Chroniques n°84 jan à mar 2019
Chroniques n°84 jan à mar 2019
  • Prix facial : gratuit

  • Parution : n°84 de jan à mar 2019

  • Périodicité : trimestriel

  • Editeur : Bibliothèque nationale de France

  • Format : (210 x 270) mm

  • Nombre de pages : 32

  • Taille du fichier PDF : 25,5 Mo

  • Dans ce numéro : la BnF, une bibliothèque en recherche.

  • Prix de vente (PDF) : gratuit

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24 COLLECTIONS FONDS JULIA MARCUS I MANUSCRITS DE QUENEAU 1 2 Constance Quéniaux ou le triomphe du sérieux de la recherche L’entrée en 1995 au musée d’Orsay du tableau de Gustave Courbet, L’Origine du monde, peint en 1866 pour le diplomate turc résidant alors à Paris, Khalil Bey, marque le début des études sur cette œuvre. Le seul travail sérieux antérieur était celle de l’historienne de l’art américaine Linda Nochlin dans le catalogue du musée de Brooklyn Courbet reconsidered publié en 1988 à l’occasion de l’exposition éponyme qui présentait pour la première fois au public ce tableau. Depuis sa réapparition, l’œuvre a fait l’objet de plusieurs livres, de nombreuses analyses, d’une exposition même au musée Courbet d’Ornans en 2014. Les historiens de l’art et les exégètes de toutes sortes se sont bien évidemment interrogés aussi sur l’identité possible du modèle de cette œuvre transgressive. De nombreuses hypothèses ont été avancées en particulier celle de la maîtresse de Courbet du moment, Joanna Iffermann, une spectaculaire rousse anglaise. C’est tout à fait fortuitement, en travaillant à une édition complète de la correspondance entre George Sand et Alexandre Dumas fils que Claude Schopp, historien de la littérature et biographe des Dumas père et fils a découvert l’identité du modèle  : cette correspondance passionnante, conservée au département des Manuscrits de la BnF n’avait encore jamais été publiée intégralement. S’emportant contre le comportement de Courbet durant la Commune de Paris, Dumas fils lance à sa vieille amie le nom de son modèle. Cette dernière s’en amuse sans s’en étonner. Une fois le nom du modèle trouvé, Claude Schoppa retracé sa vie qui a pu être illustrée des très nombreux portraits de la danseuse conservés au département des Estampes et de la Photographie et à la Bibliothèque Musée de l’Opéra. La correspondance et certains portraits sont déjà accessibles sur Gallica, la bibliothèque numérique de la BnF. Sylvie Aubenas Département des Estampes et de la photographie 1 Disdéri, Constance Quéniaux  : carte de visite, 1854-1870 BnF, Estampes et photographie 2 Les deux manuscrits de Raymond Queneau acquis en juin  : Le Chiendent et Petite cosmogonie portative Claude Schoppavec la collaboration de Sylvie Aubenas, L’Origine du monde. Vie du modèle, Paris, Phébus, 2018. CHRONIQUES DE LA BnF Nº84 Trois manuscrits majeurs de Queneau entrent à la BnF En 2018, la Bibliothèque a fait l’acquisition de trois manuscrits de Raymond Queneau  : Le Chiendent, son premier roman (1933), le long poème intitulé Petite cosmogonie portative (1950), ainsi que les cahiers préparatoires du film Zazie dans le métro. Le Chiendent est le premier texte romanesque d’un écrivain jusqu’alors poète. Il a été écrit à un moment crucial, en 1932, juste après la rupture de Queneau avec le mouvement surréaliste. Sous des dehors fantaisistes, écrit dans une langue inventive et parfois triviale, le texte n’en est pas moins construit de façon extrêmement rigoureuse selon la « technique consciente du roman », exposée dès 1937 par son auteur dans un texte théorique qui permet d’en reconstituer le cahier des charges. Ce texte à structure circulaire obéit à des règles cachées d’ordre autobiographique ou esthétique. Par sa langue comme par son mode de composition, Le Chiendent est un roman révolutionnaire et fondateur, d’où l’intérêt de pouvoir en étudier les manuscrits préparatoires, tableaux, notes et épreuves. Tout aussi primordiale est la construction de la Petite cosmogonie portative, long poème en six chants décrivant l’histoire du monde depuis sa création jusqu’à notre époque machiniste. Raymond Queneau y décrit la mécanique de notre système solaire, la chronologie cosmique, enfin l’apparition de l’homme, dans un feu d’artifice truculent d’expressions imagées et de citations détournées. Il est désormais possible de se livrer à l’étude du dossier préparatoire, du manuscrit autographe complet, du tapuscrit et des épreuves corrigées de la première édition, puis de l’édition de 1969. Le 16 novembre dernier, la BnF a pu augmenter ce fonds de plusieurs manuscrits témoignant de la création de Queneau pour le cinéma, mais surtout des douze cahiers préparatoires (notes, plans, brouillons, premiers jets) pour Zazie dans le métro. Claire Lesage, bibliothèque de l’Arsenal
COLLECTIONS MUSIQUE 25 Henri Sauguet Son large réseau d’amitiés et ses nombreuses collaborations ont fait du compositeur Henri Sauguet (1901-1989) une personnalité centrale de la vie culturelle du xxe siècle. Ses archives viennent d’être acquises par la BnF. C’est la commande par les Ballets russes de la musique du ballet La Chatte, en 1927, qui lance la carrière d’Henri Sauguet. Le compositeur restera d’ailleurs fidèle à la danse toute sa vie en écrivant la musique de vingt-sept ballets, parmi lesquels Les Forains (1945) pour le chorégraphe Roland Petit. Il compose aussi des œuvres dans tous les genres musicaux et pour toutes les formations  : musique orchestrale, musique de chambre, musique de scène, opéra… Le fonds qui vient d’être acquis par la BnF réunit les manuscrits musicaux de Grâce aux fonds levés lors de son dîner des mécènes, la BnF a pu acquérir le manuscrit autographe des Métaboles du compositeur Henri Dutilleux (1916-2013), classé trésor national. deux chefs-d’œuvre d’Henri Sauguet (La Chatte et Les Forains) et plus largement des centaines de manuscrits autographes d’œuvres publiées ou inédites. Il contient également une correspondance avec le Tout-Paris  : Jean Anouilh, Nadia Boulanger, Benjamin Britten, Maurice Carême, Jean Cocteau, René Clair, Paul Claudel, Roger Désormière, Serge Diaghilev, Christian Dior, Pierre Drieu La Rochelle, Henri Dutilleux, Max Jacob, Joseph Canteloube, Louis Jouvet, Marcel Landowski, Marguerite Long, Nicolas Nabokov, Francis Poulenc, Igor Stravinsky, Louise de Vilmorin… Le fonds renferme encore le manuscrit du livre de souvenirs du compositeur, des textes d’articles, des éditions dédicacées, des affiches et programmes, des photos… Cette acquisition permet de réunir de façon exceptionnelle des archives autour du compositeur et de la vie musicale, artistique et littéraire d’une grande partie du XXe siècle. Elle intéressera au Les Métaboles est une commande personnelle du chef d’orchestre George Szell. Avec cet ouvrage, Dutilleux décide de s’écarter de la forme de la symphonie, déjà explorée à deux reprises, pour lui préférer celle du concerto pour orchestre. Il peut ainsi répondre à la demande particulière du commanditaire  : mettre en valeur les pupitres de bois et de cuivres de l’orchestre de Cleveland. Dans cette œuvre française composée pour les États-Unis, Dutilleux marie le raffinement, les couleurs et la clarté du style français avec l’esthétique brillante des grandes fanfares américaines. Il emprunte même au jazz. La création du 14 janvier 1965 est un succès et l’œuvre est reprise les jours suivants à Boston, Washington et New York. Elle est aujourd’hui inscrite au répertoire de tous les grands orchestres internationaux. Le manuscrit comporte un certain nombre de repentirs sous forme de collettes et de pages entières masquées. Ci-contre Henri Sauguet, La Métamorphose, partition BnF, Manuscrits plus haut point les musicologues mais aussi tous ceux qui étudient la vie culturelle du siècle passé. Mathias Auclair Département de la Musique Henri Dutilleux, ambassadeur de la musique française Ci-contre Henri Dutilleux, Les Métaboles, partition BnF, Manuscrits Il porte aussi des indications d’exécution qui peuvent laisser penser qu’il a servi de partition de chef d’orchestre lors de la création. Il est l’une des sources essentielles qui permet de connaître la genèse de ce classique de la musique du XXe siècle. En juin, lors de la vente organisée par la maison Ader-Nordman à l’Hôtel Drouot, la BnF a acquis deux autres manuscrits de chefs-d’œuvre de la musique française du XXe siècle  : celui d’Escales (1924) de Jacques Ibert avec le soutien des enfants de Jacqueline Ibert, dite « Ramijou », harpiste, fille de Jacques Ibert, et celui de L’Ascension pour orchestre (1935) d’Olivier Messiaen, avec le soutien de la fondation Olivier Messiaen, sous l’égide de la Fondation de France. Mathias Auclair Département de la Musique



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