Chroniques n°86 aoû à déc 2019
Chroniques n°86 aoû à déc 2019
  • Prix facial : gratuit

  • Parution : n°86 de aoû à déc 2019

  • Périodicité : trimestriel

  • Editeur : Bibliothèque nationale de France

  • Format : (210 x 270) mm

  • Nombre de pages : 36

  • Taille du fichier PDF : 5,9 Mo

  • Dans ce numéro : Tolkien...

  • Prix de vente (PDF) : gratuit

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collections De Jean Bodin à Henri Bergson, les Essentiels de la philosophie française proposent un corpus chronologique de textes de référence et introduisent aux documents disponibles sur Gallica. Destinée au public amateur curieux ou savant, aux enseignants comme aux étudiants, cette sélection donne accès à des textes qui ne sont parfois plus publiés et sont difficilement consultables en bibliothèque. Montaigne, Descartes, Pascal, Voltaire, Diderot, Condorcet, 28 I c h r on i que s de l a bnf nº86 Les Essentiels de la philosophie française dans Gallica ! Aux côtés des Essentiels du droit, de la littérature ou de la politique, Gallica, la bibliothèque numérique de la BnF et de ses partenaires, offre une nouvelle sélection documentaire consacrée aux Essentiels de la philosophie française. Comte… figurent parmi la vingtaine d’auteurs présentés. Pour chacun, une courte notice resitue le contexte de rédaction des œuvres phares et la singularité du positionnement de l’auteur dans les réflexions propres à son époque. La liste des auteurs continuera à s’étoffer, notamment en ce qui concerne les philosophes de la modernité, au fil de l’entrée de leurs œuvres dans le domaine public  : ainsi, les écrits du philosophe Alain (1868-1951) seront intégrés à ces Essentiels en 2021. o Sylvie Colombani et Éric Mougenot Département Philosophie, histoire, sciences de l’homme Louis Michel Van Loo, portrait de Denis Diderot, xviii e siècle BnF, Estampes et photographie
collections Ce sont des bandelettes de papier, découpées phrase à phrase puis agrafées ensemble jusqu’à former de larges feuillets. Lorsqu’on parcourt les manuscrits de Lucien Jerphagnon, on est saisi par l’immense effort d’ordonnancement dont ils témoignent et dont on n’avait aucune idée à la seule lecture du texte. La langue est limpide, élégante et souvent proche de l’oralité  : son propos est suffisamment ambitieux pour que le style n’en rajoute pas. En cette matière, Lucien Jerphagnon a souvent rappelé la règle  : « On n’a pas le droit d’emm… un lecteur qui ne vous a rien fait ». Les manuscrits dévoilent le prix de cette apparente facilité, ils montrent que l’écriture relève ici du montage et de la composition autant que de la formulation. Lucien Jerphagnon aura passé sa vie à essayer de se faire le contemporain des philosophes antiques et médiévaux, à tendre « l’oreille à tout ce qui se disait et n’avait rien de philosophique, apparemment 1 ». La biographie de Julien dit l’Apostat, comme Vivre et philosopher sous l’empire chrétien, dont les manuscrits sont entrés avec le fonds, illustrent à merveille cette capacité à s’immerger dans la vie quotidienne et à reconstituer les schémas mentaux d’une époque pour en saisir tout ce qui, dans les textes, demeure allusif. Ou encore cette communication portant sur « Quelques échos du Parménide de Platon dans la littérature ancienne non-philosophique », où l’analyse d’une plaisanterie d’un contemporain du texte permet de comprendre qu’il a bien été reçu comme une véritable théologie, et non comme un simple exercice dialectique. Les livres, les cours regorgent de recoupements de cette sorte, et souvent, il faut l’avouer, notre science héritée d’une historiographie paresseuse est Rire et philosopher comme Lucien Jerphagnon Au regard de l’ensemble de ses travaux, le philosophe Lucien Jerphagnon (1921-2011) n’a conservé que peu d’archives. Mais le fonds qui porte son nom, entré récemment au département des Manuscrits de la BnF grâce au don fait par sa fille Ariane, est représentatif de l’œuvre de ce spécialiste de la pensée antique et médiévale. prise à contre-pied  : on découvre, par exemple, que ce que nous croyons savoir de Néron et Caligula ne nous renseigne pas tant sur eux que sur l’archétype romain du mauvais souverain, auquel ont été conformés leurs portraits. Au fond, c’est à un déplacement qu’invite Lucien Jerphagnon, un étonnement permanent, qui requiert de savoir penser contre les modes. C’est un effort, certainement ; mais pour ce disciple de Jankélévitch, la rétribution en est évidente  : chacun étant seul à être soi, il n’y a pas meilleure façon de s’accomplir que de penser par soi-même. Et ce projet, tout grave qu’il puisse être, ne légitime en rien l’esprit de sérieux. Comme pour nous faciliter les choses, en contrepoint aussi de cette anxiété et de cette pudeur qui courent dans les pages de L’Astre mort, son émouvant roman posthume, Lucien Jerphagnon s’amuse de tout, et pour commencer, de lui-même  : « TonL. sous son aspect le plus effrayant », écrit-il à sa femme sur le tiré à part de son article « Plotin, épiphanie du Noûs. Note sur la Vita Plotini comme typologie ». On est encore ravi de lire en note d’un article dans les Études philosophiques  : « J’ai trouvé dans le dernier roman de Frédéric Dard la même idée, exprimée dans les termes mêmes que j’avais choisis […]. Ce m’est une joie de saluer cette coïncidence avec un auteur que j’aime depuis vingt ans 2 ». Voilà décidément qui peut nous convaincre que « la philosophie est chose trop sérieuse pour l’abandonner aux mains des seuls philosophes 3 ».o Jérôme Villeminoz Département des Manuscrits 1 Lucien Jerphagnon, Vivre et philosopher sous les Césars, Privat, 1980, p.12 2 Lucien Jerphagnon, « Gribouille et la mort », Les Études philosophiques, n°3, 1981, p.293-301 3 Lucien Jerphagnon, Vivre et philosopher sous les Césars, Privat, 1980, p.11 c h r on i que s de l a bnf nº86 I 29



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