Kazakhstan, acteur émergent de la politique mondiale Entretien avec S.E. M. Kaïrat Abdrakhmanov, Ministre des Affaires étrangères de la République du Kazakhstan PHOTO Pascal Lorot  : M. le ministre, le Kazakhstan a intégré, début janvier 2017, le Conseil de sécurité des Nations unies pour une période de deux ans. Quelles sont les priorités que se fixe votre pays dans ce cadre important pour la sécurité du monde ? Kaïrat Abdrakhmanov  : Dès janvier 2017, le Kazakhstan a activement entamé l’exercice de son mandat au sein du Conseil de sécurité des Nations unies (CSNU). La diplomatie kazakhstanaise pour cet organe important du système global des relations internationales se fonde sur les sept priorités indiquées dans le message politique que le président du Kazakhstan, M. Noursoultan Nazarbaïev, a adressé au Conseil de sécurité. Au cours de l’année dernière, les diplomates kazakhstanais ont pris part à plus de 400 réunions du Conseil, consultations 21 informelles et rencontres du groupe E-10 ; ils ont également effectué des déplacements en Colombie, en Haïti, dans les régions du Sahel et du lac Tchad en Afrique, à Washington, à Addis-Abeba pour des pourparlers avec les dirigeants du Conseil de paix et de sécurité de l’Union africaine, ainsi qu’en Afghanistan. Nos diplomates ont apporté leur propre contribution à l’adoption de plus de cinquante résolutions du CSNU. Par ailleurs, nous présidons plusieurs comités du CSNU. Je pense qu’au cours de notre présidence au Conseil de sécurité nous avons pu mettre en place tout ce qui avait été envisagé. Du 12 au 15 janvier dernier, à notre initiative, la délégation du CSNU a visité Kaboul pour la première fois depuis 2010. Parmi les événements les plus importants qui ont eu lieu en janvier, je pense particulièrement au briefing de haut niveau fait au Conseil de sécurité sous la présidence du Chef de l’État Noursoultan Nazarbaïev au sujet de la non-prolifération des armes de destruction massive, ainsi qu’aux débats ministériels sur la « création d’un partenariat régional en Afghanistan et en Asie centrale comme modèle de l’interdépendance entre sécurité et développement », et bien d’autres. Ils ont permis l’adoption d’importantes déclarations du président du CSNU, y compris celles consacrées à la Stratégie universelle de prévention des conflits. Ce sont les premiers documents du CSNU d’engagement politique élaborés et adoptés sous le leadership du Kazakhstan. Ils évoquent le caractère conflictuel des relations internationales actuelles, en proposant des solutions pratiques et des recommandations. Jusqu’à la fin de notre mandat, nous allons continuer à promouvoir activement au sein du CSNU des initiatives en matière de la lutte contre le terrorisme, de garantie de la stabilité en Afrique. Nous allons également contribuer à l’adaptation du Conseil et du système onusien aux menaces et défis rencontrés par l’humanité au XXI e siècle. PL  : La situation géostratégique du Kazakhstan place ce pays comme un pont entre l’Europe et l’Asie. Au-delà de ce cliché trop facile, comment analysez-vous la situation politico-stratégique autour de vous ? la question iranienne, le conflit afghan qui s’éternise, la politique russe et plus largement la sécurité de l’Asie de l’Ouest ? K.A  : Effectivement, l’Asie centrale est une région d’une grande importance géostratégique et son rôle dans la politique globale ne cesse de s’accroître. On peut y voir la mise en place de projets importants, comme l’Union économique eurasiatique, mais aussi les initiatives « One Belt, One Road » (OBOR), et « C5+1 » qui regroupe l’Asie centrale et les États- Unis. La stratégie de l’Union européenne en Asie centrale se