Chroniques : Comment est née l’idée de donner vos archives à la BnF ? Gérard Desarthe : J’ai gardé presque tous les documents liés à mon parcours depuis 1962 et j’ai pensé qu’ils pourraient intéresser un chercheur qui travaillerait sur le théâtre et le cinéma de cette période. Ce don comprend seize cartons de critiques et articles de journaux, photographies, programmes, affiches, ainsi que des lettres de Patrice Chéreau, Giorgio Strehler… Il y a peu de notes manuscrites car, comme metteur en scène, je travaillais comme on disait « à la table » en intervenant oralement au fil des répétitions, en interaction avec les comédiens, contrairement à Patrice Chéreau par exemple qui, lui, prenait beaucoup de notes. C. : Quel regard portez-vous sur vos débuts au théâtre ? G. D. : Je suis complètement autodidacte ; j’ai commencé très tôt, n’ayant que mon certificat d’études. J’ai eu la chance d’arriver dans ce métier à un moment d’effervescence du théâtre populaire et de la décentralisation théâtrale. J’ai participé pendant vingt ou trente ans à cette aventure. C. : Vous avez fait une carrière très riche. Quels en ont été les moments les plus forts ? G. D. : Il y en a eu beaucoup ! J’ai travail- lé avec les plus grands metteurs en scène, Roger Planchon pour La Remise en 1964, André Engel pour Baal en 1976, Giorgio Strehler pour L’Illusion en 1983, Manfred Karge et Matthias Langhoff pour Le Prince de Hombourg en 1984, Patrice Chéreau pour Peer Gynt en 1981 et Hamlet en 1988, Luc Bondy pour Viol en 2005… Un des moments importants pour moi a aussi été celui où je suis devenu professeur au Conservatoire d’art dramatique. Moi, l’autodidacte, qui avait été recalé à tous les examens et tous les concours dans ma jeunesse, j’ai vécu une expérience extraordinaire : travailler avec des élèves-comédiens, mettre en scène, lire, transmettre. Et puis, passer de Victor Hugo à Beckett ou Thomas Bernhard face à seize acteurs en devenir, cela permet de continuer à être dans une dynamique par rapport à ce métier. C. : Quels conseils donneriez-vous à un jeune acteur ? G. D. : Travaille les grands textes, travaille Pirandello, travaille Ibsen : tu ne le joueras peut-être jamais, mais tu apprendras. Tu as une personnalité, sers t’en ! Et sois multidisciplinaire : apprends à chanter, à danser, à jouer d’un instrument, prends des cours de cirque : c’est tout cela que l’on attend d’un acteur aujourd’hui. Propos recueillis par Sylvie Lisiecki Délégation à la Communication Gérard Desarthe, Gérard Desarthe dans Hamlet, mise en scène de Patrice Chéreau, 1988 Photo Daniel Cande. BnF, Arts du spectacle une vie de théâtre c h r o n i q u e s d e l a bnf nº87 I 37



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