24 PERFORMANCE > Pour en savoir plus sur la nouvelle doctrine de sûreté de la DGAC. La sûreté est l’affaire de tous ! La sûreté est une valeur aussi importante que la sécurité, selon la doctrine relative à la sûreté de l’aviation civile établie par la DGAC. De même, la coopération avec les services de renseignement doit être accrue et une nouvelle approche, basée sur le risque, mise en œuvre afin de faciliter le développement du transport aérien. Issue d’une réflexion initiée en 2012, la doctrine de sûreté de la DGAC a été rendue publique. Fruit d’une longue gestation, elle vise plusieurs objectifs. « Le 11-Septembre, de même que les tentatives qui ont suivi, ont prouvé que le transport aérien reste une cible de choix pour des organisations terroristes, rappelle Éric Plaisant, sous-directeur de la Sûreté et de la défense à la Direction du transport aérien. La sûreté doit donc devenir une valeur aéronautique, au même titre et de la même importance que la sécurité pour tous les acteurs du transport aérien. » L’approche de la sûreté doit aussi évoluer. L’efficacité des règlements européens a pour contrepartie des coûts élevés pour les compagnies aériennes et les passagers, coûts partiellement pris en charge par la taxe aéroportuaire qui s’est élevée à 800 millions d’euros en 2014. Et c’est sans compter avec le coût des mesures de sûreté mises en œuvre directement par les compagnies aériennes elles-mêmes, les entreprises de fret ou de catering, les services postaux, ou encore celui engendré par le travail des services de l’État (aviation civile, gendarmerie, police, douanes, etc.). Combiner renseignement et analyse du risque Comment améliorer la situation ? La nouvelle doctrine de la DGAC propose une approche basée sur une défense en profondeur couplée à une adaptation des mesures au risque réel. Pour ce faire, la DGAC travaille en liaison étroite avec le secrétariat général de la sécurité et de la défense nationale et avec la communauté du renseignement. Cette collaboration active Aviation Civile magazine n°374 Octobre 2015 a été renforcée en juillet 2014 avec la création en son sein d’un nouveau pôle dédié à l’analyse du risque. Cette combinaison d’expertises maximise l’efficacité, estime Éric Plaisant : « Nous croisons l’analyse de la menace, produite par les services de renseignements, avec notre propre analyse du risque, basée sur notre connaissance approfondie du secteur aérien. » De cette collaboration est née une matrice d’analyse déjà en phase de test dans des aéroports étrangers menacés par le terrorisme. « Nous sommes désormais plus matures sur la question, souligne Éric Plaisant. Il faut sortir du schéma « taille unique » (« One size fits all ») et adapter les mesures aux risques encourus. » Cette nouvelle doctrine ne risque-t-elle pas de représenter un nouvel obstacle au développement du trafic et de réduire les libertés des passagers ? Ces questions sont bien prises en compte, assure Éric Plaisant : « Il y a un équilibre à trouver en conciliant le meilleur niveau de sûreté avec un coût acceptable et le respect absolu des droits et des libertés des passagers. C’est une recherche d’équilibre Crédit photo : F. Stucin agent de sûreté aéroportuaire à Paris-Charles-de- Gaulle. permanente dont le centre de gravité évolue au gré des configurations. La diffusion récente d’un document portant la doctrine de sûreté de la DGAC, en sa qualité d’autorité compétente pour la sûreté de l’aviation civile, va nous permettre d’avancer dans cette voie. Ce document montre que la DGAC prend en compte les préoccupations de toutes les parties prenantes et identifie clairement nos orientations futures. » Par Gilmar Martins Une doctrine française largement diffusée Dès 2012, lors de la conférence annuelle de l’Organisation de l’aviation civile internationale (OACI), son secrétaire général souligne l’importance de la sûreté et l’intérêt d’une approche basée sur le risque. Ce discours a ipso facto renforcé l’écho grandissant que rencontrent les interventions des représentants français présents dans diverses instances : panel AVSEC (Aviation Security) de cette organisation, forums de la Conférence européenne de l’aviation civile (CEAC), symposiums spécifiques, comme celui que l’OACI a consacré à l’innovation en novembre 2014, ou congrès des voyagistes. Une démarche globale qui s’étend aussi à l’Union européenne, remarque Éric Plaisant : « Nous défendons en permanence l’idée qu’il faut réfléchir globalement et ne plus ajouter de nouveaux règlements à ceux existants, ce qui ne fait qu’alourdir le système et générer de nouveaux coûts. » |