Expositions > significative de son rôle sur scène. Ces images servent la notoriété des comédiens, accentuent le lien affectif qui se noue avec le public. Elle concourent à créer les légendes des « monstres sacrés » qu’évoquait Jean Cocteau. Lorsque plus tard, la photographie de scène se développe, les agences poursuivent cette pratique du portrait en studio. Certaines imposent leur griffe, comme les studios Harcourt, dont les portraits semblent fixer les visages et les corps des comédiens dans une éternité de légende. Certains photographes imposent une démarche différente, comme Thérèse Le Prat, qui affirme l’artifice du théâtre en utilisant le costume, le maquillage et l’éclairage pour saisir le comédien audelà de son rôle et sublimer le mystère du visage humain. L’essor de la photographie de scène Dès la fin du XIX e siècle, les appareils deviennent plus transportables : les photographes investissent les salles de spectacle et font jouer une représentation artificielle devant leur objectif. Mais c’est à partir des années 1950 qu’un tournant décisif se dessine, en partie grâce aux progrès techniques qui permettent à la pel- ACTEURS EN SCÈNE, REGARDS DE PHOTOGRAPHES 21 mai - 24 août 2008 Site Richelieu, Galerie de photographie 18 - Chroniques de la BnF - n°44 Photographie de Roger Pic : Fin de partie de Samuel Beckett. Mise en scène de Roger Blin au Studio des Champs-Élysées, 1957. BnF/Arts du spectacle. Commissariat : Joëlle Garcia, conservateur en chef chargée des collections de photographies de scène contemporaines, Noëlle Guibert, directrice du département des Arts du spectacle. Avec le soutien de Champagne Louis Roederer. LES PRÊTS DE LA BNF : EXPOSITIONS HORS LES MURS Le Monde éphémère des estampes japonaises L’exposition L’Estampe japonaise, miroir d’un monde éphémère qui se tiendra cet été à la Fondation Caixa de Barcelone puis à l’automne à la BnF, propose une vision d’ensemble de cet art, depuis son apparition à la fin du XVII e siècle, jusqu’au XIX e siècle. 145 œuvres d’une qualité exceptionnelle, souvent rarissimes ou uniques, ont été sélectionnées dans les fonds de la BnF. Trésors licule de saisir le mouvement « sur le vif ». Roger Pic, qui a été comédien et metteur en scène, renouvelle le genre. Ouvrant la voie à une photographie de reportage, il travaille pendant les représentations, fixe les moments essentiels de la mise en scène et du jeu des comédiens. En 1946, il devient le photographe attitré de la compagnie Renaud-Barrault, collabore avec le metteur en scène et directeur de théâtre Jean-Marie Serreau qui monte les pièces de Ionesco et de Beckett, avec Georges Wilson devenu directeur du Théâtre national populaire. De 1950 à 1975, il immortalise des milliers de spectacles de compagnies et de metteurs en scène du monde entier et se fait le témoin et l’archiviste de vingt-cinq ans de créations théâtrales françaises. « Sa conception de la photographie, son travail méthodique, les photographies des moments décisifs de chaque spectacle qu’il va voir et revoir, aident à recréer l’émotion de la représentation mais aussi à déchiffrer et à comprendre le théâtre », observe Joëlle Garcia, co-commissaire de l’exposition. D’autres suivent des chemins parallèles : George Henri, dont du département des Estampes, quelques livres illustrés s’y ajoutent ainsi qu’un album de surimono (cartes de circonstances). L’estampe Ukiyo-e ou « images d’un monde flottant », éphémère, opposé au monde immuable et sacré, révèle l’art de vivre et la nouvelle culture de la société urbaine et marchande de l’ère Edo. L’estampe atteint alors un raffinement extrême : couleurs chatoyantes, fonds micacés, marbrés, gaufrage, poudre d’or et l’agence Images de reportage prend d’abord des photographies posées de comédiens, de jeunes premiers lors de prises de vue où la représentation est mimée devant l’objectif. Puis il s’affranchit du caractère factice de ces images pour évoluer vers des clichés pris sur le vif. D’autres encore se sont fait les archivistes de lieux de spectacles, comme Fernand Michaud qui couvre le festival d’Avignon de 1969 à 1984, ou Joël Verhous - traeten, qui pose depuis 1981 un regard poétique sur le théâtre et le cirque de rue. L’exposition se termine par une évocation de la photographie de scène d’aujourd’hui, activité à l’économie fragile, dont les usages se sont profondément transformés avec l’apparition du numérique. La possibilité de modifier les ima - ges change la donne en permettant à des photographes amateurs de réaliser des photographies de bonne qualité qui rivalisent avec la photographie professionnelle. « Le regard du photographe, dit encore Noëlle Guibert, est néanmoins très différent d’une simple captation de la scène, et a une double valeur documentaire et esthétique. » Sylvie Lisiecki Dans sa démarche d’ouverture à un plus large public, la BnF poursuit sa politique de prêts à des expositions extérieures. Cette action se renforce parfois par des partenariats, noués en France et à l’étranger, donnant lieu à d’importantes manifestations. d’argent. L’exposition s’articule autour de six thèmes principaux : Théâtre, Beautés féminines, Parodie, Érotisme, Faune et flore, Paysage. Les plus grands maîtres sont représentés tels Moronobu, Buncho, Shunsho, Harunobu, Kiyonaga, Utamaro, Sharaku, Eishi, Toyokuni… et surtout deux artistes hors normes, Hokusai (1760-1849) et Hiroshige (1797-1858). Ils puisent dans la nature les instantanés d’une beauté éphémère et fragile, et |