Chroniques n°86 aoû à déc 2019
Chroniques n°86 aoû à déc 2019
  • Prix facial : gratuit

  • Parution : n°86 de aoû à déc 2019

  • Périodicité : trimestriel

  • Editeur : Bibliothèque nationale de France

  • Format : (210 x 270) mm

  • Nombre de pages : 36

  • Taille du fichier PDF : 5,9 Mo

  • Dans ce numéro : Tolkien...

  • Prix de vente (PDF) : gratuit

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vie de la BnF La Bibliothèque nationale de France collecte le web français et offre à ses lecteurs la possibilité de consulter des archives remontant à 1996. En prise directe avec les évolutions du web, les équipes chargées du dépôt légal numérique rassemblent minutieusement la matière sur laquelle travailleront les futurs chercheurs. Le 8 avril dernier, alors que Le Monde annonce la fermeture prochaine de sa plateforme d’hébergement de blogs, un vent d’inquiétude souffle sur Twitter. Les blogueurs qui bénéficient de ce service, offert depuis 2004 aux abonnés numériques du quotidien, craignent de voir leurs billets disparaître. Certains s’interrogent sur les conséquences de la migration de leur blog vers une nouvelle solution d’hébergement, d’autres s’enquièrent des conditions d’archivage de leur production en ligne auprès de la BnF. Ainsi alerté, le service en charge du dépôt légal numérique a contacté Le Monde pour mettre en place une collecte d’urgence des quelque 6 000 blogs hébergés par sa plateforme. Un dépôt légal pas tout à fait comme les autres Cette nécessaire réactivité à l’actualité et aux évolutions des pratiques en ligne constitue l’une des particularités du dépôt légal du web, instauré par la loi Dadvsi de 2006 dans la lignée de ses illustres prédécesseurs. Mais si les livres, journaux et autres documents imprimés, multimédias ou audiovisuels font l’objet d’un dépôt obligatoire, le web peut difficilement être appréhendé de 26 I c h r on i que s de l a bnf nº86 Archiver le web d’aujourd’hui la même manière. De fait, contrairement aux autres dépôts légaux, celui du web ne se fixe pas pour objectif l’exhaustivité mais la représentativité – ce qui explique que, sur les quelque 400 blogs d’abonnés encore actifs au moment de l’annonce du Monde, une cinquantaine seulement faisait l’objet d’un archivage complet par la BnF. Autre différence  : si le dépôt légal du livre, comme son nom l’indique, impose aux éditeurs de déposer leurs productions, celui du web est opéré directement par la Bibliothèque, sans que ni les producteurs ni les hébergeurs de contenus n’aient de démarche à effectuer. De Bilal Hassani à Michel Serres Pour garantir la représentativité des archives recueillies, la BnF associe trois modalités de collecte. La collecte « large » consiste à recueillir, une fois par an, un vaste échantillon du web français. Effectuée par un robot, celle-ci a permis en 2018 de recueillir 2 milliards d’URL émanant de près de 6 millions de domaines. Des collectes « ciblées », plus fréquentes, s’appuient sur une sélection de sites choisis par la BnF. Enfin, une veille quotidienne permet de collecter des « actualités éphémères » pour saisir pour les générations de demain Sur les serveurs de la salle machine de la BnF, des milliers de téraoctets de données attendent les chercheurs de demain. les répercussions d’un événement sur le web et les réseaux sociaux  : l’incendie de Notre-Dame, Bilal Hassani à l’Eurovision, les « gilets jaunes » ou encore la mort de Michel Serres ont ainsi fait l’objet d’opérations visant des sites, des comptes Twitter ou des hashtags. Pour les chercheurs du futur Pour l’heure, la matière rassemblée dans les Archives de l’internet est accessible dans les salles de lecture de la BnF et d’une vingtaine d’établissements partenaires en France. Encore peu connues du grand public, ces archives servent déjà de source principale à différents projets de recherche menés par des sociologues, des linguistes ou encore des historiens. Mais comme le rappelle Alexandre Chautemps, chef du service du Dépôt légal numérique, « le principal public des Archives de l’internet est représenté par les historiens de demain et d’après-demain ». Sur les serveurs de la BnF, des milliers de téraoctets de données qui auront alors disparu de la surface du web attendent les chercheurs du futur. o Mélanie Leroy-Terquem Délégation à la Communication
vie de la BnF Virginie Despentes Une lectrice attentive et acharnée Le prix de la BnF 2019 a été décerné à Virginie Despentes, romancière, essayiste et réalisatrice de films. Révélée par son premier roman Baise-moi (1994), elle a bâti en vingt-cinq ans une œuvre littéraire puissante et subversive. Laurence Engel, présidente de la BnF, lui rend hommage. La onzième édition du prix de la BnF a permis, le 6 juin 2019, de saluer Virginie Despentes. Le prix de la BnF est un geste simple et fort que Jean-Claude Meyer, président du Cercle de la BnF, a généreusement proposé à mon prédécesseur, en 2008, de doter afin d’honorer un auteur écrivant en langue française, pour l’ensemble de son œuvre. Un prix qui ne résume certes pas l’identité si multiple de la Bibliothèque, dans les langues qui s’y parlent comme dans les arts qui s’y logent ; mais un prix qui dit le plaisir qu’éprouvent profondément cette maison et ses amis, ses usagers et ses compagnons, à rappeler la force de l’écrit et la beauté de la langue française. Un plaisir et un goût que partagent les membres du jury ; un plaisir et un goût qui se sont donc portés cette année sur l’œuvre de Virginie Despentes. Une œuvre en effet. Qui se déploie comme une déchirure, une irruption. Une écriture fine, travaillée, éclatée et brillante pour faire émerger un monde de traverses, un monde qui s’affiche comme une marge mais qui ne se résume pas à elle, comme la révélation d’une part de nous-mêmes. Une écriture qui vient violenter, griffer, nous arracher à nos certitudes. Qui nous ouvre les yeux aussi bien dans l’essai argumenté que dans le roman fantasque et lucide. Qui, dans les fictions, se nourrit de la cohérence, de la consistance des personnages que l’on écoute ‒ la bande son est toujours intensément présente dans l’œuvre de Virginie Despentes ‒ et que l’on suit comme on plonge, en apnée, dans un océan de mots. L’écriture sans doute d’une lectrice elle-même attentive et acharnée. Comme nous avions pu en avoir un aperçu à la BnF en mai 2018 lorsqu’avec Béatrice Dalle, Virginie Despentes était venue nous offrir une électrique lecture de Pasolini dans le cadre de notre festival La Bibliothèque parlante. Comme elle-même s’est présentée, à l’occasion de la cérémonie au cours de laquelle, dans la salle Labrouste et en présence du ministre de la Culture, ce prix de la BnF lui fut remis. Dans un jouissif « premier discours », elle évoqua en effet sa vie dans les bibliothèques publiques, enfant près de Nancy puis adolescente à Lyon ; sa part de vie dans ces lieux qu’elle décrit si bien, comme espaces délicieux de liberté et d’attention, réservoirs des possibles où règne l’esprit de découverte, terrains d’errance heureuse dans les lignes écrites par d’autres, places où s’exprime avec force, selon Virginie Despentes, le vrai service public. Nous voulions honorer une auteure ; et une auteure a rendu hommage aux bibliothèques. Ce fut un moment simplement heureux. Et une invitation à aller lire Virginie Despentes. o Laurence Engel Présidente de la Bibliothèque nationale de France À lire Baise-moi (1994) Les Jolies Choses (1998) King Kong Théorie (2006) Apocalypse Bébé (2010) Vernon Subutex, trilogie (2015-2018) c h r on i que s de l a bnf nº86 I 27



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