expositions Claudine Nougaret : Dégager l’écoute Le son dans le cinéma de Raymond Depardon Du 14 janvier au 15 mars 2020 BnF I François-Mitterrand Commissariat : Claudine Nougaret, Gabriel Bergounioux, université d’Orléans, Pascal Cordereix, conservateur au département de l’Audiovisuel, BnF Autour de l’exposition : voir agenda p. 10 et 14 10 I c h r o n i q u e s d e l a bnf nº87 Dégager l’écoute Depuis trente-trois ans, Claudine Nougaret et Raymond Depardon réalisent ensemble des films pour le cinéma, elle au son, lui à l’image. À la suite du don de leurs archives filmiques à la BnF, une exposition est consacrée à la dimension sonore de leur cinéma. Interview. Chroniques : Qu’entendez-vous par « dégager l’écoute » ? Claudine Nougaret : Au cinéma, l’image est prépondérante. Je fais du son pour une image mais il faut que l’image laisse du temps au son. Dégager l’écoute, c’est travailler sur les conditions d’écoute du spectateur pour qu’il ait confiance en son propre jugement sur ce qu’il entend et ce qu’il voit. C’est aussi, sur le tournage, créer un climat propice pour que la personne filmée soit à l’aise pour parler. Pour cela il faut utiliser les meilleures techniques de prise de son à disposition de façon à réaliser un son de grande qualité. C. : Comment travaillez-vous pour restituer le réel à travers le son ? C. N. : Retranscrire la réalité du son, ce n’est pas forcément tout reproduire. Dans les trois films Profils paysans 1 et 2 et La vie moderne, par exemple, nous avons évité de faire entendre des clichés sonores comme les cloches de l’église ou le chant des coqs. Nous avons beaucoup travaillé sur la représentation du monde rural, et en voyant beaucoup de films nous avons décidé d’éviter tous les sons qui étaient redondants par rapport à l’image, pour aller vers une sorte d’épure. Je fais des films directement du producteur au spectateur, en circuit court. J’enregistre, on monte, on mixe, on touche très peu. J’amène dans la salle la première sensation que j’ai eue en captant le son de la personne qui parle. C. : Comment est née votre passion pour la prise de son ? C. N. : J’ai fait des études de musicologie. Ma passion est née dans un laboratoire d’électro-acoustique : en étudiant Le Traité des objets musicaux de Pierre Schaeffer, j’ai compris que les sons de la vie peuvent devenir une musique. Cela a été pour moi un déclic à partir duquel mon oreille s’est ouverte à cette expérience, « restituer les sons de la vie » et je me suis spécialisée dans le son direct au cinéma. C. : Vous avez été l’une des premières femmes ingénieures du son. Comment cela a-t-il joué dans votre parcours ? C. N. : Le cinéma est un milieu un peu paternaliste et sexiste. À mes débuts, certains m’ont transmis beaucoup de choses En haut Claudine Nougaret sur le tournage du film Paris, 1997 À droite Matériel de tournage de Claudine Nougaret et Raymond Depardon utilisé pour le film Urgences, 1987 |