vie de la BnF Conservateur général, directeur des Collections depuis 2007, Denis Bruckmanna été nommé directeur général de la BnF en avril 2019, sur proposition de Laurence Engel, sa présidente. Entretien. Chroniques : Quel regard portez-vous sur la façon dont l’établissement a évolué au cours de ces dernières décennies ? Denis Bruckmann : Depuis les années 1980, les mutations de l’établissement ont été radicales : mutations architecturales, mutations technologiques, mutations méthodologiques, mutations sociales. En 1981, nous avons changé de tutelle pour devenir un établissement public du ministère de la Culture, ce qui a profondément changé l’établissement et lui a permis d’investir le champ culturel d’une façon inédite. De mon point de vue, la BnF a progressé dans tous les domaines. Et d’abord sur l’essentiel : si on cumule fréquentation physique et numérique, ses collections n’ont jamais été aussi connues, aussi utilisées, aussi partagées qu’aujourd’hui, par des publics aussi divers, 24 I c h r on i que s de l a bnf nº86 en France comme à l’étranger. Et la mondialisation est un levier extraordinaire pour le partage des patrimoines. Voyez par exemple nos portails communs avec certains pays étrangers ! C. : Quels sont aujourd’hui selon vous les enjeux majeurs de l’établissement ? D.B : Ils sont nombreux. Le numérique reste un enjeu majeur. Comme de nombreuses bibliothèques nationales, nous sommes en charge du dépôt légal, avec toute la production éditoriale de notre pays. Nous avons encore du chemin à faire pour la patrimonialisation du numérique. Aujourd’hui, quand dans le cadre du dépôt légal numérique, nos robots moissonnent internet, on capture ce qui est en accès libre, à l’exclusion de l’internet payant ou fonctionnant avec des mots de passe. Un décret est en préparation qui va, en complément de la capture d’internet, permettre une logique de dépôt des fichiers numériques à la BnF, ce qui apportera une meilleure représentation des savoirs et de la création d’aujourd’hui. Un autre enjeu est celui des publics. La Bibliothèque est faite pour être au service de la communauté nationale et le défi de la diversification reste très fort. Nous devons accentuer nos efforts en direction des publics qui n’ont pas forcément les prérequis universitaires ou sont éloignés des pratiques culturelles. Je ne peux pas ne pas mentionner la réouverture du site Richelieu en 2021, mais aussi la question des réserves de stockage de l’ensemble des sites de l’établissement, deux chantiers également très importants.C. : Y a-t-il des aspects de votre fonction qui vous tiennent particulièrement à cœur ? D.B : Ce qui m’intéresse, c’est, globalement, que la BnF soit à la hauteur de son héritage, et de préparer son avenir. Je mettrai toute mon énergie à faire en sorte que la Bibliothèque franchisse le plus sereinement possible les années à venir, qui s’annoncent complexes. Et puis, j’attache une grande importance aux équipes. La BnF est un projet collectif et elle vit à travers chacun de ses agents, chacun avec son métier et son itinéraire professionnel, mais aussi ses réussites et ses difficultés. Nous avons à préparer l’avenir de la Bibliothèque, et je voudrais que tous ceux qui y travaillent se sentent associés à cette aventure. o Propos recueillis par Sylvie Lisiecki Délégation à la communication Trois questions à Denis Bruckmann |