4. Assoiffé de connaissances, tes peintures semblent être une traduction de tes réflexions du moment. Un retour à l’histoire de l’art comme prétexte aux questionnements … Mes peintures sont forcément marquées par mes propres réflexions. Cependant ce n’est pas cette trajectoire principale que je cherche à leur donner. Mon rapport à l’œuvre s’arrête avec le dernier coup de brosse. C’est bien à ce moment-là que j’ai fini de dialoguer avec, de réfléchir dessus, de lui trouver un sens. C’est bien une traduction plus universelle qui est visée. Chaque spectateur y porte ses connaissances diverses et variées ce qui permet d’alimenter l’œuvre en interprétations et ce qui, paradoxalement, permet à l’œuvre d’acquérir une certaine indépendance. Dans tout cela, l’histoire de l’art fait plus souvent office de boîte à outils que de point de départ. Mes sujets sont le plus souvent des sujets universels que tout le monde peut s’approprier avec ses propres connaissances. Ensuite, si l’on pense au prétexte purement esthétique de l’œuvre, il est évident que l’histoire de l’art tient une place importante dans un jeu de références qui ne m’effraie guère d’ailleurs. ENTRETIEN BRANDED 58 5. Tu fais partie de ces artistes en quête d’un médium pour exposer leurs savoirs, leurs réflexions. Peux-tu nous expliquer ton choix pour la peinture ? Je propose des pistes de réflexions, des questions plus que des réponses. Pour cela la peinture à un rôle didactique certain et surtout elle permet de créer des ambiances et des synthèses. Aujourd’hui je pense que beaucoup de choses dans l’art ont affaire avec l’idée d’assemblage. La peinture permet un assemblage d’idées à la manière d’un essai littéraire, l’efficacité visuel en plus. Je veux amener les gens à se questionner et la peinture permet de construire des « objets » prétextes, comme une porte d’entrée vers leurs propres savoirs. 6. On imagine aisément ton atelier rempli de notes et de livres... Quel est ton processus créatif ? Tout part d’une humeur, d’une pensée, d’une sensation. Parfois c’est esthétique parfois plus viscéral ou bien purement intellectuel. Une fois la trajectoire identifiée, le choix des armes se met en place. Quelle taille, quel style, quels outils en somme. Je me lance ensuite assez spontanément et monte l’œuvre petit à petit |