Chroniques n°85 avr à jui 2019
Chroniques n°85 avr à jui 2019
  • Prix facial : gratuit

  • Parution : n°85 de avr à jui 2019

  • Périodicité : trimestriel

  • Editeur : Bibliothèque nationale de France

  • Format : (210 x 270) mm

  • Nombre de pages : 32

  • Taille du fichier PDF : 22,9 Mo

  • Dans ce numéro : le monde en sphères.

  • Prix de vente (PDF) : gratuit

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26 COLLECTIONS PIERRE PHILIPPE I JACQUES BREL Pierre Philippe LE CINQUIÈME DES FRÈES JACQUES Sauvées par un particulier, une centaine de partitions et quelques archives de Pierre Philippe, premier accompagnateur des Frères Jacques, ont récemment été données à la BnF et inventoriées dans la base en ligne BnF archives et manuscrits. Quoique modeste, cet ensemble constitue un nouvel apport au patrimoine de la chanson française. Charles Le Philipponnat (1909-1995), connu sous les pseudonymes de Pierre Philippe ou Pierre Le Philipponnat, est un compositeur de chansons, de musique de scène et d’opérettes, pianiste et chef d’orchestre. Prisonnier en Allemagne pendant la Seconde Guerre mondiale, il compose, monte une opérette et dirige des orchestres aux côtés de l’homme de théâtre Hubert Gignoux. En 1946, il devient pianiste et compositeur pour la compagnie Grenier- Hussenot. Dans ce contexte, il assure les raccords de la suite de sketches Parade pour rire et pour pleurer et met en musique la comédie burlesque Orion le tueur de Jean-Pierre Grenier. Dans la troupe, il rencontre André et Georges Bellec, Paul Tourenne et François Soubeyran qui forment déjà les Frères Jacques. Il sera leur pianiste de 1946 à 1965. Parmi les manuscrits de ce fonds, on retrouve les succès du groupe dans les arrangements de Pierre Philippe (La Gavotte des bâtons blancs, La Marie- Joseph…), mais également des opérettes ou de la musique de scène et des chansons de Pierre Philippe. Ce fonds complète notamment celui sur les Frères Jacques conservé à la Bibliothèque historique de la Ville de Paris. Agnès Simon-Reecht Département de la Musique Ci-dessus à gauche Le Mariage forcé, musique de Pierre Philippe Manuscrit autographe BnF, Musique Ci-dessus à droite Jacques Brel, Paris, Olympia, octobre 1961 À gauche Frères Jacques, Théâtre Fontaine, 1968 Collection Roger Pic BnF, Arts du spectacle CHRONIQUES DE LA BnF Nº85 SOUS LA MAIN DU GRAND JACQUES Comment travaillait Jacques Brel (1929-1978) ? Un de ses carnets de brouillon, récemment acquis en vente publique, aide à lever le voile sur son processus de création. Le manuscrit autographe qui vient d’entrer dans les collections de la BnF a vraisemblablement accompagné le célèbre auteur-compositeur-interprète pendant plusieurs années. En témoignent les esquisses les plus abouties, qui concernent surtout des chansons écrites dans les années 1960  : « La Chanson de Jacky » (1965), « Le Cheval » (1967) ou encore la très populaire « Amsterdam » (1964), que Brel déclarait pourtant ne pas aimer. La genèse de cette chanson, créée en public à l’Olympia en 1964, transparaît à travers les pages du carnet. On découvre ainsi que la dernière strophe (dans laquelle « y a des marins qui boivent ») est sans doute la première imaginée par Brel, peut-être dans le prolongement de vers non utilisés pour « L’Ivrogne » (1961). Mais on voit aussi l’auteur extraire quelques vers d’un brouillon éloigné et, passant de la première à la troisième personne, les intégrer soudain dans « Amsterdam » ; comme s’il découpait et recomposait a posteriori un matériau textuel produit de façon continue, surgi au gré d’inspirations diverses. La quantité de matériau inédit frappe également, comme ces strophes supprimées de la version définitive du « Cheval » ou ces quatre pages dans lesquelles se développe une chanson non identifiée. Ce carnet d’une centaine de pages, au tracé irrégulier et parfois difficile à déchiffrer, pourrait encore réserver bien des surprises. Bérenger Hainaut, département de la Musique
COLLECTIONS JULIA MARCUS JULIA MACUS, L’EXILÉE Les archives de la danseuse allemande Julia Marcus ont rejoint les collections dédiées à la danse moderne du département des Arts du spectacle. Ce fonds retrace les années de sa vie en France comme danseuse, critique de spectacle et traductrice. Une collection consacrée à sa carrière de danseuse sous la République de Weimar se trouve aux Archives de la danse de Cologne. Les vies de Julia Marcus se sont partagées entre la danse et la littérature, l’art engagé et l’exil. Née en 1905 à Saint- Gall, en Suisse, d’un père berlinois, juif, et d’une mère protestante, elle travaille dès l’âge de 13 ans dans une usine de broderie. Son appartenance au mouvement Wandervogel et une première initiation à la méthode Dalcroze de gymnastique rythmique lui ouvrent les horizons de la liberté de penser et de la camaraderie. En 1924, elle rejoint à Zurich l’école de danse de Suzanne Perrottet, disciple de Rudolf von Laban, puis celle de Mary Wigman, à Dresde. Elle entre dès 1927 dans le corps de ballet de l’opéra municipal de Berlin, faisant partie des premières générations de danseuses modernes engagées au théâtre. Ce statut lui permet d’accéder à l’indépendance économique et de vivre au rythme trépidant de Berlin. Parallèlement, elle développe une réflexion personnelle sur son époque, s’engageant en 1931 dans la cellule communiste de l’opéra et se produisant dans les cabarets de la bohème intellectuelle, où elle excelle dans des solos de parodie sociale. Mais cette vie prend fin en avril 1933 avec l’application de la loi sur le redressement de la fonction publique, qui bannit du nouveau Reich hitlérien les fonctionnaires juifs, communistes et socialistes. Elle s’exile alors à Paris via Varsovie, où elle est primée au deuxième concours des Archives internationales de la danse. Pauvre mais active, elle parvient à se produire encore dans des théâtres de variétés, donne des cours de gymnastique, croise d’autres exilés à l’Académie Raymond Duncan et fréquente le couple Desnos et la bande du poète Jacques Prévert, qui lui fait découvrir le Bal nègre. Elle y rencontre l’ingénieur chimiste Tardy, qu’elle épouse en octobre 1938. Son mariage lui permet d’obtenir un passeport français en juillet 1940 et la protégera des lois antisémites. Durant l’Occupation, elle travaille comme secrétaire bilingue, côtoie les acteurs du Grenier des Augustins rassemblés autour de Jean-Louis Barrault et se produit encore dans quelques cabarets. Après la guerre, l’émergence d’une nouvelle génération de danseurs néoclassiques, notamment la troupe de Roland Petit au Théâtre des Champs-Élysées, rend impossible un nouveau départ artistique. Julia Marcus se tourne alors vers la critique de spectacle et la traduction, renouant avec un espace de circulation européen. Elle écrit avec brio pour le Neue Zürcher Zeitung, Les Lettres nouvelles de Jean Paulhan et La Quinzaine littéraire de Maurice Nadeau et se rend tous les ans au Festival de théâtre de Berlin. Elle crée en 1986 le prix de danse Tatjana Barbakoff, dédié à son amie de jeunesse et d’exil assassinée à Auschwitz, et en 1988 le prix Nelly Ci-dessous Mary Wigman et Julia Marcus dans la cour de l’école Wigman à Dresde, 1927. BnF, Arts du spectacle, fonds Julia Marcus 27 Sachs de traduction de poésie, poétesse exilée à Stockholm dont la famille fut déportée. Elle décède le 17 juillet 2002 à l’hôpital Clémenceau, non loin de Massy, sa ville d’adoption. Laure Guilbert Laure Guilbert est historienne et ancienne responsable des publications de la danse à l’Opéra national de Paris. Elle a connu Julia Marcus dans les dix dernières années de sa vie.



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