Objets de ciel profond identifiés par Al Sûfi Description française « La 1 re [étoile de Persée] est le petit Nuage qui se trouve sur la cuisse de la Chamelle, et que nous avons mentionné à la description de la Femme assise [Cassiopée] ; il est placé sur la main droite. » « La 1 re de ses étoiles [du Cancer] est la petite tache qui ressemble au petit nuage entouré de quatre étoiles qui se trouvent, la tache étant au milieu, deux devant et deux après. » « Il y a dans (l’intérieur) de leurs intervalles un grand nombre d’étoiles agglomérées dont il est difficile de déterminer le nombre à cause de leur multitude qui ressemble à celle des Pléiades. Ce sont ces étoiles que l’on nomme al-halba, les Cheveux. » « Quant aux trois étoiles externes, la 1re est une étoile qui suit immédiatement al-schaulat et après la 19e qui se trouve dans la septième articulation ; elle est des moindres de la quatrième grandeur ; Ptolémée la dit nébuleuse νεφελοειδής. » * = Repris de Ptolémée Identification moderne Amas double de Persée (NGC 869 et NGC 884)* Messier 44* Amas ouvert de la Chevelure de Bérénice (Melotte 111)* Amas ouvert M 7* « La 8e est le Nuage situé sur l’œil gauche du Sagittaire deux coudées vers le nord de la 6e. » ν¹ et ν² Sgr* « La 1re de ces étoiles [d’Orion] est le nuage qui se trouve dans la tête et qui consiste de trois petites et voisines étoiles qui forment un petit triangle. » Le « petit nuage qui se trouve au nord des deux étoiles de la coche de la Flèche. Entre le Nuage et la coche, il y a deux coudées. Le Nuage se trouve au bord oriental de la Jarre et la brillante de la queue de l’Aigle au bord occidental, l’orifice se tourne vers le Vautour volant et la base vers le nord. » « Il y a au-dessus de cette 37e étoile [du Navire], à la distance d’une coudée, une étoile nébuleuse. » (À noter que Schjellerup [4] identifie cet objet à NGC 2669, mais cet objet est moins brillant qu’IC 2391, qui n’avait pas été identifié à l’époque où Schjellerup a écrit son livre. La différence de position entre les deux objets est environ la taille angulaire de la Lune, comparable à l’incertitude due à la description ambigüe d’Al Sûfi.) « Ces deux séries commencent au petit Nuage situé très près de la 14e qui se trouve dans le côté droit et qui appartient aux trois qui sont au-dessus de la ceinture […] » λ, φ¹, et φ² Ori (amas d’étoiles Collinder 69)* Astérisme du Cintre (Collinder 399) IC 2391 La galaxie d’Andromède (Messier 31) Page manuscrite par Nicolas-Claude Fabri de Peiresc, montrant (en bas à droite, en encadré) sa découverte de la nébuleuse d’Orion. Le texte lit : In Orione media… Ex duabus stellis composita nubecula quamdam illuminata prima frontè referebat Cœlo, non oio sereno (Au milieu d’Orion… une nuée lumineuse composé de deux étoiles, signalée pour la première fois, ciel pas du tout clair) iko rr=+ 74, Lad 15. I I±J-4` w -.4k{ t Plusieurs centaines d’années plus tard (en 964 E.C.), Al Sûfi publie son Livre des étoiles fixes كتاب الكواكب) [3, (الثابتة 4]. Là, se trouve la première mention de la galaxie d’Andromède, que l’astronome perse décrit comme un « petit nuage ». Sa liste complète compte 9 objets [1, 5], comme l’indique le tableau ci-dessus. Il ne s’agissait toutefois pas d’un « catalogue » à proprement parler — encore une fois, les objets étaient entremêlés avec les étoiles fixes… Les siècles suivants ont vu quelques découvertes d’autres objets de ciel profond : la nébuleuse du Sac à charbon, en 1499 par Vicente Yanez Pinzon (1463–1514) ; le Petit et le Grand nuages de Magellan, en 1503–1504 par Amerigo Vespucci (1451–1512) ou en 1519 par Ferdinand Magellan ` - 0. - ra.t=r 9 7 1 N — (Fernão de Magalhães, 1480–1521), et la nébuleuse d’Orion (Messier 42), en 1610 par Nicolas-Claude Fabri de Peiresc (1580–1637, voir en bas à gauche). En 1654, Giovanni Battista Hodierna (1597–1660), astronome à la cour du duc de Montechiaro [6], publie De Systemate Orbis Cometici deque Admirantis Coeli Characteribus [7] (« Du système orbital des comètes et à propos du caractère remarquable du ciel »), dans lequel il présente trois listes d’objets. La première, Luminosæ, comprend des groupes étoiles visibles à l’œil nu : ce qu’on appelle aujourd’hui des amas ouverts ou des astérismes. On y trouve en ordre les Pléiades (p. 11–15), les Hyades (p. 15–17), l’amas de la Chevelure (p. 17–18), l’amas d’Alpha de Persée/Melotte 20 (p. 18), l’épée d’Orion (p. 19), la tête d’Orion (Cr 69, p.19–20), NGC 6231 avec ζ¹ et ζ² Sco (qu’il dessine étrangement à l’envers ; p.20–21), et un huitième objet, dans le Verseau, qui difficile à identifier, mais qui pourrait être le trio, repris de Ptolémée, de ψ¹, ψ², et ψ³ Aqr, ou 104 Aqr avec quelques étoiles voisines (p. 22). La deuxième liste d’Hodierna, Nebulosæ, comprend les objets nébuleux à l’œil, mais qu’il pouvait résoudre avec sa petite lunette (probablement 25 mm de diamètre et grossissant 20×). Ces objets sont aujourd’hui appelés M 44 (p. 38–39) ; M 7 (p. 41) ; l’amas double de Persée (p. 41–42) ; M 6 (qu’il appelle déjà « Papillon », p.42–43) ; le duo d’étoiles ν¹/ν² Sgr (p. 43–44) ; NGC 6530 (l’amas associé à la nébuleuse du Lagon, p.44) ; les trois 28 Astronomie-Québec Septembre/octobre 2013 |