Choiseul Magazine n°8 sep à déc 2019
Choiseul Magazine n°8 sep à déc 2019
  • Prix facial : gratuit

  • Parution : n°8 de sep à déc 2019

  • Périodicité : trimestriel

  • Editeur : Choiseul France

  • Format : (210 x 297) mm

  • Nombre de pages : 44

  • Taille du fichier PDF : 32,9 Mo

  • Dans ce numéro : focus sur les nouveaux classements Choiseul.

  • Prix de vente (PDF) : gratuit

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Diplômé de l’Ecole Polytechnique et du Corps des Mines, titulaire d’un master en finances, Frank Demaille a travaillé au sein de l´administration et au cabinet du Premier ministre (2007 – 2009). Il a ensuite rejoint ENGIE pour diriger des filiales en France et à l´étranger. Après l´Amérique du Nord, il pilote depuis 2019 l´entité Amérique latine (5 milliards d’euros de chiffre d’affaires, 13000 salariés) de ce groupe. « Le continent dispose d'un potentiel de renouvelable quatre fois supérieur à celui de l'Europe. L´Amérique latine face au défi de la transition énergétique Lorsqu'il est question de lutte contre le réchauffement climatique, l´attention se porte sur l'Union Européenne, les États-Unis ou la Chine. Certaines parties du monde, comme l'Amérique latine, restent quelque peu oubliées. Pourtant, ce continent fait face à une forte augmentation de ses émissions de CO 2. Certains de ses pays commencent à mettre en œuvre des programmes destinés à les limiter, d´autres sont dans l´attentisme. Nous sommes encore au début de ce mouvement, ce qui offre aux entreprises européennes la possibilité d´y jouer un rôle clef. Des émissions de CO 2 croissantes malgré une situation de départ favorable Plantons le décor. Un continent d´une superficie quatre fois supérieure à celle de l'Union Européenne, 9% de la population (630 millions d´habitants) et 8% du produit intérieur brut mondiaux. Et bien sûr l'Amazonie, la Patagonie, les Andes, des déserts, des villes tentaculaires, le vin, le bœuf, le football... L'Amérique latine, dont le PIB par habitant est le quart de celui en Europe, présente de grandes disparités entre pays et au sein même des pays. Sa croissance économique est faible depuis dix ans (+ 1,4% par an, contre 6% par an pour l'Asie et 1,6% par an pour l'Europe), du fait de l'Argentine, du Brésil et du Venezuela. L'industrie manufacturière reste limitée, le PIB dépend beaucoup du cours des matières premières (hydrocarbures, cuivre, agro-alimentaire…). Quant aux émissions de CO 2, le point de départ est favorable grâce à une électricité peu carbonée, à 52% renouvelable contre 22% en moyenne dans le monde (cf. International Energy Agency). L'hydro-électricité et le gaz jouent un grand rôle. En 2017, les émissions de CO 2 de l'Amérique latine représentaient 5% des émissions mondiales (cf. Enerdata). Mais la tendance est préoccupante  : du fait des transports et des besoins en électricité, elles ont doublé depuis 1990 alors qu'elles ont été réduites de 12% en Europe. Elles risquent d'augmenter encore fortement, la puissance électrique installée devant quadrupler entre 2000 et 2040 (cf. Inter-American Development Bank, IADB). Pourtant, l'Accord de Paris ne permet à l'Amérique latine d'augmenter ses émissions que de 16% d´ici 2040 (cf. Enerdata). 16
Un engagement naissant en faveur de la lutte contre le réchauffement climatique, avec de grandes disparités entre pays L'Amérique latine affronte des maux malheureusement courants  : pollution, sècheresse… Les populations prennent conscience de la réalité du réchauffement climatique. Comment concilier accès à l’énergie, indépendance énergétique, compétitivité et réduction des émissions ? Le continent dispose encore d'un potentiel de renouvelable important, quatre fois supérieur à celui l'Europe (taille du continent, rayonnement solaire, régimes de vent stables, hydro-électricité). Plusieurs pays promeuvent les énergies renouvelables  : quota, tarif garanti, appel d’offres, taxe carbone. Même si les résultats sont contrastés, la direction est bonne… avec toutefois des interrogations s´agissant l´avenir. Si le Chili accueille la COP25 fin 2019 et a fixé à 2050 l´échéance pour atteindre la neutralité carbone (7 ème pays au monde à se doter d´un tel objectif), le Brésil ne freine en rien la déforestation et le Mexique a mis fin à des appels d´offres pour le développement d'énergies renouvelables. Il existe toutefois des tendances de fond favorables à la transition énergétique. Le coût de l'électricité éolienne a baissé de 45% depuis 2010, et de 85% pour celle provenant de panneaux solaires (cf. IADB). Elle atteint 20 USD/MWh au Chili contre le triple en France. Des projets pilotes liés à l'hydrogène, pour stocker l'électricité, ont été lancés au Chili et au Pérou. De grandes entreprises telles que Bimbo au Mexique et Walmart au Chili se tournent vers l’énergie solaire. Enfin, le gaz naturel, abondant sur le continent, peut pallier l'intermittence du solaire et de l´éolien. 17 LA TRIBUNE DE FRANK DEMAILLE À contrario, les thématiques d'efficacité énergétique sont peu présentes. Quelques politiques incitatives existent comme au Chili, mais les gouvernements et les consommateurs sont surtout préoccupés par la qualité du service. Les entreprises du continent souffrent de près de trois coupures par mois, d´une heure et demie en moyenne chacune (cf. Banque Mondiale). En France, c´est aussi une heure et demie, mais sur toute l´année… Des entreprises européennes bien placées pour jouer un rôle clef dans ce mouvement en faveur du développement durable Les entreprises européennes ont acquis un savoir-faire unique dans le développement des énergies renouvelables et de l’efficacité énergétique. Plusieurs d'entre-elles ont des positions fortes en Amérique latine qu'elles développent encore. Ainsi, ENGIE met en service 1000 MW de renouvelables au Mexique, développés en seulement deux ans. D'ailleurs, les thématiques énergétiques couvrent de multiples secteurs. La « mobilité verte » prend de l'ampleur via la problématique de la ville durable. Treize villes sud-américaines font partie de l’initiative C40 qui regroupent les villes prenant des mesures pour préserver le climat. Elles s'intéressent aux moyens de transport en commun vertueux  : Santiago compte 300 bus électriques grâce à ENGIE et ENEL. Les entreprises européennes sont donc bien armées pour saisir ces marchés. Mais il faut faire vite  : les investisseurs canadiens et chinois sont aussi actifs, attirés par les perspectives de croissance et la stabilité règlementaire de certains pays. Malgré un mix énergétique peu carboné et des mesures ambitieuses en faveur de la réduction des émissions de CO 2 portées par certains pays, l’Amérique latine a encore un long chemin à faire sur la voie de la transition énergétique. Les entreprises européennes, grâce à leur savoir-faire unique dans le développement des énergies renouvelables et de l'efficacité énergétique, peuvent jouer un rôle de premier plan auprès des pays d'Amérique latine dans leur transition énergétique.



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