I Photo : Chantal Leduc De près ou de loin En l’an 2525 (si l’humanité peut survivre jusque là !), je vois de belles occasions pour les astronomes amateurs du futur d’exercer leur passe-temps favori. Il se trouve qu’Europe, avec sa vue imprenable sur Jupiter, pourrait devenir l’endroit touristique le plus achalandé du système solaire. par Robert Giguère La popularité d’Europe est une chose déjà commencée, grâce à l’intérêt qu’elle suscite auprès des astrobiologistes. La croute glacée d’Europe emprisonne une mer intérieure qui pourrait contenir des bactéries aux propriétés biologiques totalement nouvelles, susceptibles de représenter une occasion d’affaire. C’est l’effet de marée, transmis par Jupiter, qui réchauffe le centre rocheux d’Europe. Or, les roches qui composent Europe sont les mêmes que celles qui ont composé la Terre. Et sur Terre, là où se trouvent les dorsales océaniques, les eaux chaudes et la disponibilité d’un environnement riche en minéraux et en molécules organiques sont des conditions suffisantes pour entretenir une vie microscopique. On pense que les mêmes conditions pourraient exister dans les bas-fonds océaniques d’Europe, et que des bactéries pourraient avoir colonisé toute la mer intérieure. Au mois de décembre dernier, des observations faites par le Télescope spatial Hubble ont révélé des geysers de vapeur d’eau à la surface d’Europe, confirmant ainsi l’existence d’une mer intérieure. Une première mission, appelée Europa Clipper, consiste à mettre en orbite autour de Jupiter une sonde qui survolera Europe 32 fois, à des altitudes variant entre 2 700 et 25 kilomètres de la surface. La sonde sera munie d’un radar capable de percer la couche de glace. Des caméras prendront des photos de la surface glacée, et un spectromètre de masse identifiera la composition des matériaux contenus dans la glace. Ensuite, une deuxième mission consisterait à poser une sonde près des geysers (illustration en haut de la page suivante) dans le but d’analyser la teneur des échantillons au sol. Si des molécules organiques complexes sont trouvées, ce sera le signal d’envoi qui déclenchera la mise en œuvre d’une mission habitée. On voudra percer la croute de glace et avoir un accès à l’eau afin d’atteindre le trésor que représentent de nouvelles bactéries. Cela exigera un personnel et des ressources importantes qui seront justifiés par la recherche scientifique et l’appât 24 Astronomie-Québec Mars/avril 2014 |