Ceux qui survivent à cette grande bouffe – il y en a quelques-uns – ont la peau dure et se sont faufilés dans les sillons laissés par d’autres artistes. Picasso ne connaît que ce langage-là, celui des cannibales et des pyromanes. Plusieurs d’entre eux ponctuent l’exposition. Il faut avoir la trempe d’un Jasper Johns qui, tel Matisse en son temps, aima Picasso tout en sachant ne pas se brûler les ailes comme un papillon sur une lampe nue et parvint à se tenir suffisamment loin pour profiter de l’éclairage. Ses Quatre Saisons reprennent l’invention de l’Ombre sur la femme de 1953, sauf qu’il n’y est plus question de femme, mais d’hommes, ART L’ART EST UN MONDE CRUEL. BRANDED 34 nus et seuls, traversant le temps sans avoir à se déverser sur qui que ce soit. Autre figure, dans les pas de Cocteau Andy Warhol se sacrifie dans le rôle de l’amant éperdu, proche, il est infiniment trop proche, mais cela ne l’entrave pas car il est largement assez masochiste pour réussir à profiter de tout ce qu’il faut endurer quand on colle le maître à ce point. Son emprunt à Picasso est empli de douceur, il prolonge et duplique ses Portrait de Femme sans jamais se mettre en avant, ce qui crée un vide, un flottement dans lequel peut librement circuler l’écho médiatique et coloré qui donne sa force à son travail. Ailleurs Martin Kippen- |