Fait vécu – 1 Je me souviens d’un soir d’été où j’ai demandé à mes parents la permission de me coucher tard afin d’admirer les constellations d’automne, qui illustrent le mythe de Persée : Cassiopée, Céphée, Pégase, Andromède… J’espérais également voir la Baleine, si elle était assez haute au-dessus de l’horizon ; elle fait partie du mythe, puisqu’elle représente le monstre marin Cetus qui allait dévorer Andromède. Donc vers 23h, je m’habille chaudement et je sors pour habituer mes yeux à l’obscurité. Cassiopée est très visible et, en dessous, je reconnais facilement le grand carré de Pégase. Je prends le coin gauche du carré et je compte 1, 2, 3 pour les étoiles d’Andromède ; puis c’est Persée… Mais ça ne marche pas, je suis perdu ! Qu’est-ce qui se passe ? Je recommence : Cassiopée est bien là, avec son W ; alors le carré de Pégase devrait être à droite… Le voici, c’est vraiment un carré. Alors Andromède est à gauche, sous Cassiopée, puis Persée avec ses deux étoiles… Non ! Je ne l’ai pas. Je commence à être inquiet… « Mais qu’est-ce qui m’arrive ? Je perds la mémoire ? Pourtant, je les connais bien, ces étoiles… Recommençons ! » Après trois ou quatre essais, je réalise qu’il y a quelque chose d’anormal dans le ciel, puis la lumière se fait soudainement : « Algoool ! » Elle n’est pas là ; à sa place, deux petites étoiles insignifiantes. En fait, l’une de ces deux étoiles est bien Algol, mais c’est une étoile double à éclipses et elle est présentement dans son minimum, ce qui a complètement transformé le ciel et m’a littéralement paralysé pendant au moins cinq minutes. Un seul astre vous manque, et tout est dépeuplé ! Je peux donc en témoigner : j’ai été « médusé » par cette étoile que les anciens appelaient « l’Œil de la Méduse », et qui vous change en pierre si vous la regardez. Roger Gagnon Montréal, Québec NDLR : M. Gagnon fut pendant de nombreuses années conférencier au Planétarium de Montréal, avant sa fermeture en octobre 2011, alors qu’il a pris sa retraite. Il a profité de cette retraite pour construire son propre observatoire, dont il a parlé dans La Veillée de nuit de février 2012 (vol. 3, no. 2), page 16, dans l’article « Un observatoire avec une fenêtre ? » M. Gagnon a aussi signé l’article « Le baiser de Vénus » dans Astronomie-Québec de juillet/aout 2012, page 4. M. Roger Gagnon pendant la construction de son observatoire. Crédit photo : Roger Gagnon. Le ciel d’avant les Hommes Loin des effets néfastes de la pollution lumineuse et du changement climatique, en groupe restreint, des ateliers astrophotographiques ont été spécialement conçus pour les passionnés d’imagerie, qu’ils soient 6 Astronomie-Québec Janvier/février 2015 |