Chroniques n°85 avr à jui 2019
Chroniques n°85 avr à jui 2019
  • Prix facial : gratuit

  • Parution : n°85 de avr à jui 2019

  • Périodicité : trimestriel

  • Editeur : Bibliothèque nationale de France

  • Format : (210 x 270) mm

  • Nombre de pages : 32

  • Taille du fichier PDF : 22,9 Mo

  • Dans ce numéro : le monde en sphères.

  • Prix de vente (PDF) : gratuit

Dans ce numéro...
< Pages précédentes
Pages : 14 - 15  |  Aller à la page   OK
Pages suivantes >
14 15
14 DOSSIER EXPOSITIONS RICHELIEU MANUSCRITS DE L’EXTRÊME MANUSCRITS DE L’EXTÊME Manuscrits de l’extrême Prison, passion, péril, possession Du 9 avril au 7 juillet 2019 BnF I François-Mitterrand Commissariat Laurence Le Bras, conservatrice en chef au département des Manuscrits, BnF En partenariat avec Le Monde des livres, Transfuge et France Culture Des manuscrits d’exception, rédigés dans des situations extrêmes et qui en conservent les traces matérielles, constituent le sujet de cette exposition, site François-Mitterrand, où les feuillets d’André Chénier, Alfred Dreyfus ou Nathalie Sarraute côtoient les mots d’anonymes, simples soldats, prisonniers, hommes et femmes ordinaires. L’exposition présente des manuscrits dont la principale caractéristique est d’être les témoins directs de situations extrêmes  : la parole qu’ils fixent est de l’ordre du cri, des larmes, de l’appel au secours, de l’obstination à vivre, de la mise à l’épreuve de soi-même, de la quête d’un bonheur trop fragile. Loin de l’image traditionnelle du manuscrit comme source première d’un savoir, les feuillets présentés sont comme une main tendue face à la menace du vide et au pressentiment d’une mort prochaine. Les manuscrits de Louis- Auguste Blanqui (voir ci-contre) ont inspiré le sujet de cette exposition  : enfermé plus de la moitié de sa vie, il a su trouver les moyens de poursuivre son œuvre séditieuse derrière les hauts murs de ses prisons. Face à la pénurie de papier et la nécessité de ne pas alour- Publication Manuscrits de l’extrême  : prison, passion, péril, possession Éditions de la BnF 208 pages, 100 illustrations, 29 € Louis-Auguste Blanqui (1805-1881) L’Éternité par les astres Fort du Taureau, Plouezoc’h (baie de Morlaix), 1871 BnF, Manuscrits 2 Latude (1725-1805) Chemise Prison de la Bastille, 1761 BnF, Arsenal CHRONIQUES DE LA BnF Nº85 3 Colonie des enfants réfugiés de l’Hérault [Izieu], Anonyme Dessin du « retour à la maison et à l’école de Rugby », [entre 1942 et 1943] BnF, Estampes, Réserve
DOSSIER EXPOSITIONS RICHELIEU MANUSCRITS DE L’EXTRÊME dir les colis à destination de l’extérieur, il a, entre autres pratiques de communication clandestines, couvert de minces feuillets transparents, recto et verso, d’une écriture microscopique dont le déchiffrement était et reste particulièrement difficile. Ces feuillets portent ainsi comme gravées en eux les conditions mêmes dans lesquelles ils furent rédigés. En quatre sections – prison, passion, péril, possession – seront présentés des manuscrits qui de semblable façon font corps avec les moments vécus par leurs auteurs. Si ces quatre termes renvoient à des situations de vie très différentes, ils se rejoignent néanmoins dans la manière extrême dont ils peuvent affecter nos existences ; et dans la solitude, immense, à laquelle se trouve confrontée toute personne soumise à l’angoisse et au processus de déshumanisation lié à l’enfermement et à l’isolement, à une période de deuil, au trouble de sentiments passionnels, à la peur de la mort à venir, ou à des états de conscience parallèles. Les plus de 150 manuscrits présentés dans l’exposition ne sont qu’une sélection  : d’autres manuscrits auraient pu y figurer. Mais tous ceux qui ont été rassemblés ici, papiers souvent fragiles et pour certains, miraculeusement parvenus jusqu’à nous, témoignent à quel point écrire prend parfois forme de réflexe de survie. Par les mots inscrits sur un support, ainsi laissés en partage, l’humanité continue en effet de s’affirmer quand bien même elle est mise à mal par les circonstances qui affectent le cours de nos vies. Cette obstination à ne pas se laisser totalement anéantir se manifeste particulièrement dans le contexte de l’emprisonnement, avec l’invention de techniques d’écriture visant à contourner l’interdiction ou l’impossibilité d’entrer en contact avec ses proches. Ainsi quand l’encre et le papier viennent à manquer, sang, pointe d’épingle, tissu ou bois les remplacent, et l’écriture elle-même, cryptée ou microscopique comme chez Blanqui, s’adapte aux circonstances. Les auteurs de ces manuscrits n’ont pas pour caractéristique commune d’être célèbres, et ce n’est pas non plus leur valeur littéraire ou scientifique qui détermine leur présence dans l’exposition. Ce qu’André Chénier, Pascal, Saint-Simon, Sade, Marie-Antoinette, Stéphane Mallarmé, Antonin Artaud, Henri Michaux, Georges Bataille, Jean Cassou, Robert Desnos, Marie Curie, Nathalie Sarraute, Germaine Tillion, Emma Santos, Jean-Dominique Bauby partagent avec Julien Meullenaere, Maurice et Pierre Charoy, Simone et Marie Alizon, les enfants d’Izieu, André Meifred-Devals, Thérèse Treize, Tina, Malou, Madame Vallet, Jeanne Cassier, Odette Peyrot, les déportés d’Esterwegen, c’est un même besoin de l’écriture pour tenter de contrer, par la rationalité du langage, la dissolution qui menace nos vies. Si de nombreuses pièces proviennent des collections de la BnF, plusieurs manuscrits ont été prêtés par des musées, bibliothèques, centres d’archives et particuliers, qui ont, par leurs propositions, conféré une tournure collective à la conception de cette exposition. Laurence Le Bras Département des Manuscrits 3 2 15



Autres parutions de ce magazine  voir tous les numéros


Liens vers cette page
Couverture seule :


Couverture avec texte parution au-dessus :


Couverture avec texte parution en dessous :