Chroniques n°84 jan à mar 2019
Chroniques n°84 jan à mar 2019
  • Prix facial : gratuit

  • Parution : n°84 de jan à mar 2019

  • Périodicité : trimestriel

  • Editeur : Bibliothèque nationale de France

  • Format : (210 x 270) mm

  • Nombre de pages : 32

  • Taille du fichier PDF : 25,5 Mo

  • Dans ce numéro : la BnF, une bibliothèque en recherche.

  • Prix de vente (PDF) : gratuit

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22 DOSSIER LA RECHERCHE À LA BnF Antoine Compagnon La BnF, un partenaire scientifique pour la recherche Antoine Compagnon, professeur au Collège de France, est président du conseil scientifique de la BnF. Il donne aux lecteurs de Chroniques son point de vue sur le rôle de la BnF dans le monde de la recherche. Chroniques  : Vous connaissiez déjà très bien la BnF avant de présider son conseil scientifique  : qu’avez-vous découvert à l’occasion de cette nouvelle mission ? Antoine Compagnon  : J’ai découvert la multiplicité des programmes de recherche et des partenariats dans lesquels la BnF est impliquée. La Bibliothèque ayant une vocation universelle, le conseil scientifique veille à ce qu’elle collabore sans exclusive avec toute institution qui souhaite faire un vrai travail scientifique sur ses collections. J’observe que la recherche a beaucoup changé ces dernières années  : elle est devenue plus administrative et formalisée, au sens où un chercheur doit, pour obtenir des financements, monter des projets, déposer des dossiers… La BnF a très bien su s’adapter à cette donne nouvelle. Le conseil scientifique, instance stratégique de la politique de recherche Institué par le décret fondateur de la Bibliothèque nationale de France en 1994, le conseil scientifique est consulté sur toutes les questions relatives à la politique scientifique de l’établissement et à ses activités de recherche. Réuni au moins une fois par an, il est composé de membres de droit, de représentants du personnel de la BnF élus, de personnalités qualifiées et de représentants nommés d’institutions scientifiques ou documentaires françaises et étrangères. Ci-dessus Antoine Compagnon 1. Les Chiffonniers de Paris, Paris, Gallimard, 2017.C.  : Que pensez-vous de l’importance donnée aux outils numériques dans la recherche ? A.C.  : C’est tout à fait positif pour améliorer l’exploration des documents (fouille des images, reconnaissance de caractères…). Je consulte Gallica tous les jours et trouve que l’investissement de la BnF dans la numérisation de ses collections est remarquable, y compris par rapport aux autres bibliothèques dans le monde. On a accès en français, de manière libre et gratuite, à beaucoup plus de documents qu’en anglais, et notamment aux grands titres de la presse du XIXe siècle. La recherche sur la presse a été très largement favorisée par la numérisation, même si celle-ci reste modeste par rapport à l’immensité des fonds.C.  : En tant qu’enseignant et chercheur, qu’attendez-vous des personnels scientifiques et des travaux qu’ils mènent sur les collections ? A.C. J’ai très souvent été aidé dans mes recherches par des conservateurs de la BnF, encore tout récemment au département des Estampes pour mon livre sur les chiffonniers¹. Je trouve là, depuis CHRONIQUES DE LA BnF Nº84 plus de quarante ans, de véritables partenaires scientifiques, sur des questions d’attribution par exemple, ou de recherche dans des fonds compliqués. Au XIXe siècle, beaucoup de professeurs du Collège de France – notamment les grands spécialistes des manuscrits orientaux – venaient de la Bibliothèque nationale. On peut dire que la recherche, telle que nous la connaissons aujourd’hui, est née à cette époque entre ces deux institutions.C.  : Quel rôle la BnF joue-t-elle, ou pourrait-elle jouer, dans la formation des étudiants à la recherche ? A.C.  : Que des enseignants puissent venir avec leurs étudiants à la BnF, pour donner des enseignements au plus près des collections, avec la participation des conservateurs, est extrêmement précieux. Cette pratique mériterait d’être amplifiée. Enfin, je pense que 90% des lecteurs n’exploitent pas de manière optimale les instruments de la recherche. On pourrait imaginer des rencontres de chercheurs qui discuteraient de leurs pratiques d’exploration des collections. Propos recueillis par Thierry Pardé Délégation à la Stratégie et à la recherche
COLLECTIONS JACQUES LASSALLE 23 Jacques Lassalle La passion du théâtre La famille du metteur en scène et directeur de théâtre Jacques Lassalle donne ses archives au département des Arts du spectacle de la BnF. Après une formation d’acteur au Conservatoire national supérieur d’art dramatique (CNSAD) dans la classe de Fernand Ledoux, Jacques Lassalle fonde en 1967 le Studio-Théâtre de Vitry qu’il anime pendant quinze ans. En 1983, il est nommé directeur du Théâtre national de Strasbourg (TNS), avant de devenir administrateur général de la Comédie-Française, de 1990 à 1993. Pédagogue, il a enseigné à l’Institut d’études théâtrales (Sorbonne Nouvelle) et au CNSAD. Il a également dirigé les élèves de l’école du TNS dans de nombreux spectacles. 1. L’association Jean Vilar, la BnF et la Ville d’Avignon sont cofondatrices de la Maison Jean Vilar. Elle bénéficie aujourd’hui du soutien du ministère de la Culture. Ci-dessus Jacques Lassalle et Isabelle Huppert lors d’une répétition sans costumes aux ateliers Berthier, en juin 2000, de la création Médée d’Euripide, présentée dans la cour d’honneur du Palais des Papes à Avignon en juillet. Sa démarche de metteur en scène est animée par une réflexion sur le répertoire classique tant français qu’étranger – Euripide, Molière, Marivaux, Goldoni, Büchner, Pirandello, Tchekhov, Brecht – mais aussi par une exploration des textes contemporains – Nathalie Sarraute, Marguerite Duras, Jon Fosse. Son parcours s’inscrit dans la filiation lucide de Louis Jouvet (il reprend par exemple le décor de sa mise en scène de L’École des femmes imaginé par Christian Bérard), mais aussi de Jean Vilar (il a été président de l’association Jean Vilar¹), et de Giorgio Strehler. Régulièrement programmé au Festival d’Avignon – Les Acteurs de bonne foi, Léonce et Léna, Dom Juan, Médée –, engagé dans le théâtre de service public, il a aussi été l’un des premiers metteurs en scène du théâtre public à monter des spectacles dans le théâtre privé avec notamment Le Malin Plaisir de David Hare ou La Bête dans la jungle d’après Henry James. Il a montré un grand intérêt pour les mises en scène avec des troupes étrangères, notamment en Pologne. Ces expériences hors des frontières nationales ont fait l’objet de son dernier livre, Ici moins qu’ailleurs (POL, 2011). Auteur de plusieurs pièces, il a aussi publié des recueils de textes sur ses mises en scène, sur la vie d’un directeur de théâtre et sur la formation d’acteur, notamment dans Pauses (Actes sud, 1991) et L’Amour d’Alceste (POL, 2000). Homme de l’écrit et des mots – dont il faisait travailler à ses acteurs l’intonation et le sens avec exigence –, Jacques Lassalle, décédé le 2 janvier 2008, laisse des archives très riches sur l’ensemble de son travail. Elles témoignent de ses lectures, de son immense culture littéraire, théâtrale et cinématographique, de ses quêtes obstinées et sensibles pour comprendre les textes et leur donner vie sur le plateau. Elles reflètent ses liens intenses avec les auteurs, les décorateurs et les compositeurs qu’il avait choisis, et ceux, amoureux et conflictuels, avec ses interprètes. Outre les cahiers manuscrits de son journal de bord et sa correspondance, cet ensemble est complété par une abondante documentation faite de programmes, presse, photographies et documents audiovisuels qui seront des ressources indispensables à la compréhension de son œuvre. Joël Huthwohl Département des Arts du spectacle



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