Diplômé de l’Ecole Polytechnique et du Corps des Mines, titulaire d’un master en finances, Frank Demaille a travaillé au sein de l´administration et au cabinet du Premier ministre (2007 – 2009). Il a ensuite rejoint ENGIE pour diriger des filiales en France et à l´étranger. Après l´Amérique du Nord, il pilote depuis 2019 l´entité Amérique latine (5 milliards d’euros de chiffre d’affaires, 13000 salariés) de ce groupe. « Le continent dispose d'un potentiel de renouvelable quatre fois supérieur à celui de l'Europe. L´Amérique latine face au défi de la transition énergétique Lorsqu'il est question de lutte contre le réchauffement climatique, l´attention se porte sur l'Union Européenne, les États-Unis ou la Chine. Certaines parties du monde, comme l'Amérique latine, restent quelque peu oubliées. Pourtant, ce continent fait face à une forte augmentation de ses émissions de CO 2. Certains de ses pays commencent à mettre en œuvre des programmes destinés à les limiter, d´autres sont dans l´attentisme. Nous sommes encore au début de ce mouvement, ce qui offre aux entreprises européennes la possibilité d´y jouer un rôle clef. Des émissions de CO 2 croissantes malgré une situation de départ favorable Plantons le décor. Un continent d´une superficie quatre fois supérieure à celle de l'Union Européenne, 9% de la population (630 millions d´habitants) et 8% du produit intérieur brut mondiaux. Et bien sûr l'Amazonie, la Patagonie, les Andes, des déserts, des villes tentaculaires, le vin, le bœuf, le football... L'Amérique latine, dont le PIB par habitant est le quart de celui en Europe, présente de grandes disparités entre pays et au sein même des pays. Sa croissance économique est faible depuis dix ans (+ 1,4% par an, contre 6% par an pour l'Asie et 1,6% par an pour l'Europe), du fait de l'Argentine, du Brésil et du Venezuela. L'industrie manufacturière reste limitée, le PIB dépend beaucoup du cours des matières premières (hydrocarbures, cuivre, agro-alimentaire…). Quant aux émissions de CO 2, le point de départ est favorable grâce à une électricité peu carbonée, à 52% renouvelable contre 22% en moyenne dans le monde (cf. International Energy Agency). L'hydro-électricité et le gaz jouent un grand rôle. En 2017, les émissions de CO 2 de l'Amérique latine représentaient 5% des émissions mondiales (cf. Enerdata). Mais la tendance est préoccupante : du fait des transports et des besoins en électricité, elles ont doublé depuis 1990 alors qu'elles ont été réduites de 12% en Europe. Elles risquent d'augmenter encore fortement, la puissance électrique installée devant quadrupler entre 2000 et 2040 (cf. Inter-American Development Bank, IADB). Pourtant, l'Accord de Paris ne permet à l'Amérique latine d'augmenter ses émissions que de 16% d´ici 2040 (cf. Enerdata). 16 |