Choiseul Magazine n°5 sep à déc 2018
Choiseul Magazine n°5 sep à déc 2018
  • Prix facial : gratuit

  • Parution : n°5 de sep à déc 2018

  • Périodicité : trimestriel

  • Editeur : Choiseul France

  • Format : (210 x 297) mm

  • Nombre de pages : 48

  • Taille du fichier PDF : 10,3 Mo

  • Dans ce numéro : retour sur le Choiseul Africa Summit Abidjan...

  • Prix de vente (PDF) : gratuit

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VUE DU MONDE L'IRAN APRÈS LE 8 MAI 2018  : UN CORÉE CHOC DU RÉVÉLATEUR, NORD  : DES UN ARMES SAUT IDENTITAIRES VERS L'INCONNU AU SERVICE DU RÉGIME 32 Par Michel Makinsky Michel Makinsky, directeur général d’Ageromys International, société qui assiste les entreprises opérant ou voulant exercer en Iran. Il est aussi enseignant/chercheur  : collaborateur scientifique de l’Université de Liège, conférencier invité dans de multiples séminaires français et étrangers. Il a publié de nombreux articles dans Politique Etrangère, les Cahiers de l’Orient, Défense Nationale, Outre-Terre, les Clés du Moyen-Orient, etc. Il a dirigé deux ouvrages collectifs  : l’Iran et les grands acteurs régionaux et globaux, l’Harmattan 2012, l’Économie de l’Iran au-delà des chiffres et l’Harmattan 2014.
Le retrait unilatéral américain de l’accord nucléaire du 14 juillet 2015 (JC- POA), annoncé par Donald Trump le 8 mai 2018 a surpris ses co-signataires et la communauté internationale par le caractère radical de cette rupture et de sa mise en œuvre  : l’OFAC annonce le même jour le retour des sanctions nucléaires (assorti de brefs délais de retrait wind-down de 90 ou 180 jours). Les entreprises opérant en Iran sont comme prises en otage. Chacun s’attendait plus ou moins à une « décision négative », certains ayant tablé sur une manoeuvre américaine visant soit à faire constater que Téhéran a violé l’accord, soit à contraindre l’Iran à se retirer de ce dernier que Washington, à force de pressions et sanctions, aurait vidé de sa substance. Mais bien peu avaient anticipé un scénario aussi extrême que celui qui se déroule. Un retrait non prévu dans le JCPOA. Certains gouvernements européens s’indignent d’être traités comme des « vassaux », protestent contre l’extraterritorialité américaines et (se) promettent de mettre en place des moyens de défense, voire de rétorsion. Passée la stupeur, une nouvelle séquence s’ouvre avec la tentative désespérée de « sauvetage » du JCPOA par les E3 (les trois européens signataires) plus la Russie et la Chine dans une négociation au forceps pour obtenir de la République islamique qu’elle reste dans l’Accord (respecte ses obligations) en échange d’assurer le rétablissement de relations commerciales, bancaires et financières des Européens avec l’Iran, de protéger entreprises et banques européennes contre toute sanction ou représaille américaine, de mettre en place des outils de financement publics (notamment par des institutions bancaires européennes dont la Banque Européenne d'Investissement). La mise en place des instruments envisagés est longue et complexe, et leur efficacité incertaine, mais surtout ces mécanismes requièrent d’être accompagnés d’une volonté politique résolue. Or l’Europe est divisée. Aussi, l’Iran a sommé (sous peine de retrait impliquant une reprise de l’enrichissement d’uranium à 20%) les parties restantes du JCPOA de proposer sous quelques semaines des mesures pratiques efficaces et d’offrir à Téhéran des garanties sérieuses. Le Guide Suprême a posé ces exigences comme condition du maintien de l’Iran dans l’accord. Un exercice périlleux pour une Europe que le Président américain s’emploie à affaiblir et diviser, favorisant ses alliés du Moyen-Orient (Israël, Arabie Saoudite, Émirats) et plus intéressé par d’autres enjeux bilatéraux (Corée, Chine, Russie…). La décision américaine de retrait  : une surprise pour des aveugles 33 Donald Trump candidat l’avait promis, le Président l’a fait. Pendant sa campagne, il avait qualifié l’accord « épouvantable » et avait promis de l’anéantir. Il a tenu parole. Curieusement, il n’a pas été pris au sérieux. Certes, il a brouillé les pistes en faisant (vaguement) croire aux 3 signataires européens du JCPOA que l’Amérique pourrait s’y maintenir s’ils parvenaient à convaincre Téhéran de « réécrire » l’accord nucléaire afin d’en corriger les « défectuosités » flagrantes  : d’une part imposer à l’Iran d’accepter des inspections sur tous ses sites et n’importe quand ; l’Agence Internationale à l'Énergie Atomique (AIEA) a produit 11 rapports confirmant que l’Iran remplit ses engagements, rien n’y fait. En second lieu, Trump exige la suppression des allègements prévus à partir de 2025 (sunset clauses). Enfin, il veut que le JCPOA soit « complété » de dispositions interdisant toute activité de missiles balistiques, un changement dans l’activité « hégémonique » de l’Iran au Moyen-Orient (Yémen, Syrie, Irak, etc), la fin du soutien aux groupes « terroristes », (cf. le Hezbollah, le Hamas). A deux reprises (octobre 2017, janvier 2018), Le président américain met les Européens « alliés » (les Russes et les Chinois ne sont pas visés par la sommation) au pied du mur. À eux incombe de sauver le JC- POA en extorquant de l’Iran une série de concessions majeures sur les points susmentionnés. L’ultime sursis accordé en janvier expire le 12 mai. Les trois Européens acceptent d’entamer avec le Département d’État Américain de laborieuses tractations initiées par Rex Tillerson, puis son successeur, sur les conditions à imposer à l’Iran pour la survie de l’accord nucléaire. Mike Pompeo poursuit cette démarche coordonnée par son directeur des affaires politiques, Bob Hook, dans une série de « navettes » dans les capitales européennes. La diplomatie française dirige la manœuvre européenne. Or celle-ci est ab initio vouée à l’échec en raison d’un vice de départ  : les concessions demandées à l’Iran sont par nature inacceptables. D’une part il s’agit de modifier unilatéralement un accord multilatéral consacré par la résolution 2231 du Conseil de Sécurité. En second lieu il s’agit d’ajouter à cet accord des chapitres (activités régionales de l’Iran, missiles, etc.) qui n’en font pas partie. Téhéran s’y oppose formellement. Federica Mogherini (cheffe de la diplomatie européenne) est sur la même ligne  : même si les États-Unis



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